La filière minière au temps de la COVID-19

Publié le 05/08/2020 à 08:00

La filière minière au temps de la COVID-19

Publié le 05/08/2020 à 08:00

(Photo: 123RF)

De plus en plus, le secteur minier reprend là où il s’était arrêté en mars dernier. Les activités ont repris, les travailleurs se sont adaptés à de nouvelles façons de faire et les gestionnaires continue à analyser les impacts financiers qu’aura cette crise dans leur planification budgétaire. Ne sachant toujours pas ce qui les attend, tous naviguent dans l’inconnu en espérant pouvoir sortir de cette crise avec le moins de dommage possible. Qu’est-ce qui attend le secteur minier dans une économie en plein chamboulement?

Santé financière et pandémie

Tel que nous le mentionnions dans notre plus récent rapport global Mines 2020, d’un point de vue mondial et d’un point de vue des plus grandes minières du monde, le secteur minier reste économiquement résilient face à la pandémie. Mais les impacts à plus long terme restent incertains, et une perturbation continue est probable.

Les plus grandes minières mondiales pourront profiter de leur position actuelle et de leur stabilité financière pour revoir leurs stratégies, envisager une intensification de leur comportement en matière de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et entreprendre un examen de leurs opérations en matière de cybersécurité.

Ces mesures leur permettront d’améliorer leur résilience à long terme et de répondre aux demandes de l’économie mondiale afin de maximiser les opportunités de ressources pour l’avenir post-COVID-19.

Mais qu’en est-il pour les entreprises de la filière minière québécoise?

Il devenu presque banal de déclarer que le coronavirus ralentit l’économie, ici et ailleurs dans le monde. Même si elle a repris ses activités, l’industrie minière subit de dommages collatéraux. Les modifications sanitaires imposent des conditions de gestion qui affectent la rentabilité des opérations. Les représentants de l’industrie réclament l’aide du gouvernement fédéral, mais la réponse se fait attendre.

Au plan financier, déjà difficile à attirer vers le secteur, les nouveaux capitaux sont encore plus difficiles à sécuriser et se concentrent sur une poignée de sociétés habituellement bien financées.

Plusieurs sociétés en attente de financement doivent mettre leurs projets sur la glace. Ce manque d’investissements risque d’hypothéquer sérieusement l’avenir notamment du côté de la prospection. On réalise en exploration des travaux qui ne connaîtront leur aboutissement que lorsque les projets seront en production, dans dix ou même quinze ans.

Des prix volatils

Quant aux prix des métaux, ils connaissent plusieurs variations. L’or, valeur refuge par excellence, se porte plutôt bien, ce qui ne surprend personne. C’est de bon augure pour les entreprises minières d’une région aurifère comme l’Abitibi-Témiscamingue.

Le prix du fer, destiné à la production de l’acier, est plus bas, mais il s’était échangé à des prix plutôt élevés l’année dernière, à la suite du désastre du barrage à rejets de Brumadinho, au Brésil.

Son prix devrait se raffermir, en phase avec la reprise modérée de l’économie chinoise (la Chine domine la demande mondiale de minerai de fer) et la volonté annoncée de plusieurs gouvernements d’investir massivement dans les grands projets d’infrastructure en sortie de crise.

Le prix du cuivre est davantage pénalisé que le fer toujours en raison de la reprise chinoise qui tarde à passer à une vitesse supérieure.

Il est quand même possible d’espérer un redressement en raison du développement des filières reliées à l’électrification des transports et aux énergies vertes. Il en est de même pour le lithium, le cobalt et même le graphite, sans oublier les autres terres rares.

Pour terminer sur les prix des métaux, tant que l’incertitude sanitaire demeurera, les marchés demeureront volatils et possiblement en deçà des projections que nous avions l’habitude de faire avant la pandémie.

Des juridictions à adapter

Un malheur n’arrive jamais seul, dit le proverbe. À la fin de février, le Québec obtenait le pire classement depuis 2014 sur l’attractivité des juridictions minières à travers le monde, passant du 4e au 18e rang mondial, selon l’enquête annuelle de l’Institut Fraser.

Les points de recul sont reliés à l’incertitude concernant la réglementation environnementale, les aires protégées et l’application de la réglementation existante. Les auteurs de l’étude mentionnent également les doublons et les incohérences réglementaires ainsi que le régime fiscal. Le gouvernement du Québec est ouvert à de nouveaux aménagements, mais les intentions font toujours l’objet de consultations.

Les investisseurs recherchent avant tout de la prévisibilité. Lorsqu’il s’agit d’investissement, le Québec est en compétition avec le reste de la planète pour attirer les projets miniers.

Qu’est-ce qui attend l’industrie minière québécoise au cours des prochains mois? Nul ne saurait le dire. La nouvelle réalité dans laquelle elle est plongée la rendra certes plus résiliente, mais comment pourrait-elle bénéficier des opportunités qui lui sont offertes, c’est ce dont à quoi nous nous intéresserons dans le cadre de notre prochain billet.

 

 

 

 

À propos de ce blogue

Le regard d'un spécialiste du secteur minier au Québec auprès de l’industrie, des gouvernements et du grand public. Maxime Guilbault est associé au sein du groupe de Certification chez PwC Canada et leader du groupe Mines et Métaux pour le Québec. Au cours des 15 dernières années, il s’est spécialisé dans la prestation de services aux clients du secteur minier et il travaille avec des sociétés à différents stades, allant de l’exploration à l’exploitation. Plus récemment, Maxime s'est concentré sur les entreprises qui cherchent activement à développer de grands projets d'investissement. En 2017, Maxime a supervisé la rédaction de la plus importante publication mondiale de PwC sur l’industrie minière «Mine 2017. Stop. Think…Act».

Maxime Guilbault
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