Êtes-vous attiré par les bitcoins?

Publié le 11/06/2016 à 14:19

Êtes-vous attiré par les bitcoins?

Publié le 11/06/2016 à 14:19

Voilà une monnaie bien intrigante. Au début de 2013, elle s’échangeait à moins de 14$. Moins d’un an plus tard, le bitcoin s’approcha des 1000$. Comment ne pas laisser sa curiosité être piquée, lorsque l’on assiste à une croissance de 70 fois en aussi peu de temps?

En 2015, la dégringolade qui s’enclencha après le sommet atteint en 2014 se poursuivit. Le bitcoin s’effondra aux alentours de 215$, pour ensuite rebondir. Aujourd’hui, il s’échange à 585$. Avait-on affaire à une aubaine?

L’Oracle d’Omaha, Warren Buffett, s’est déjà prononcé sur la question. En mars 2014, il ne mâcha pas ses mots lorsqu’il s’exprima ainsi dans les studios de CNBC : «Gardez vos distances! En gros, c’est un mirage!». Il expliqua que le bitcoin s’apparente aux autres modes de transmission d’argent, comme les chèques et les mandats-poste. Ces modes de paiement ne comportent aucune valeur en eux-mêmes. Par exemple, un chèque de 100$ permet de transférer 100$. Le chèque en question ne confère point une valeur additionnelle parce qu’il permet de déplacer des fonds d’un compte à un autre. Par conséquent, le bitcoin constitue un mode de transmission d’argent, qui peut et va être répliqué de différentes façons dans le futur. «L’idée qu’on lui attribue une quelconque valeur intrinsèque s’avère une farce selon moi», avait-il ajouté.

Nous partageons l’opinion de M. Buffett sur cette nouvelle devise, et hormis sa nature spéculative, nous y voyons peut-être un inconvénient non négligeable pour ceux qui l’acceptent comme mode de paiement en échange de produits ou services.

Un inconvénient à considérer

Il y a plusieurs années de cela, nous avions rencontré un individu qui nous présenta un système d’échange d’unités «troc», qui s’avérait fort populaire. Les inventeurs de ce système offraient aux commerçants et travailleurs autonomes de participer à ce réseau, moyennant le dépôt d’une certaine somme d’argent. Cette dernière leur permettait d’acheter des unités pour pouvoir commencer à effectuer des transactions. Les participants devaient également payer un frais mensuels pour couvrir les frais administratifs. Ces frais étaient évidemment prélevés en dollars, et non en unités. En outre, chaque transaction comportait un frais payable aux gestionnaires du réseau.

Les participants espéraient accroître leur clientèle, et ainsi se faire connaître. Puis, en recevant des unités, ils pouvaient les dépenser chez d’autres participants. Tout le monde semblait y gagner. Toutefois, certains d’entre eux ont vite réalisé à quel point les ventes effectuées à l’intérieur du réseau pouvaient épuiser rapidement leurs liquidités. Prenons les restaurateurs comme exemple.

Vous possédez un restaurant, et vous vous enthousiasmez à l’idée d’assister à une hausse de la clientèle grâce à ce réseau. Après tout, si cela n’avait pas été de ce dernier, ces clients ne seraient jamais venus prendre un repas chez vous. Or, vous recevez 100% de vos revenus en unités, mais toutes vos dépenses doivent demeurer en dollars! Vos employés n’accepteront pas de recevoir des unités plutôt que de l’argent, vos fournisseurs non plus. C’est encore plus vrai avec le gouvernement : vos impôts doivent être réglés en argent «réel».

Donc, ces restaurateurs se retrouvaient à «acheter» une quantité impressionnante de monnaie virtuelle. Si vos marges de profits sur vos dépenses variables s’élèvent à 40%, le 60% restant constitue l’équivalent d’un achat d’unités, comportant en plus un frais d’échange à payer. Le bitcoin, s’il n’est pas accepté par toutes les parties, pose le même genre de problème, sans toutefois le frais administratif. Si sa valeur croît ou demeure stable, on peut facilement le liquider. Dans le cas contraire, certains détenteurs développeront le réflexe de le conserver en espérant un rebond. À la longue, s'ils sont à cours de liquidités, ils devront le vendre à perte. 

Bref, que vaut le bitcoin? Il vaut ce que les acheteurs sont prêts à payer pour l’acquérir. Étant dans l’impossibilité de deviner les intentions futures de ces acheteurs, nous préférons demeurer à l’écart.

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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