L’«uberification» de Bixi Montréal

Publié le 02/03/2021 à 07:00

L’«uberification» de Bixi Montréal

Publié le 02/03/2021 à 07:00

(Photo: Bui Long pour Unsplash)

Texte de Julien Couasnon, un usager de Bixi et citoyen de Montréal, concerné par les enjeux de mobilité durable

COURRIER DES LECTEURS. Bixi vient d’annoncer une modification de leur tarif pour la nouvelle saison 2021. Pour les abonné.e.s annuel, un trajet en vélo électrique passe de 1 $ à un tarif de 10 ¢ la minute. Pour un trajet de 45 minutes, cela représente une augmentation de 450 %. 

Les associations qui défendent le droit des cyclistes à Montréal devraient manifester leur opposition. À travers ce changement Bixi privilégie un modèle comme celui d’Uber à celui plus universel et inclusif qui existait les années précédentes sous forme d’abonnement et prix unique (1 $ par trajet). 

La majorité des citoyen.ne.s sont contre cette forte augmentation. Voir les commentaires de l’annonce sur la page Facebook de Bixi ou ou dans le groupe Facebook du Vélo d’hiver. 

Bixi est une organisation à but non lucratif (OBNL), dont la mission est de démocratiser l’usage du vélo, financé par la Ville de Montréal à hauteur de 4 millions de dollars par année jusqu’en 2028. 

L’argument du coût des opérations est mis de l’avant pour justifier une hausse de 450 %. Seulement Bixi a connu un bilan financier positif en 2019 et équilibré en 2020 alors qu’il y avait un tarif de 1 $ par trajet de vélo électrique et que la flotte était de 1000 VAE. En 2021, il y aura un ajout de 750 véhicules. Les utilisateurs et les utilisatrices de Bixi sont heureux de voir de nouveaux vélos rajoutés au réseau et ils s’attendaient à une augmentation de prix, mais comment peut-on justifier une augmentation de tarif de 450 % pour un ajout de véhicule de 75 % dans un contexte de budget à l’équilibre. 

Au lieu d’aller dans la direction de l’augmentation du tarif, Bixi pourrait envisager des économies de coûts en proposant un service 4 saisons ce qui éviterait de payer les coûts d’entreposage (5,5 M$) et de continuer de générer des revenus sur une période de 5 mois. Bike Share Toronto (qui a acheté le concept Bixi développé à Montréal) a fait le calcul et ça leur revient bien moins cher de laisser ouvert leur réseau à longueur d’année. Avoir un réseau de vélo en libre-service accessible l’hiver sur les super nouveaux aménagements cyclables développés par la ville, que demandez de mieux ! 

Mais ce que je trouve le plus choquant dans cette politique tarifaire, c’est qu’elle désavantage les personnes qui vivent dans des quartiers excentrés ou qui ont besoin d’une assistance électrique pour des raisons de santé lorsqu’il ou elles doivent se rendre à leur travail. Du fait de leur situation, il ou elles n’auront pas le choix de réserver un vélo à assistance électrique (VAE) et leurs trajets seront plus longs et plus chers que des citoyen.ne.s qui ont les moyens de vivre dans les quartiers centraux de la ville.

Bixi par cette tarification à la minute génère de l’exclusion. 

Chers membres du CA de Bixi Montréal, Alexandre Taillefer (président), Sylvia Morin (VP), Sharka Hamet (trésorière), Frédéric Bove (secrétaire), Suzanne Lareau, Damien Lefebvre, Guy-Joffroy Lord, Vanessa Bernard Dreifuss, François Rousseau-Clair. Il est temps de renouer avec la mission de votre OBNL : « Transformer l’expérience urbaine par une mobilité active, accessible ».

 

Texte de Julien Couasnon, un usager de Bixi et citoyen de Montréal, concerné par les enjeux de mobilité durable

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