JP Morgan : toujours plus solide

Publié le 10/04/2016 à 20:44

JP Morgan : toujours plus solide

Publié le 10/04/2016 à 20:44

Un candidat aux élections américaines, Bernie Sanders, devient de plus en plus populaire auprès des gens, alors qu’il martèle sans cesse son message très critique à l’endroit des grandes banques américaines. On fait encore référence à la crise financière et aux prêts de moindre qualité qui ont été créés au préalable.

JP Morgan (NY., JPM) s’avère particulièrement visée. Cette banque constitue une cible relativement facile, car sa grande taille permet l’utilisation de données impressionnantes lorsque prises hors de leur contexte. Par exemple, la «gigantesque» perte surnommée «la Baleine de Londres» en 2012 (nous en discutions ici dans ce blogue) faisait peur à bien des gens. 

Ainsi, lorsque l’on veut souligner la gravité d’une des erreurs de la banque, on mentionne les 6 milliards de dollars perdus. À titre de comparaison, ce montant est supérieur au déficit annuel du Québec. Cependant, lorsque l’on veut plutôt décrier que JP Morgan fait trop d’argent, on se réfère plutôt aux 30 milliards de profits annuels avant impôts qu’elle engendre. À d'autres moments, on utilisera plutôt les 94G$ de revenus, et pourquoi pas, fournir simplement les revenus cumulés totaux des 25 dernières années...

JP Morgan dégage-t-elle trop de profits? Cette institution représente-t-elle plutôt un risque pour la société en cas de crise?

Jetons un coup d’œil au retour sur l’équité, ainsi qu’à ses ratios de capital dont le processus du calcul est fixé par les régulateurs. Le rendement sur l’avoir net tangible a atteint 13% pour l’année 2015. En 2006, soit avant la crise, le retour en tenant compte des activités poursuivies avait touché les 20%. Nous avons observé les rendements sur l’avoir tangible de plusieurs grandes banques avant et après la crise, et la plupart affichent une baisse notable. Par conséquent, tant sur le plan absolu que relatif, nous ne pensons pas que JP Morgan dégage trop de profits. Certes, pris hors de son contexte, son bénéfice semble gargantuesque, mais le capital  utilisé pour obtenir ce rendement est aussi impressionnant. Ce qui nous amène à la deuxième question.

Les banques doivent conserver beaucoup plus de capital qu’auparavant. Les nouveaux règlements, notamment les exigences de Basel III, obligent les grandes institutions à détenir une quantité impressionnante de capital pour supporter leurs activités. JP Morgan avait terminé l’année 2006 avec un ratio Tier 1 de 8,7%. En 2015, malgré des calculs plus sévères, il affichait 11,6%. Avec les surcharges et le coussin de sécurité exigible, la banque doit maintenir au moins 10,5% pour être en règle.

Les banques subissent aussi un test annuel simulant une crise pire que celle de 2008-2009, afin d’assurer leur survie en cas d’un tel scénario. Or, rappelons-nous que JP Morgan a enregistré des profits tout au long des dix dernières années, soit avant, durant et après la crise! Donc, même avec un ratio Tier 1 de seulement 8,7% et sans connaître d’avance la gravité de la crise qui s’en venait, elle a su faire face à la tempête.

Nous vous invitons à lire la lettre du dirigeant Jamie Dimon, si ce n’est déjà fait (lettre 2015). Ses commentaires sont toujours enrichissants, et M. Dimon ne manque pas d’inspiration (51 pages au total).

Qu’en est-il de l’évaluation de son titre? Une telle solidité nous permet d’accorder un ratio plus élevé par rapport à sa valeur tangible. Il y a donc place à une hausse en Bourse. Toutefois, malgré le passé plus tumultueux durant la crise de Citicorp (NY., C) et Bank of America (NY., BAC), soulignons la faiblesse particulière de leur évaluation. Le premier trimestre de cette année s’est avéré particulièrement difficile, et nous le constaterons à la lecture des prochains résultats à venir. Cependant, comme ces titres se transigent bien en-dessous de leur valeur tangible, la moindre bonne nouvelle constituera probablement un catalyseur intéressant à court ou moyen terme.

 

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