Fusions et acquisitions: une période faste pour les minières

Publié le 08/03/2021 à 13:47

Fusions et acquisitions: une période faste pour les minières

Publié le 08/03/2021 à 13:47

Le dernier trimestre de 2020 aura été témoin de transactions plus costaudes. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Plusieurs indicateurs laissent présager que l’année 2021 s’annonce riche en fusions et acquisitions, tant à l’échelle mondiale qu’au Canada et au Québec. L’industrie minière est dans le coup.

La pandémie aura affecté la réalité financière de plusieurs secteurs, dont celui de la filière minière. La valeur moyenne des transactions du secteur a diminué de 48% du premier au troisième trimestre de 2020.

Toutefois, le marché est demeuré actif tout au long de l’année puisque les transactions de moins d’un milliard de dollars ont connu une augmentation.

Le dernier trimestre de 2020 aura été témoin de transactions plus costaudes, ce qui laisse penser que 2021 pourrait connaître une plus grande activité, notamment en raison de la disponibilité de capitaux dans le marché.

Ainsi, pendant la période, le nombre de transactions entre un et cinq milliards de dollars est passé de deux à cinq, le volume le plus élevé depuis le troisième trimestre de 2018.

L’événement le plus marquant fut certainement l’achat de Teranga Gold par Endeavour Mining.

La minière devenait ainsi le plus important joueur d’Afrique de l’Ouest avec sept mines et six projets de développement dans trois pays, une position qui lui permet aujourd’hui de figurer au top 10 mondial des producteurs d’or.

Au cours de cette même période, Endeavour acquérait le producteur d’or québécois SEMAFO. Les bureaux montréalais de l’entreprise conservent une équipe technique, mais le siège social quitte la métropole pour rejoindre Londres.

Autre changement au paysage minier québécois : l’acquisition sous forme d’achat de créances de Nemaska Lithium par The Pallighurst Group et Investissement Québec.

La « nouvelle Nemaska Lithium » pourra désormais compter sur un solide soutien financier. Pallighurst concentre ses investissements sur la chaîne de valeur des batteries et des piles construites par des méthodes durables ayant notamment une participation importante dans Nouveau Monde Graphite.

 

Intérêts pour les principes ESG

Cette transaction démontre l’intérêt grandissant des principes environnementaux, sociaux et ceux liés à la gouvernance (ESG) auprès des grands investisseurs.

Pour beaucoup de minières en période de post-pandémie, l’objectif consistera à créer de la valeur… et rapidement!

Dans ce contexte, une transaction leur permettra d’accéder en peu de temps aux ressources financières, aux technologies et aux expertises nécessaires pour atteindre cet objectif.

L’industrie minière n’est pas le seul secteur économique à anticiper une augmentation du volume des transactions en période post-pandémique.

Un récent tour d’horizon de PwC Canada sur le sujet dresse une liste de certains secteurs où de tels mouvements sont anticipés. Je vous en présente quelques-uns qui pourraient avoir un impact non négligeable pour le secteur minier.

 

L’énergie et les services publics

 Ces secteurs d’activités peuvent s’attendre à d’importants virages privilégiant la neutralité carbone, la préservation de l’environnement, les préoccupations sociales et les soucis de gouvernance (ESG).

L’incidence à long terme de la pandémie sur les chaînes d’approvisionnement locales et mondiales demeure cependant inconnue.

 

Les technologies, les médias, les télécommunications

Ces entreprises ressortent très fortes de la pandémie. Elles feront, pour certaines, partie de l’évolution technologique du secteur minier qui cherche, de plus en plus, à se «technologiser», à s’automatiser et à tirer le plein potentiel offert par les nouvelles technologies.

Les investissements dans la 5G et dans les systèmes d’exploitation se développeront davantage, particulièrement parce que le télétravail demeurera, selon de nombreux observateurs.

 

Les sociétés privées

La reprise économique qui s’annonce créera des opportunités uniques pour les acheteurs et pour les vendeurs d’entreprises sur le marché des sociétés privées dont font partie certaines minières.

À mesure que les aides gouvernementales diminueront, les entreprises en difficulté chercheront à vendre.

Nous assisterons également à des consolidations, car plusieurs devront fusionner des pans d’activités pour réduire leurs coûts et préserver leur acquis.

Est-ce que cette tendance pourra s’observer du côté du secteur minier?

La question peut se poser.

De manière générale, on peut aussi s’attendre à une vague de ventes d’entreprises familiales pour les propriétaires qui s’en seront sortis, mais qui voudront passer à autre chose.

La pandémie crée un climat très particulier : les entreprises passent de tactiques défensives à des offensives de fusions et d’acquisitions à une vitesse fascinante.

Les transactions suspendues au début de la pandémie s’inscrivent alors à l’ordre du jour et favorisent les discussions. Bref, les volumes semblent revenir à leur niveau d’avant la pandémie.

Les fusions et acquisitions joueront donc un rôle prépondérant dans la reprise économique et les stratégies de nombreuses entreprises.

Le secteur minier devrait connaître ce même mouvement de consolidation, particulièrement chez les aurifères. Force est de constater qu’il restera difficile de savoir avec certitude ce qui nous attend d’un point de vue des transactions.

Alors que tous s’attendaient à ce que 2020 soit une année à oublier au niveau des fusions et des acquisitions, cette dernière aura su nous surprendre... une fois de plus.

L’année 2021 poursuivra-t-elle sur cette même lancée?

Les paris sont ouverts!

À propos de ce blogue

Le regard d'un spécialiste du secteur minier au Québec auprès de l’industrie, des gouvernements et du grand public. Maxime Guilbault est associé au sein du groupe de Certification chez PwC Canada et leader du groupe Mines et Métaux pour le Québec. Au cours des 15 dernières années, il s’est spécialisé dans la prestation de services aux clients du secteur minier et il travaille avec des sociétés à différents stades, allant de l’exploration à l’exploitation. Plus récemment, Maxime s'est concentré sur les entreprises qui cherchent activement à développer de grands projets d'investissement. En 2017, Maxime a supervisé la rédaction de la plus importante publication mondiale de PwC sur l’industrie minière «Mine 2017. Stop. Think…Act».

Maxime Guilbault
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