Exploitons davantage les compétences en sciences humaines

Publié le 03/06/2022 à 16:15

Exploitons davantage les compétences en sciences humaines

Publié le 03/06/2022 à 16:15

Ted Hewitt (Photo: courtoisie)

Ted Hewitt, président du Conseil de recherches en sciences humaines 

COURRIER DES LECTEURS. Les chefs de file canadiens du milieu des affaires et de l’innovation s’accordent pour dire qu’une croissance économique durable et inclusive est primordiale pour maintenir la prospérité et le niveau de vie élevé de la population canadienne au-delà de la pandémie. Mais comment y parvenir? La seule solution consiste à investir dans le capital humain du pays et à tirer parti de tout ce qu’il peut offrir.

L’élaboration d’une stratégie nationale de croissance économique passe par des efforts délibérés visant à renforcer la formation du capital humain, selon le dernier rapport du Groupe d’action sénatoriale pour la prospérité, qui traite de la création d’une nouvelle voie vers une prospérité durable, inclusive et partagée au Canada.

Il est donc temps de se tourner vers une ressource canadienne précieuse et pourtant inexploitée: l’abondance de connaissances et de compétences générées par les sciences humaines.

Des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs profitent déjà de l’expertise et des aptitudes propres aux disciplines de ce domaine, qu’il soit question d’économie, de droit, de psychologie, de science politique, d’histoire ou de géographie. Ces compétences sont notamment sollicitées pour l’analyse de possibilités de commercialisation, la compréhension du comportement des consommateurs, l’adoption de nouvelles technologies, la gestion d’entreprise et l’étude des dimensions éthique et juridique des décisions et des produits d’une entreprise.

 Cependant, les sciences humaines pourraient être bien davantage mises à contribution pour combler les manques en matière de compétences au Canada. Elles inculquent les compétences fondamentales et transférables que les entreprises s’arrachent de nos jours: résolution de problèmes complexes, communication, collaboration, créativité, perception sociale, intelligence émotionnelle, adaptabilité et leadership.

Un rapport publié en mars 2022 par le Conference Board du Canada et le Centre des Compétences futures indique que la pensée critique, la compréhension de lecture, la surveillance et la coordination — des aptitudes qu’une formation en sciences humaines permet d’acquérir — représentent les compétences les plus prisées par les employeurs. Les postes vacants rattachés à chacune d’elles coûtent à l’économie canadienne au moins un milliard de dollars par an en valeur non réalisée.

À l’heure actuelle, 920 000 étudiantes et étudiants sont inscrits dans des programmes collégiaux et universitaires canadiens en sciences humaines, ce qui correspond à 64% de toutes les inscriptions. Après leurs études, leurs connaissances et leurs compétences viendront alimenter le bassin de talents canadiens dans toutes sortes de secteurs, notamment ceux qui exigent des approches multidisciplinaires et collaboratives, une des forces de ce domaine.

 

Quelques exemples

Nouvelles technologies: une bonne compréhension de la responsabilité sociale et des attentes sociétales qui vont de pair avec l’intelligence artificielle, les technologies quantiques et la génomique, ainsi que de la gestion des risques et des questions réglementaires, favoriseront la commercialisation et l’adoption des nouvelles technologies.

Besoins du marché du travail: les conseils éclairés visant à combler les pénuries de main-d’œuvre, entre autres pour mieux comprendre les lacunes en matière de compétences, les difficultés liées au recrutement, les manières d’attirer et d’intégrer les personnes immigrantes et les conséquences du vieillissement de la population, aideront les entreprises à relever le défi de la recherche de talents.

Équité, diversité et inclusion: la connaissance des facteurs historiques, culturels et structurels qui alimentent l’inégalité ainsi que la conception des stratégies les plus efficaces de promotion de l’équité, de la diversité et de l’inclusion au sein de l’économie permettront d’atteindre les grands objectifs en la matière.

Réflexions prospectives: un regard sur le passé offrira une idée de ce que l’avenir nous réserve et de la manière dont la société et l’économie pourront assimiler les prochaines avancées et tendances, et permettra de mieux saisir les conséquences qu’auront les changements sociaux, politiques ou économiques sur les affaires.

 

Plus que jamais, les entreprises canadiennes ont besoin des compétences fondamentales qu’une formation en sciences humaines permet d’acquérir et de développer. Elles viendront compléter et optimiser l’apport des compétences provenant des sciences, de la technologie, du génie et des mathématiques, augmenter la productivité et favoriser l’innovation et l’adoption d’approches plus souples et multidisciplinaires.

Il est grand temps d’exploiter la ressource la plus précieuse du Canada. Nous devons tirer parti des connaissances et des compétences propres aux talents en sciences humaines afin de stimuler l’innovation et la réussite commerciale et ainsi permettre un essor économique national inclusif et durable.

À propos de ce blogue

La rédaction de Les Affaires réserve cet espace aux lecteurs qui voudraient réagir aux textes d’opinions et d’analyse publiés sur son site internet par ses chroniqueurs et ses experts invités. Seuls les textes respectueux et clairement argumentées seront considérés. Les propos tenus dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Les personnes souhaitant publier une lettre d’opinion dans la rubrique Forum sont invitées à soumettre leur texte à redactionlesaffaires@groupecontex.ca