Investir dans les ressources naturelles, un défi particulier


Édition du 25 Octobre 2023

Investir dans les ressources naturelles, un défi particulier


Édition du 25 Octobre 2023

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Le marché canadien des actions est très peu diversifié et environ 60 % des composants du S&P/TSX, selon la capitalisation boursière, proviennent des industries de la finance (30 %), de l’énergie (18,5 %) et des ressources naturelles (11,7 %). Ainsi, quiconque possède un fonds commun ou négocié en Bourse basé sur le marché canadien détient ainsi une forte exposition d’un peu plus de 30 % dans les matières premières (l’énergie et les ressources naturelles), pour le meilleur et pour le pire.

Pour un investisseur, une matière première est un bien ou une marchandise qui est standardisée, interchangeable, qui est négociée sur des marchés spécialisés et qui est généralement utilisée dans la production d’autres biens et services. Ainsi, plusieurs marchés émergents sont souvent également d’importants producteurs de matières premières, points à ne pas négliger dans la construction d’un portefeuille diversifié géographiquement.

Voici les principales matières premières:

 

1. Or et argent

Depuis une centaine d’années, l’or a été une valeur refuge et a vu sa valeur augmenter considérablement, surtout pendant les périodes d’instabilité économique. Bien que plus volatil que l’or, l’argent a également connu des périodes de forte appréciation, en partie en raison de sa demande dans l’industrie et comme investissement.

 

2. Pétrole et gaz naturel

Le pétrole a joué un rôle central dans l’industrialisation du 20e siècle. Le choc pétrolier des années 1970 et l’importance croissante de l’«or noir»dans l’économie mondiale ont permis de générer des rendements intéressants. Le gaz naturel, de son côté, a gagné en importance ces dernières décennies en tant que combustible plus propre que le charbon et le pétrole.

 

3. Métaux industriels

Avec l’urbanisation et l’industrialisation rapide, en particulier en Asie au cours des dernières décennies, la demande pour les métaux industriels a augmenté, entraînant une hausse des prix.

 

4. Soja et maïs

Ces cultures ont vu une augmentation constante de la demande au fil du temps, en particulier à cause de la croissance de la population mondiale et du développement des biocarburants.

 

5. Café et cacao

Malgré leur volatilité due aux facteurs climatiques et aux changements dans les pratiques agricoles, ces denrées ont connu une demande solide au fil du temps, notamment en raison de la croissance de la consommation mondiale et de l’évolution des habitudes alimentaires.

 

6. Coton

Utilisé dans une multitude de produits, du textile à certains produits alimentaires, le coton a connu des périodes de croissance soutenue, bien que son rendement ait été affecté par les innovations liées aux fibres synthétiques.

 

Comment investir

Il est possible d’investir dans ce domaine de différentes façons. Les investisseurs institutionnels vont habituellement utiliser les marchés des contrats à terme («futures»), car c’est la façon la plus directe de le faire. C’est également la façon la plus complexe, car il faut bien comprendre les mécanismes de livraison ainsi que de roulement des contrats.

Pour le commun des mortels, les deux principales façons recommandées sont les fonds négociés en Bourse reflétant le prix d’une ou plusieurs matières premières ainsi que les actions individuelles des entreprises productrices.

Le plus grand FNB de cette catégorie est le SPDR Gold Shares (GLD, 173,26 $US). Celui-ci se négocie sur plusieurs marchés boursiers mondiaux, mais principalement à la Bourse de New York. Il reproduit, net de frais, l’évolution de la valeur du prix de l’or. Le fonds détient de l’or physique qui est gardé dans des voûtes sécurisées.

Acheter des actions des entreprises productrices est une démarche plus risquée, mais également plus rentable en période de hausse du prix de la matière produite. Le prix de l’action sera évidemment influencé par d’autres facteurs, comme la gestion de l’entreprise et ses coûts fixes entre autres liés à la main-d’oeuvre, mais ce sera véritablement le prix de la ressource qui aura l’effet le plus important.

Ainsi, lorsque le prix de la matière qui est extraite double ou triple, il n’est pas rare de voir le prix des actions des entreprises du même secteur être multiplié par cinq ou dix. L’inverse est malheureusement également vrai. Ce phénomène s’explique par la relative stabilité des coûts fixes de production. La hausse ou la baisse des revenus aura alors un effet direct sur les marges bénéficiaires, et donc sur les profits.

Outre les occasions d’investissements spéculatifs, les principaux avantages d’investir dans cette catégorie d’actifs est la diversification et une certaine protection contre l’inflation. Toutefois, si on regarde seulement le rendement net, un panier d’actions diversifié produira un meilleur rendement à long terme, en raison notamment de la valeur ajoutée de la transformation des matières premières en produits finis et de l’utilisation fréquente de l’effet de levier par les entreprises cotées en Bourse.

Au cours des dernières années, l’utilisation des matières premières dans un portefeuille diversifié est revenue à l’avant plan en raison, surtout, de l’application de la gestion de la parité des risques dans le choix des catégories d’actifs à utiliser. Ray Dalio, fondateur de Bridgewater, le plus grand fonds spéculatif du monde, a créé le «All Weather Portfolio», stratégie qui a comme objectif de bien performer dans toutes les conditions économiques en produisant des rendements constants et en minimisant le risque. Celui-ci est construit comme suit:
- 30 % d’actions
- 40 % d’obligations gouvernementales à long terme
- 15 % d’obligations gouvernementales à moyen terme
- 7,5 % de ressources naturelles
- 7,5 % d’or

La hausse récente des taux d’intérêt a évidemment eu un effet négatif sur le rendement de cette stratégie, en raison de la baisse du cours des obligations. Mais le 15 % en matières premières a certainement contrebalancé grâce, entre autres, à la hausse du secteur de l’énergie.

À mon avis, investir dans les matières premières comporte des risques qu’il est important de bien comprendre, mais l’apport possible de diversification à un portefeuille n’est pas à négliger, surtout en cette période inflationniste.

 

À propos de ce blogue

Martin Lalonde MBA, CFA, est président fondateur des Investissements Rivemont, une firme spécialisée en gestion privée traditionnelle et alternative.

Martin Lalonde

Sur le même sujet

À surveiller: BCE, WSP et Bombardier

Que faire avec les titres BCE, WSP et Bombardier? Voici des recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 2 mai

Mis à jour le 02/05/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Bourse: les gains du S&P 500 en 2024 restent fragiles

BALADO. Plus de la moitié du gain du S&P 500 lors des quatre premiers mois de 2024 est attribuable à... Nvidia.

Jusqu'à quel point faut-il être patient avec un titre perdant? (suite)

EXPERT INVITÉ. Il y a définitivement des situations où il vaut mieux être impatient.