Les attaques de type «zero day»: l'invisible menace de la cybersécurité

Publié le 12/07/2023 à 11:51

Les attaques de type «zero day»: l'invisible menace de la cybersécurité

Publié le 12/07/2023 à 11:51

Une attaque «zero-day» correspond à la situation spécifique où une vulnérabilité est exploitée dès le premier jour de sa découverte, avant qu’un correctif puisse être déployé. (Photo: 123RF)

Les attaques informatiques sont devenues omniprésentes dans notre société interconnectée, et parmi les plus redoutables figurent les attaques de type «zero-day».


Dans cet article, nous allons fournir une explication approfondie de ce type d’attaque et examiner les mesures qui doivent être prises pour minimiser les répercussions de ce type d’attaque sur la sécurité de vos données et de vos opérations. Notre objectif est de vous donner une compréhension claire des actions requises pour faire face à cette menace croissante et protéger efficacement votre entreprise.

Qu’est-ce qu’une vulnérabilité? 

En cybersécurité informatique, une vulnérabilité désigne une faiblesse ou une faille dans un système informatique, un logiciel, un réseau ou un dispositif qui peut être exploitée par des attaquants pour compromettre la sécurité et accéder à des informations confidentielles, causer des dommages ou perturber le fonctionnement normal du système. 

Qu’est-ce qu’une attaque de type «zero-day»?

Une attaque «zero-day» correspond à la situation spécifique où une vulnérabilité est exploitée dès le premier jour de sa découverte, avant qu’un correctif puisse être déployé. Le terme «zero-day» met l’accent sur le fait que la communauté de la sécurité informatique n’a pas eu de délai pour se préparer et se protéger contre cette vulnérabilité.

Lorsqu’une vulnérabilité «zero-day» est découverte dans un logiciel, les développeurs peuvent travailler sur un correctif pour réparer la faille de sécurité. Cependant, pendant cette période entre la découverte de la vulnérabilité et la publication du correctif, les attaquants peuvent tirer parti de cette fenêtre d’opportunité pour lancer des attaques avant que la vulnérabilité ne soit connue et corrigée.

La découverte des vulnérabilités «zero-day» 

Les vulnérabilités «zero-day» peuvent être découvertes de différentes manières. Les chercheurs en sécurité peuvent les découvrir lorsqu’ils analysent des logiciels à la recherche de failles potentielles. Parfois, les attaquants eux-mêmes découvrent ces vulnérabilités et choisissent de les garder secrètes pour les exploiter plus tard. Il existe également des marchés clandestins où les vulnérabilités «zero-day» sont vendues à des entités malveillantes.

Lorsqu’une vulnérabilité «zero-day» est découverte, il est crucial de la signaler au manufacturier du système concerné. Les chercheurs en sécurité éthique jouent un rôle essentiel dans ce processus en collaborant avec les fournisseurs pour remédier aux vulnérabilités et développer des correctifs (patchs) qui fermeront la porte aux acteurs malveillants.

Qui fait la recherche de vulnérabilités «zero-day»? 

La recherche de vulnérabilités «zero-day» est menée par différents types de chercheurs en sécurité informatique, chacun apportant une expertise unique et complémentaire. Voici quelques-uns des types de chercheurs impliqués dans ces recherches :

Chercheurs en sécurité indépendants : Ces chercheurs sont souvent des passionnés de sécurité informatique qui mènent des recherches de manière indépendante, souvent par curiosité ou pour contribuer à la communauté de la sécurité. Ils passent du temps à analyser les logiciels, les protocoles et les systèmes à la recherche de vulnérabilités. 

Chercheurs en sécurité d’entreprises de cybersécurité : De nombreuses entreprises de cybersécurité emploient des chercheurs spécialisés dans la découverte de vulnérabilités «zero-day»; Microsoft, Google, Trend Micro sont de bons exemples.

Équipes gouvernementales de recherche en sécurité : Les agences gouvernementales, telles que les services de renseignement et les organismes de défense, ont souvent leurs propres équipes de chercheurs en sécurité. Ces équipes se consacrent à la découverte de vulnérabilités «zero-day» pour une exploitation dans le cadre de la sécurité nationale.

Chercheurs universitaires : Les universités et les instituts de recherche académique ont également des chercheurs spécialisés dans la sécurité informatique. Ces chercheurs peuvent mener des travaux de recherche sur les vulnérabilités «zero-day» dans le cadre de projets académiques ou de collaborations avec l’industrie.

Programmes de primes pour la découverte de vulnérabilités : Certaines organisations mettent en place des programmes de primes (bug bounty programs) qui récompensent les chercheurs qui découvrent et signalent des vulnérabilités, y compris les «zero-day». Ces programmes encouragent la recherche indépendante et permettent aux chercheurs de contribuer à l’amélioration de la sécurité.

Ensemble, ces chercheurs en sécurité travaillent à identifier et à signaler les vulnérabilités «zeroday», contribuant ainsi à renforcer la sécurité des systèmes informatiques et à protéger les utilisateurs contre les attaques potentielles. Leur expertise et leurs efforts sont essentiels pour maintenir l’évolution de la sécurité face aux menaces en constante évolution. 

L’amélioration de la détection par les solutions EDR et XDR

Les fournisseurs de solutions EDR (Endpoint Detection and Response) et XDR (Extended Detection and Response) ont un rôle clé à jouer dans la détection et la réponse aux attaques «zero-day». Ces solutions sont conçues pour surveiller les endpoints (points d’extrémité), tels que les ordinateurs, les serveurs et les appareils mobiles, et détecter les comportements anormaux qui pourraient indiquer une attaque en cours.

Pour améliorer la détection des attaques «zero-day», les fournisseurs de solutions EDR et XDR utilisent des techniques avancées telles que l’apprentissage automatique (machine learning) et l’analyse comportementale. Ils analysent en temps réel le comportement des endpoints, identifient les modèles suspects et génèrent des alertes lorsqu’une activité malveillante est détectée.

En général, ces situations nécessitent quand même l’analyse d’un spécialiste et des actions manuelles concrètes pour limiter les impacts de l’exploitation de la vulnérabilité. Il serait très naïf de croire qu’une simple solution EDR ou XDR peut vous protéger contre toute attaque de type «zero-day». 

La course qui fait suite au signalement 

Une fois le signalement fait, c’est la course contre la montre qui commence. Les développeurs s’acharnent à produire un correctif pour éliminer la vulnérabilité rapidement. Les acteurs malveillants s’acharnent à produire des outils pour exploiter facilement la vulnérabilité et trouver les installations vulnérables pour monétiser cette opportunité. Les criminels profitent du fait que plusieurs organisations tardent à appliquer les correctifs, ce qui leur procure une très grande fenêtre d’opportunité.

Une fois le correctif disponible 

Une fois qu’un correctif (patch) est publié pour une vulnérabilité connue, il est crucial que les fournisseurs de solutions EDR, XDR et les entreprises qui exploitent des systèmes vulnérables, prennent des mesures appropriées pour assurer la sécurité et la protection des systèmes. Voici ce qui doit être fait par ces acteurs après la publication d’un correctif :

Diffusion rapide des mises à jour : Les fournisseurs doivent communiquer rapidement avec leurs clients pour les informer de l’existence du correctif et de son importance. Ils doivent également s’assurer que leurs solutions EDR et XDR sont mises à jour avec les dernières signatures de détection pour identifier les tentatives d’exploitation de la vulnérabilité corrigée.

Application rapide du correctif : Une fois que le correctif est disponible, il est crucial de l’appliquer rapidement sur les systèmes concernés. Les retards dans l’application du correctif peuvent laisser des fenêtres d’opportunité pour les attaquants. Les entreprises doivent également s’assurer que tous les correctifs sont déployés de manière cohérente, en fonction des risques, sur les systèmes où la vulnérabilité pourrait avoir un impact significatif.

Surveillance continue : Même après l’application du correctif, les entreprises doivent maintenir une surveillance continue de leurs systèmes à l’aide de solutions de cybersécurité pour détecter toute activité suspecte ou tentatives d’exploitation. La surveillance proactive permet d’identifier rapidement toute éventuelle réapparition ou nouvelle variante de l’exploit associée à la vulnérabilité corrigée.

En conclusion, les attaques de type «zero-day» représentent une menace considérable pour la sécurité informatique. Cependant, grâce aux efforts des chercheurs en cybersécurité et des équipes dédiées à la protection contre les cybermenaces, ainsi qu’aux solutions de cybersécurité avancées, il est possible de limiter les conséquences de ces attaques avant qu’un correctif ne soit disponible. La collaboration entre les chercheurs en sécurité et les fournisseurs de solutions joue un rôle crucial dans la lutte contre ce type d’attaque.

Il est essentiel pour les entreprises de consacrer des ressources à des équipes de cybersécurité qualifiées et à des solutions robustes. Il est tout aussi crucial de maintenir une mise à jour régulière des systèmes afin de minimiser les risques liés aux attaques «zero-day» et d’assurer une protection efficace des données et des opérations commerciales. En investissant dans la sécurité et en restant proactives dans la gestion des vulnérabilités, les entreprises peuvent renforcer leur posture de sécurité et réduire les impacts potentiels des attaques avancées.

À propos de ce blogue

Martin Berthiaume travaille dans le domaine de la cybersécurité depuis plus de 20 ans. Il a un parcours de carrière atypique, ce qui est souvent le cas en cybersécurité. Titulaire d’un baccalauréat en actuariat de l’Université Laval, Martin a fondé en 2004 le Groupe Enode, parmi les premières entreprises en cybersécurité au Canada, offrant une plateforme de gouvernance et de gestion des risques, qui a été acquise par TELUS en 2014.  En 2018, avec la vision et l’ambition de développer la meilleure solution contre les cyberattaques au monde, Martin a fondé Mondata, qui offre la première plateforme de Cybersécurité 3e génération. Son objectif ultime ? Démocratiser, vulgariser et rendre accessible la cybersécurité pour toutes les organisations, car peu importe la taille de votre entreprise, les risques se font de plus en plus présents et il est temps d’y remédier.

Martin Berthiaume

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