On prépare le terrain pour les prochains pots-de-vin

Publié le 02/06/2010 à 14:39

On prépare le terrain pour les prochains pots-de-vin

Publié le 02/06/2010 à 14:39

BLOGUE.

Voici un bel exemple qui nous vient de l'Europe, mais qui peut nous aider à comprendre ce qui se passe un peu partout dans le monde, alors que le taux de corruption augmente.

Comme vous le savez, on fait toute une montagne actuellement du rôle des agences de notation dans la crise. L'Europe y va donc de sa proposition habituelle : impliquons le gouvernement, en lui donnant du pouvoir. Elle veut créer un organisme chargé de veiller à ce qu'elles fassent leur travail correctement. Ainsi, Moody's, S&P Poor's et Fitch seraient réglementées.

Certes, ce genre de proposition attire les applaudissements de la population. Enfin, le gouvernement va s'occuper d'elles! Les agences de notation n'auront d'autres choix que de devenir objectives, vrai?

FAUX.

De quoi sont accusées les agences au juste? Et bien, elles ont manqué d'objectivité, car elles se laissent fortement influencées par les entreprises qui voulaient être ''cotées'' par elles.

Ces entreprises ne sont pas stupides. Elles ont le bras long. Et elles agissent là où elles peuvent obtenir des résultats. Si les agences de notation ne sont plus les décideurs, elles vont s'immiscer dans la politique, c'est-à-dire, dans l'organisme qui les surveille.

Il n'en peut être autrement. Tôt ou tard, cet organisme deviendra corrompu, ou devra céder sous la pression. D'ailleurs, c'est ce qu'ont vécu les agences de notation. Leurs employés devaient obéir à leurs supérieurs, qui eux, cédaient à la pression de leurs clients. Avec un organisme en plus, la chaîne serait simplement plus longue. La pression serait dirigée sur eux, et comme il s'agit d'une entité gouvernmentale, on aura recours à la manipulation et à la corruption.

Ah bien sûr, ce phénomène ne surviendra pas du jour au lendemain. Cela peut prendre 10 ans. Même sans organisme de surveillance, les agences ont déjà modifié leur comportement, jusqu'à... la prochaine folie générale à venir.

Qui plus est, les agences de notation pourraient se libérer d'un grand poids si elles sont surveillées. Par exemple, si elles abaissent la cote d'un pays, et que par conséquent elles précipitent la chute de ce dernier, elles pourront se défendre en rétorquant qu'elles ont été forcées de le faire. Elles ne seront donc plus responsables. Et c'est l'organisme de surveillance qui sera pointé du doigt.

Pour finir, voici une citation de Nathalie Elgrably-Lévis, économiste à l'Institut Économique de Montréal, qui exprime bien une réalité que l'on ne pourra jamais changer :

"Tant que le monde politique aura le pouvoir de s'immiscer dans les affaires, les gens d'affaires voudront s'immiscer dans le monde politique, et aucune enquête ne rompra cette symbiose!''

 P.S: Que proposons-nous à la place? C'est simple : arrêtons de se fier sur les cotes de crédit au lieu de gaspiller l'argent des contribuables!

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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