Un nouveau regard sur la diversification

Publié le 08/02/2019 à 14:25

Un nouveau regard sur la diversification

Publié le 08/02/2019 à 14:25

Le PDG de Berkshire Hathaway, Warren Buffett.

Une diversification suffisante peut-elle être obtenue en ne détenant qu'un seul titre comme celui de Berkshire Hathaway, dirigée par Warren Buffett? (Photo: Getty)

BLOGUE INVITÉ. Le secteur du placement prône les avantages de détenir un portefeuille d’actions diversifié. Regardez au hasard dans les portefeuilles de fonds commun de placement et vous pourrez trouver des centaines de titres. Les FNB (fonds négociés en bourse) continuent à gagner en popularité.

ETFGI, une firme de recherche, indique qu’il y avait 6310 FNB à travers le monde en décembre 2018, contre seulement 350 en 2004. Bien que les avantages puissent exister, le fait de se surdiversifier peut conduire à des résultats moyens ou même inférieurs.

D'une part, l'ironie de la diversification est que lorsque le marché est confronté à une crise, la plupart des titres baissent à l’unisson. La crise financière de 2008 en est un bon exemple. De nombreux commentateurs prédisaient la fin du système capitaliste, ce qui avait engendré des baisses importantes à travers la grande majorité des portefeuilles. Ce n’est qu’après le passage de la tempête que les baisses temporaires ont été séparées des pertes permanentes en capital.

Une autre particularité de la diversification à l'aveuglette est que le monde dans lequel les sociétés évoluent est de plus en plus mondialisé et interconnecté. Comment pouvez-vous diversifier tous les risques lorsque les entreprises font des affaires dans plusieurs régions du monde? Prenons une entreprise comme Fiat Chrysler Automobiles. Elle vend des voitures américaines et italiennes dans presque tous les pays du monde, se négocie à la fois sur les bourses américaine et italienne, possède son siège social à Londres, mais est enregistrée aux Pays-Bas. Une vraie entreprise internationale!

De manière contre-intuitive, dans certains cas, une diversification suffisante est obtenue en ne détenant qu'un seul titre. Prenez la célèbre entreprise Berkshire Hathaway par exemple. Elle compte environ 90 sociétés d’exploitation, dont beaucoup ont des filiales supplémentaires. Un certain degré de diversification est assuré dans ce cas-ci.

Enfin, ce que votre portefeuille pourrait gagner grâce à la diversification pourrait le perdre en focalisation. Lorsque vous possédez un portefeuille plus ciblé, vous pouvez consacrer plus de temps à l'analyse des entreprises que vous possédez. Le temps est une ressource limitée et il est extrêmement difficile de suivre de près 100 titres avec la même rigueur analytique.

En conclusion, notre objectif n'est pas de s’opposer à la diversification. En fait, pour la majorité d'entre nous, une bonne diversification est nécessaire. En ce sens, un FNB du S&P 500 pourrait très bien faire l’affaire. Nous tentons simplement de montrer qu'il est important de bien s’interroger sur les idées du monde du placement. Comme tout autre principe, une diversification poussée à l'extrême pourrait entraîner plus de problèmes que de bénéfices pour votre portefeuille.

Patrick Thénière, CIM, Associé, Barrage Capital

 

 

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