Rona: le gouvernement ne devrait pas intervenir, croit l'ex-président du Groupe sur la protection des entreprises québécoises

Publié le 05/02/2016 à 09:44, mis à jour le 05/02/2016 à 16:00

Rona: le gouvernement ne devrait pas intervenir, croit l'ex-président du Groupe sur la protection des entreprises québécoises

Publié le 05/02/2016 à 09:44, mis à jour le 05/02/2016 à 16:00

Quoi qu’en pensent les partis d’opposition, les gouvernements ne peuvent, ni plus qu’ils ne devraient, tenter d’intervenir pour empêcher la vente de Rona à la société américaine Lowe’s.

Cet avis est celui de Claude Séguin, l’ex-président du Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises.  Ce groupe avait été mandaté par l’ex-gouvernement de Pauline Marois afin de mieux protéger des entreprises du Québec aux prises avec des tentatives de contrôle non souhaitées. Son rapport final a été présenté à Nicolas Marceau en février 2014, alors ministre des Finances et de l’Économie du Québec.

Aujourd’hui, l’ex-président de ce groupe, Claude Séguin, estime que si le gouvernement peut parfois trouver avantage à intervenir dans le cas d’offres d’achat hostile (Osisko, Potash Corp, MacDonald, Dettwiler et Associés, etc.), une même intervention gouvernementale serait moins justifiée ou nécessaire dans le cas d’une transaction qui serait souhaitée par l’ensemble des partis impliqués.

C’est le cas de l’offre récente d’une valeur 3,2G$CA déposée par l’américaine Lowe's pour acquérir l'ensemble des activités de Rona. Cette proposition a été approuvée à l'unanimité par les conseils d'administration des deux sociétés. Sous réserve d’approbation des autorités réglementaires (Industrie Canada et Bureau de la concurrence) et de l’appui de la majorité des actionnaires, cette transaction devrait être conclue au cours des prochaines semaines.

Dans pareille situation, Claude Séguin voit difficilement comment un gouvernement pourrait empêcher une transaction souhaitée, voire souvent sollicitée par l’entreprise acquise. «Le droit de propriété d’une société appartient à ses actionnaires, dit-il. Il n’appartient pas au gouvernement, quel qu’il soit.»

Claude Séguin occupe actuellement le poste de vice-président principal, développement de l’entreprise et investissements stratégiques de la société montréalaise CGI, l’un des plus importants fournisseurs de services en technologie de l’information au pays.

De son point de vue, les entreprises canadiennes ne bénéficient pas généralement de beaucoup de protection contre des offres non sollicitées. Actuellement, selon lui, la seule façon qu’une entreprise publique puisse se défendre contre les velléités prédatrices d’un concurrent est souvent de «trouver un acquéreur prêt à payer plus cher.»

Seul le système d’actions multivotantes, souvent décrié au Québec par les détenteurs d’actions ordinaires, permet actuellement à une entreprise canadienne de se protéger contre une offre d’achat hostile d’un concurrent. Au Québec, Bombardier, le Groupe CGI, Quebecor, le Groupe Jean Coutu, Power Corporation et Transcontinental disposent toutes d’un tel régime. C’est aussi le cas, aux Etats-Unis, d’entreprises comme Facebook et Google.

Autrement, en particulier dans un cas d’une transaction souhaitée, «à moins de devenir un gouvernement de type soviétique, un gouvernement n’a pas beaucoup de moyens (…) Dans une société de droit et de propriété privé comme on a, il n’y  a pas grand chose qu’un gouvernement peut faire pour renverser une telle transaction, sans aucune forme de procès.»

D’autant plus, estime-t-il, que les interventions gouvernementales des 40 dernières années dans des sociétés privées n’a pas toujours été heureuse. Ce dernier rappelle que le gouvernement a déjà été propriétaire d’une mine de fer, d’une mine d’amiante, d’une société de transformation de produits de la mer, de Québecair aussi… avec les résultats que l’on sait.

Se basant sur ces exemples, ce dernier affirme qu’il vaut toujours mieux conserver un centre de distribution qui est compétitif dans son industrie, qu’un siège social d’une entreprise qui glisse vers le bas, quasi moribonde, parce qu’elle n’a pas été en mesure de vendre lorsqu’il le fallait. «Si ça finissait comme Bovet (chaîne de détaillant qui a pris la décision de fermer ses portes récemment), on ne serait pas plus avancé.

Jeudi, l’action de Rona a clôturé à 23,35$, en hausse de 0,21% à la Bourse de Toronto. Depuis cinq jours, la valeur de son titre a progressé de 11,62$ ou 99,06%. Au même moment à la Bourse de New York, l’action de Lowe’s a progressé de 0,80% pour s’établir à 67,96$US. Depuis une semaine, l’action du détaillant américain a reculé de 1,27$US ou 1,83%.