Voiture autonome: que se passera-t-il en 2021?

Publié le 09/07/2017 à 10:12

Voiture autonome: que se passera-t-il en 2021?

Publié le 09/07/2017 à 10:12

Une photo du Google Car. (Photo: Getty)

Un beau soir de printemps, nous avions une discussion avec un investisseur au sujet des voitures autonome. Selon lui, il s’avèrait tout à fait impossible que l’on voit ce type de véhicule sur nos routes en 2025. Nous devons préciser que cet investisseur a passé le cap de la soixantaine, et comme bien des gens de son âge, il voit d’un œil sceptique ce genre de bouleversement, qui risque de survenir plus tôt qu’il ne l’anticipe.

Quant à nous, pourquoi sommes-nous moins sceptiques? Un véhicule entièrement autonome requiert un système pouvant faire face à toutes sortes de situations: un animal qui traverse soudainement la route, un nid-de-poule à contourner, les tempêtes de neige brouillant les caméras, etc. N’est-ce pas impossible de confier la conduite d’un véhicule à un ordinateur avec tous ces obstacles?

S’il s’agissait d’un projet entrepris  par une seule entreprise, nous exprimerions de toute évidence beaucoup de scepticisme. Cependant, il y aurait actuellement pas moins de 44 entreprises qui, directement ou directement, travaillent ou investissent dans la création de véhicules autonomes à divers degré (cliquer ici pour visionner les 44 entreprises). 

Plusieurs d’entre elles se sont fixées l’année 2021 comme objectif pour mettre à terme leurs projets, telles que BMW, Mobileye, Ford, PSA Groupe et Toyota.

Nous ne pensons pas que ces véhicules seront nécessairement parmi nous en 2021, toutefois, nous voyons de plus en plus d’entreprises participer à la  course aux voitures autonomes. Pourquoi? Tout simplement parce qu’il y a beaucoup à gagner pour certains, et beaucoup à perdre pour ceux qui ne seront pas de la course. Nous assistons déjà aux changements profonds et rapides qu’une application comme celle de Uber exerce sur l’industrie du taxi. Imaginez un instant une voiture qui se conduit tout seul.

On n’aurait plus besoin de tenter de trouver du stationnement. Le temps pour aller au travail serait rentabilisé, puisque au lieu de concentrer son attention sur la conduite dans le trafic, on pourrait lire sur son portable et répondre à ses courriels. Plus besoin de permis de conduire pour bien des gens, particulièrement les milléniums, pour qui posséder un véhicule ne serait pas une priorité.  Grâce aux applications de partage, le covoiturage et l’utilisation des véhicules en tout temps (au lieu d’être stationnés à 95% du temps comme c’est le cas actuellement) permettront aux gens de voyager en voiture simplement par le biais d’une requête sur leur téléphone.

Les véhicules autonomes constitueront en quelque sorte des ordinateurs roulants, totalement guidés par des logiciels. On peut facilement comprendre pourquoi Alphabet (anciennement «Google») et Apple s’intéressent de près à ce projet. Alphabet démarra le projet qui mena à Waymo en 2009, et Apple, le Projet Titan en 2014. Ces entreprises veulent s’assurer de ne pas être en reste lorsque la révolution se produira. Malheureusement, certains secteurs seront menacés, et en tant qu’investisseurs, vous devez reconnaître ces menaces afin d’éviter les pièges à aubaine.

Nous songeons entre autres aux concessionnaires automobiles. Pour beaucoup d’entre eux, la vente de pièces constitue la division la plus rentable. Comme les voitures autonomes qui vont voir le jour seront de toute évidence entièrement électriques, nous nous questionnons de l’impact probable sur des sociétés comme Penske Automotive (N.Y., PAG), Sonic Automotive (N.Y., SAH), Group 1 Automotive (N.Y., GPI) ou Asbury Automotive (N.Y., AGB) pour ne nommer que quelques exemples. Ces titres semblent se transiger à très bon prix par rapport à leur évaluation historique.

Pour tenter de mesurer cet impact, prenons  le cas d’Autonation (N.Y., AN), le plus gros concessionnaire aux États-Unis.  Ses marges brutes sur les voitures neuves, usagées et les pièces automobiles s’élèvent respectivement à 5%, 6% et 43%. C’est pourquoi,  même si les ventes de pièces ne représentent que 15% des revenus de l’entreprise, elles génèrent deux fois plus de profits que la vente de voitures neuves. Or, il y aurait apparemment 100 fois moins de pièces amovibles dans les voitures électriques que dans les véhicules munis d’un moteur à combustion! Certes, les voitures électriques et autonomes n’inonderont pas le marché demain matin. Néanmoins, si dans l’ensemble, les investisseurs anticipent longtemps d’avance cette tendance, vous pourriez attendre longtemps avant de revoir ces titres retourner à leurs évaluations d’antan.

Les manufacturiers automobiles constituent une autre industrie visée par la tendance. Même s’ils vendront des véhicules électriques, on doit se questionner sur l’influence des géants de la technologie comme Alphabet ou Apple sur leur modèle d’affaires, ainsi que sur les ventes de voitures dans une économie du partage favorisée par des applications cellulaires de plus en plus sophistiquées. Finalement, et non le moindre, songeons aux détaillants de pièces auto, comme O’Reilly Automotive (NASDAQ, ORLY), dont le titre céda plus de 20% à l’ouverture des Bourses mercredi dernier, après avoir annoncé des perspectives plus basses que prévues.  

Les véhicules entièrement autonomes arriveront-ils sur nos routes en 2021? Peut-être que non, mais comme il s’agit probablement d’une question de temps, cette révolution risque de peser lourd sur l’évaluation de biens des titres d’entreprises qui seront affectées, directement ou indirectement.

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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