Évitez de faire comme les assureurs hypothécaires

Publié le 21/08/2016 à 17:04

Évitez de faire comme les assureurs hypothécaires

Publié le 21/08/2016 à 17:04

(Photo: 123rf.com)

L’assureur AIG vient de vendre sa division d’assurance hypothécaire, United Guaranty, pour un montant de 3,4G$. Pourtant, celle-ci s’avérait fort profitable, enregistrant des profits d’environ avant impôts de 700M$ par an. D’un autre côté, il s’agit d’une industrie très cyclique comportant des risques corrélés. Comme nous le verrons plus loin, on doit éviter de reproduire ce genre de risque dans ses propres finances personnelles.

Tout d’abord, voyons ce qu’est l’assurance hypothèque aux États-Unis. Si vous achetez une maison et que votre mise de fonds demeure inférieure à 20%, votre prêt devra être doté d’une telle assurance. Cela vous permet de contribuer aussi peu que 5% du prix de la maison. Donc, l’assureur assume le risque de défaut lorsque l’emprunt correspond à plus de 80%, allant jusqu’à un maximum de 95%.

Si le propriétaire de la maison réduit son hypothèque en effectuant des paiements plus élevés, il peut effectuer une demande après de son prêteur pour annuler l’assurance, et ainsi réduire ses frais d’emprunts. Dans bien des cas, l’assurance sera terminée automatiquement dès que la dette atteint un certain pourcentage de la valeur de la maison.

L’assureur perçoit une prime en échange du risque qu’il couvre en garantissant le paiement de l’hypothèque. Que fait-il avec cet argent? Il l’investit dans des obligations, dans bien des cas des obligations municipales. Y voyez-vous un problème?

Tout d’abord, comme on a pu le constater durant la crise, l’immobilier constitue un secteur cyclique. Lorsque ça va mal, peu d’habitations seront épargnées par une certaine baisse de leur valeur. Prenons le cas de Radian Group (N.Y., RDN). Quand tout allait bien, la société engendrait beaucoup de profits avec les primes qu’elle percevait. Son capital croissait, et en attendant de payer les réclamations, elle investissait dans des obligations. Avant la crise financière de 2008-2009, les primes augmentaient au fur et à mesure que sa taille progressait. Donc, le risque augmentait alors que cycle immobilier s’approchait de son point critique.

Le risque est amplifié de deux façons. Lorsque l’emprunteur réussit à diminuer son niveau d’emprunt à moins de 80% de sa maison, il cherchera à terminer l’assurance pour sauver des coûts. Par conséquent, lorsque la chute immobilière survient, on ne peut pas compter sur les contrats à faibles risques pour compenser ceux qui comportent des risques plus importants. L’assureur se retrouve donc devant un danger énorme si le prix des maisons chute de 20% et plus à partir du haut du cycle

Deuxièmement, comme l’assureur investit toujours de plus en plus les profits engendrés dans son portefeuille d’obligations municipales ou de sociétés, il accroît le risque en cas de récession. En effet, lors d’une crise immobilière, plusieurs émetteurs de ces obligations éprouveront de la difficulté à maintenir leurs paiements, ou afficheront tout simplement un profil plus risqué qu’auparavant, faisant chuter la valeur des obligations.

Malheureusement, le modèle d’affaires de ce secteur rend la diversification des risques difficile, créant un peu une situation de «tout ou rien» (corrélation des risques). Cependant, en tant qu’investisseur en Bourse, il s’avère important de vérifier si l’on n’a pas soi-même créé une situation semblable dans son portrait financier global.

Voici quelques exemples :

-Détenir des actions de votre employeur: travailler pour une société, comme Bombardier (Tor., BBD.B), et acheter une quantité importante d’actions de Bombardier. En cas de perte d’emplois à la suite d'une importante restructuration, vous pourriez en même temps voir la valeur de vos actions s’effondrer;

-Emprunter sur marge dans un compte d’actions: en cas de chute boursière importante, la firme qui vous prête les fonds sur marge pourrait décider de réduire drastiquement le taux d’emprunt de chacun des titres que vous possédez (par exemple, de 70% à 0%), vous forçant à vendre au pire moment même si vous respectiez vos ratios d’emprunt;

-Posséder des biens dont la valeur fluctue dans le même sens: avoir une maison ou des immeubles au Canada dont la valeur représente un poids important dans sa valeur nette totale, et acheter une grande quantité d’actions de banques canadiennes qui pourraient chuter de façon importante en cas de crise immobilière.

En cherchant un peu, vous trouverez peut-être plusieurs exemples vous concernant. Le cas échéant, procédez à des ajustements, et bénéficiez de la diversification efficace que peut offrir la Bourse.

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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