Fonds: cessez de faire une fixation sur le rendement

Publié le 10/06/2017 à 18:00, mis à jour le 10/06/2017 à 18:15

Fonds: cessez de faire une fixation sur le rendement

Publié le 10/06/2017 à 18:00, mis à jour le 10/06/2017 à 18:15

Photo: 123rf.com

Le monde des fonds communs nous offre une panoplie de possibilités. Il existe, entre autres, des fonds émergents, européens, de grandes ou petites sociétés, axés sur les infrastructures, et d’autres appelés «neutres», ressemblant parfois aux fonds de couverture. Le choix ne manque pas!

Il y a deux semaines, nous avons rencontré un investisseur qui effectuait régulièrement de grandes recherches sur les fonds, en utilisant des sites comme Morningstar.ca. Il notait minutieusement toutes les variations de ses fonds préférés sur quelques périodes: quotidiennes, mensuelles, trimestrielles, un an et trois ans. Il tentait d’établir une comparaison entre le comportement de ceux-ci par rapport aux indices boursiers.

Par exemple, si un fonds cédait 1% alors que le marché reculait de 2% durant une journée spécifique, il était qualifié en tant que fonds «résistant» ou «conservateur». Cet investisseur disait ne jamais utiliser des périodes trop longues, comme 5 ou 10 ans. «La plupart des fonds performants finissent par décevoir. On les remarque étant donné leur constance à long terme, et du moment qu’on les acquiert, ils ne livrent plus la marchandise.»

Nous lui avons souligné l’importance de bien comprendre la philosophie des gestionnaires d’un fonds, afin de pouvoir déterminer ses chances de mieux réussir que ses indices de référence à long terme. Il a alors rétorqué, à raison, que la plupart des gestionnaires se vantent d’acheter des titres aux perspectives intéressantes à bon prix.

Dans ce cas, comment trouver ceux qui se distingueront vraiment?

L’investisseur préfère alors dénicher lui-même les secteurs les plus prometteurs, pour ensuite trouver le ou les fonds qui se comportent mieux par rapport au marché. Donc, s’il prévoit une forte croissance dans le domaine de la santé, il s’efforcera de dresser une liste de fonds s’orientant vers ce secteur. Puis, il observe les rendements de près, et effectue des comparaisons sur plusieurs périodes ciblées.

Pour notre part, nous avons du mal à voir une certaine logique exploitable dans le comportement d’un seul titre isolé en Bourse (sans analyse fondamentale). Imaginez lorsqu’il s’agit d’ensembles de titres, dont les variations des uns annulent ou renforcent la variation des autres. Si un fonds se replie de 0,5% un une journée, tout ce que cela nous procure comme information, c’est la moyenne de la baisse pondérée de dizaine, voire des centaines de titres, dont notre investisseur ne connait même pas les noms, puisqu’il investit en fonction des secteurs!

Une comparaison avec l’indice de référence ne procure pas d’éléments fiables nous permettant de conclure s’il s’agit d’un bon fonds ou non. De façon générale, plus un fonds est concentré, plus il sera volatile. Malgré cela, nous préférons un portefeuille avec peu de titres, soigneusement sélectionnés qu’un autre dont le nombre de titres l’amène à ressembler à son indice de référence (dans ce cas, les frais du fonds sont plus difficiles à justifier).

À quoi devrait servir le rendement pour évaluer un fonds?

À court terme, tout rendement sera peu pertinent à notre avis. À plus long terme, un bon rendement devrait vous guider vers deux possibilités: le succès de l’application de la philosophie des gestionnaires ou la chance.

Donc, selon nous, la seule façon d’évaluer efficacement un fonds, c’est de tenter de comprendre comment les gestionnaires en sont venus à produire leurs rendements.

Avaient-ils une approche conservatrice? Sont-ils en mesure d’expliquer les bonnes performances? Font-ils preuve d’humilité? Reconnaissent-ils leurs erreurs? Vous réaliserez ici que si vous tentez d’étudier un portefeuille comportant une vingtaine de fonds, la tâche devient trop colossale. La surdiversification décourage les gens à bien connaître chacun de leur investissement.

Revenons à notre investisseur. S’il ne peut pas se fier aux rendements passés, et qu’il ne souhaite pas entamer des recherches approfondies sur des gestionnaires, que devrait-il faire? Nous opterions pour le suivi du sage conseil de Warren Buffett: la simple détention à long terme d’indices boursiers, notamment le S&P 500. Ainsi, les nombreuses heures à surveiller les rendements pourront désormais être consacrées à d’autres fins.

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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