Comment investir à court et long termes simultanément

Publié le 16/07/2017 à 09:38

Comment investir à court et long termes simultanément

Publié le 16/07/2017 à 09:38

Vous pouvez être opportuniste à court terme et conserver des positions à long terme.

Vous entendrez souvent de la part des investisseurs qui ont du succès en Bourse qu’il faut détenir les titres un certain temps avant d’espérer réaliser leur plein potentiel. Les fluctuations quotidiennes boursières découlent principalement de l’humeur du marché. Afin de garantir un minimum de succès, on doit viser des périodes sur le long terme. Tôt ou tard, la valeur d’une entreprise finit par être reflétée en Bourse.

Dans cette optique, on pourrait facilement en venir à la conclusion qu’il faille proscrire l’investissement à court terme. C’est pourquoi de nombreux investisseurs conservent des titres longtemps, sans trop se préoccuper des fluctuations. Cependant, peut-on investir à court terme à l’intérieur d’une philosophie d’investissement à long terme?

William Block, comptable de formation et président de W.G. Investment Research, écrit régulièrement pour le site Seeking Alpha. Il a récemment expliqué qu’il aimait le titre de Bank of America (N.Y., BAC) pour ses perspectives à long terme. Or, alors que tout le monde s’inquiétait des problèmes potentiels en Chine ainsi que de la venue du Brexit en 2016, il eut l’occasion de rafler le titre à un bien meilleur prix, ajoutant à sa position au prix de 14$ pour l’action, et 4,50$ pour le bon de souscription. Pour lui, Bank of America constituait un investissement à long terme, mais il largua les actions et bons qu’ils avaient acquis seulement quelques mois plus tôt, générant un profit substantiel. Il conserva ainsi simplement la position initiale qu’il détenait auparavant.

Plusieurs investisseurs à long terme hésiteront à procéder ainsi, pensant qu’il s’agit peut-être d’une certaine forme de spéculation. Pourtant, cette façon de faire preuve d’opportunisme nous a beaucoup servi dans le passé, et continuera certainement de nous être profitable dans le futur! Nous irions plus loin en affirmant que cela suit un procédé logique si on y réfléchit un peu.

Supposons que vous aimez un titre à 20$, pour lequel vos estimés montent à 35$. Étant donné l’important escompte de 43%, vous êtes prêt à en faire une pleine position en portefeuille (disons 15%). S’il chute à 15$ et qu’aucune donnée fondamentale n’a changé, vous devriez en principe l’aimez encore plus. Quoi de plus naturel que d’en racheter?

Certains diront qu’ils souhaitent dans ces cas-là abaisser leur coût d’acquisition, en ce sens que les achats à 15$ font baisser la moyenne du coût en-deçà des 20$ payés initialement. Nous sommes d'accord en partie seulement: la raison première pour racheter un titre lorsqu’il dégringole devrait reposer sur son évaluation encore plus attrayante (pas simplement pour abaisser un coût d’acquisition).

Après avoir racheté le titre, vous vous retrouvez probablement avec une position plus élevée en portefeuille. Puis, le titre remonte rapidement à 20$, gonflant davantage la pondération. Que faites-vous? Certains investisseurs conservent leur nouvelle position, ayant à l’esprit que les achats à 15$ servaient surtout à baisser le coût moyen, ce qui «respecterait» l’idée d’investissement à long terme.

Quant à nous, tout comme pour M. Block, nous réduirions la position pour revenir à peu près à ce que nous détenions initialement. Certes, le titre demeure intéressant à 20$, mais afin de respecter un procédé logique, on doit chercher à viser des pondérations en fonction du prix, et éviter que cela ne découle simplement du hasard résultant de ses actions passées. Ainsi, si l’on juge qu’à 20$, il s’avère raisonnable d’avoir 15% du portefeuille dans le titre, ce pourcentage devrait être présent chaque fois que le titre se transige à 20$, peu importe les rachats qui ont eu lieu précédemment.

Un réflexe commun consiste à conserver toutes les actions (initiales et rachetées), en songeant au profit engendré jusqu’à maintenant. «Pourquoi s’en faire avec une pondération soudainement plus élevée? Je suis dans mon profit de toute façon! Si le titre corrige à nouveau, j’aurai simplement perdu ce que j’avais gagné.» Si vous vous reconnaissez, tentez de chasser cette mauvaise habitude. La provenance de vos gains ne devrait jamais dicter vos prises de décisions actuelles.

Comme on peut le constater, être opportuniste en fonction du prix ressemble parfois à de l’investissement à court terme, même si l’on vise l’investissement à long terme. Il ne s’agit pourtant pas d’une contradiction, mais simplement d’agir de façon rationnelle, alors que l’on cherche à fixer la pondération dans un titre en fonction du risque et du rendement potentiel.

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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