Tinder recruteur, c'est pour demain!


Édition du 12 Mai 2018

Tinder recruteur, c'est pour demain!


Édition du 12 Mai 2018

­Tous les recruteurs rêvent en secret d’un ­Tinder recruteur. [Photo : 123RF]

Trouver l'âme soeur sur un site de rencontre repose sur une sorte de catalyse numérique. On entre dans l'algorithme des critères bien précis et on attend qu'il nous trouve le « match parfait », la femme ou l'homme de notre vie. Automatiquement.

Et si, sur le même modèle, on pouvait se faire présenter le candidat idéal pour un poste qu'on vient d'afficher ? Tous les recruteurs rêvent en secret d'un Tinder recruteur. Si la recherche de l'âme soeur est maintenant numérisée et modélisée, pourquoi pas celle de nos futurs employés ? Dans un rayon de quelques kilomètres, ils apparaîtraient sur l'écran du téléphone du recruteur et il ne lui resterait plus qu'à les « swiper ». Rencontre immédiate ou vous passez au suivant.

Voilà plus de 20 ans que je fais le métier de chasseur de têtes. J'ai commencé à l'ère des enveloppes timbrées et de la télécopie. À cette époque, je n'avais qu'à publier une annonce dans le journal et je recevais sur mon bureau, la semaine suivante, des dizaines de lettres de motivation et de curriculum vitæ que je triais selon mes besoins. Je n'avais plus alors qu'à convoquer les quelques heureux élus en entrevue et le tour était joué !

En l'espace de quelques années, le courriel et Internet ont transformé et simplifié ma vie de recruteur. Tout s'est accéléré aussi. Sont apparus les CRM et autres plateformes intégrées. Le télécopieur a été rangé au placard, le courrier s'est fait tellement rare que je ne reçois aujourd'hui même plus de cartes de Noël. Puis, LinkedIn a transformé le paysage, et Facebook, Indeed, Viadeo et j'en passe.

Les journaux n'ont plus de section d'annonces de postes, les sites web consacrés à la recherche d'emploi sont rendus faméliques. Le désert du Sahara.

Des objets de convoitise

Plus récemment, on est passé d'un marché tendu à une rareté de main-d'oeuvre, une pénurie, et dorénavant, même, une crise. Les candidats ne sont plus réellement des candidats. Ils sont devenus des objets de convoitise. Les meilleures entreprises, les "belles jobs" et, surtout, les meilleurs leaders sont devenus des aimants puissants pour attirer le talent. Pour les autres, ils se contenteront de candidats de passage ou, pire, de l'ordinaire sans talent.

Les nouvelles technologies pourraient-elles nous aider à faire mieux ? Allo Siri, j'ai besoin de recruter un nouvel adjoint, ouvre Tinder recruteur et envoie-moi les candidats !

Remplacer la chasse au candidat par un algorithme, c'est pour demain matin. La quête du meilleur talent, la modélisation de la perle rare, se fera à l'aide d'un outil aussi puissant que la blockchain. Bref, les chasseurs de têtes, à l'avenir, seront des mineurs qui creuseront dans des univers virtuels à la recherche des meilleurs talents. Microsoft a acheté LinkedIn en 2016 pour 26 milliards de dollars américains.... Depuis, les recruteurs attendent et toute l'industrie du recrutement se transforme.

Le bon match

Déjà, les évaluations réalisées par les psychologues industriels sont remplacées par des tests de personnalité en ligne que l'on passe dans le confort de son salon. Terminée, la journée complète chez le psychologue à remplir et à compiler des tests, à passer des entrevues et à simuler des situations de gestion qui demandent au moins une semaine complète à analyser pour en tirer un rapport de recommandations. Désormais, le résultat est quasi instantané et peut être interprété sur-le-champ dans un rapport préformaté. Certes, on y perd les nuances de gris qui caractérisent chaque individu, mais au diable la profondeur, on a 70 % du portrait de l'individu en quelques minutes. De toute façon, la psychologie humaine est loin d'être une science exacte.

Il ne reste plus qu'à connecter toutes ces données aux LinkedIn, Viadeo et Indeed de ce monde et nous pourrons appuyer sur un bouton et voir apparaître une longue liste de candidats potentiels préqualifiés, testés et approuvés. Le tour sera joué.

Restera toutefois à les convaincre et à s'assurer de leur compatibilité avec l'entreprise. Faire le bon match. Aider la magie à opérer suffisamment pour qu'ils tombent en amour. Et ça, aucun algorithme ne pourra le remplacer.

À propos de ce blogue

Nathalie Francisci est présidente exécutive pour le Québec chez Gallagher. Elle oeuvre en recrutement de cadres depuis 25 ans. Entrepreneure, experte en gestion des talents, elle est reconnue comme l’une des références au Québec. Femme d’affaires engagée, elle siège sur plusieurs CA. Conférencière et chroniqueuse, ses interventions font la différence par l’énergie et style direct qui s’en dégagent. Passionnée par nature, elle n’oublie jamais qu’elle travaille avec des gens, pour des gens. Elle partagera avec vous ses réflexions et expériences sur l’univers du recrutement et de la gestion des talents pour faire réfléchir autant les individus que les organisations. Nathalie Francisci a été Finaliste au Concours des Mercuriades en 2001, elle a reçu le Prix «Nouvelle Entrepreneure du Québec» en 2001 et «Entrepreneure – petite entreprise» en 2007 décerné par le RFAQ et elle a remporté le Prix Arista en 2008. Elle porte les titres de CRHA et de IAS.A.

Nathalie Francisci
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