Des «couvertures» pour les investisseurs


Édition du 10 Mai 2023

Des «couvertures» pour les investisseurs


Édition du 10 Mai 2023

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. C’est en 1949 qu’Alfred Winslow Jones a lancé le premier Hedge Fund, terme qui a été traduit en français par «fonds spéculatif» ou «fonds de couverture». Il a été le premier à offrir aux investisseurs un produit cherchant à réduire le risque de la détention d’actions à long terme.

Ainsi, on parle maintenant de «couverture» lorsqu’une stratégie a été mise en place afin de minimiser l’effet de la baisse d’un titre, d’une catégorie d’actifs, d’une devise ou des taux d’intérêt dans un portefeuille.

Cette couverture peut être complète ou partielle, directe ou indirecte, temporaire ou permanente. Plusieurs combinaisons sont ainsi possibles afin de traduire les objectifs du gestionnaire en une stratégie efficace. Des produits et des techniques se sont développés afin d’y parvenir et c’est ce que nous verrons ensemble dans cette rubrique.

 

Les options de vente

Une option de vente est un contrat conférant à son détenteur le droit, mais non l’obligation, de vendre l’actif sous-jacent à un prix déterminé et selon un délai fixé. Il existe également des options d’achat, mais ce n’est habituellement pas utilisé comme stratégie de couverture. Prenons l’exemple d’un investisseur qui possède des actions de la Banque Royale (RY, 134,35 $) depuis 30 ans et qui désire les détenir pour encore une longue période.

Si cet actionnaire prévoit une année difficile pour les banques canadiennes, il ne peut vendre ses actions et les racheter après 12 mois, les coûts fiscaux de gains en capital étant potentiellement trop élevés. Le meilleur choix pour lui serait d’acheter des options de vente de la Banque Royale à un prix d’exercice similaire au prix actuel à une date d’échéance en avril 2024. Si le prix de l’action est plus bas, il pourra exercer ses options et annuler sa perte. Sinon, il aura perdu le prix payé pour l’option, celle-ci étant établie en fonction, notamment, de la volatilité du titre et des taux d’intérêt en vigueur.

 

La vente à découvert

Une autre option pour le gestionnaire de portefeuille est la vente à découvert. Cette technique est à la base des stratégies long-court des fonds spéculatifs. La vente à découvert est particulièrement intéressante, car elle permet une variété quasi infinie de couvertures. Une stratégie long-court consiste à acheter des actions d’une entreprise et à vendre à découvert des actions d’une autre entreprise de la même industrie.

Par exemple, si nous détenons des actions de la Banque TD (TD, 82,01 $), il est possible de couvrir une perte éventuelle en vendant à découvert une autre banque canadienne, un fonds négocié en Bourse (FNB) reflétant le secteur financier ou tout simplement le S&P/TSX dans son ensemble. Il est alors possible de mettre en place des stratégies d’arbitrage ayant une faible exposition à la baisse du titre détenu. Ce sont des techniques couramment utilisées.

 

Les contrats à terme

Le contrat à terme est un engagement formel d’acheter ou de vendre un actif à un prix fixé d’avance, mais pour une livraison à une date future. Le rôle de ces contrats est de couvrir les risques liés aux fluctuations de prix de l’actif sur lequel il porte. Les contrats à terme ont un important rôle à jouer, car ils favorisent la liquidité et permettent ainsi l’exécution d’ordres de grande taille, avec l’aide d’une chambre de compensation qui s’assure de la solidité financière des parties impliquées.

Prenons par exemple le cas d’un agriculteur de maïs. Celui-ci investit de grandes sommes durant toute l’année afin de maximiser sa production. Cependant, en raison de la volatilité du prix du maïs sur les marchés, influencée entre autres par la météo, l’agriculteur n’a aucune garantie sur le prix qu’il recevra pour sa production l’automne venu. Il est alors possible pour le producteur de vendre des contrats à terme pour une partie de sa production et ainsi de s’assurer un revenu donné quoi qu’il arrive entre le moment de l’achat du contrat et de la vente à l’automne. Le producteur a ainsi couvert sa production.

 

Le contrat d’échange

Appelé swap en anglais, le contrat d’échange est un produit dérivé entre deux parties où il y a échange de flux financiers. Cette transaction, informelle et non normalisée, s’applique habituellement sur les taux d’intérêt (interest rate swap), les devises (cross currency swap) et le risque de défaut (default swap). Dans ce type de contrat, il est possible de couvrir une exposition à un flux monétaire en échangeant celui-ci avec une autre partie.

Prenons l’exemple d’une entité financière américaine qui détient une quantité importante d’euros. Il y a donc un risque de change non négligeable. Cette entité pourrait mettre en place un contrat d’échange avec une partie européenne qui, elle, détient de son côté des dollars américains. Le risque de change serait donc annulé pour les deux détenteurs du produit dérivé, et donc couvert en entier.

Un autre exemple fréquent est l’échange de flux monétaires liés aux taux d’intérêt. Ainsi, un fonds d’investissement qui détient des hypothèques à taux variables et qui voudrait couvrir son risque pourrait mettre en place un contrat d’échange pour recevoir un taux fixe durant la période qu’il veut couvrir.

Il existe donc une multitude de façons de couvrir la fluctuation future du prix d’un actif financier ou d’une commodité. Comme on dit souvent: un tiens vaut mieux que deux tu l’auras!

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