Il ne faut pas sous-estimer la puissance des incitatifs, selon Charlie Munger

Publié le 28/09/2010 à 13:39, mis à jour le 28/09/2010 à 13:57

Il ne faut pas sous-estimer la puissance des incitatifs, selon Charlie Munger

Publié le 28/09/2010 à 13:39, mis à jour le 28/09/2010 à 13:57

BLOGUE.

Les incitatifs et la corruption sont intimement liés, et c'est pourquoi nous traiterons de ce sujet aujourd'hui afin de mieux comprendre notre société. Selon Charlie Munger, le fidèle compagnon de Warren Buffett, il faut étudier l'incroyable pouvoir des incitatifs. Il a donc souvent concentré ses lectures sur ce sujet. Il y a 3 ans, M. Munger déclara devant une foule à Harvard :

''Je pense pouvoir comprendre l'importance des incitatifs mieux que 95% des gens de mon âge. Pourtant, toute ma vie, j'ai sous-estimé son pouvoir. Jamais une année ne s'est écoulée sans que je sois surpris par ce phénomène, m'amenant ainsi à l'étudier davantage.''

M. Munger donna quelques exemples. Il cita un problème expérimenté chez Federal Express, dans son centre de distribution. On voulait améliorer la vitesse de travail des employés, et malgré bien des tentatives, ce fût un échec. Puis, vint l'idée de payer les employés au quart de travail, plutôt qu'à l'heure. Les employés pouvaient donc quitter les lieux dès le travail terminé. Ce fût un succès instantané!

Au Québec, il existe une foule d'incitatifs, comme ceux que l'on retrouve dans le travail au noir. Dans le domaine de la rénovation résidentielle, un contracteur peut proposer à son client de ne pas lui charger la TPS et la TVQ. Pour le client, c'est une économie instantanée. Pour le contracteur, ce sont des revenus non déclarés (et donc moins d'impôts). Les deux parties en profitent!

Un autre exemple percutant, c'est la corruption pour l'octroie de contrats en construction. Lorsque le gouvernement décide à qui vont ces contrats, plusieurs incitatifs entrent en jeu. Tout d'abord, les décisions à l'effet de ''qui'' aura le contrat peut être influencé par ''qui'' finance le parti. C'est un premier incitatif. Le deuxième constitue un incitatif négatif : à quoi bon optimiser les dépenses et la qualité du travail, puisque c'est l'argent des contribuables et non l'argent de celui qui octroie le contrat? Finalement,  l'entrepreneur de son côté sait qu'un pot-de-vin lui confèrera un avantage indéniable sur ses concurrents.

Dans une transaction privée, celui qui octroie le contrat a intérêt à minimiser les dépenses et à optimiser la qualité, car c'est son argent. C'est son incitatif. Quant à l'entrepreneur, s'il décide de concéder des avantages quelconques à son client, c'est tout à fait légal. Comme nous sommes en présence de deux parties privées, on ne parle plus de corruption! Par conséquent, aucun incitatif à la corruption n'existe, puisque tout transfert d'argent entre les deux parties constitue une transaction légale.

Nous pourrions donner des dizaines d'exemples. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que chaque loi ou création d'organisme au sein du gouvernement crée des incitatifs. Il est impératif de les connaître si l'on veut améiorer la situation!

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

Les investigateurs financiers

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Bourse: la Banque Royale fait trembler le marché des actions privilégiées

BALADO. La Banque Royale envoie un signal clair qu'elle pourrait racheter toutes ses actions privilégiées.