BAPE sur les déchets: la technologie, une partie de la solution

Publié le 10/03/2021 à 18:14

BAPE sur les déchets: la technologie, une partie de la solution

Publié le 10/03/2021 à 18:14

Dominique Boies

Dominique Boies, chef de la direction et chef de la direction financière, Enerkem (Photo: Enerkem)

Un texte de Dominique Boies, chef de la direction et chef de la direction financière, Enerkem 

COURRIER DES LECTEURS. Le lancement, cette semaine, de la commission d’enquête du BAPE sur la gestion des déchets ramène à l’avant-scène le problème crucial de la gestion et de l’élimination des déchets que produit notre société. 

Nous devons également nous pencher sur l’avenir des matières recyclables, que nos infrastructures peinent à recycler maintenant que la Chine n’accepte plus notre plastique et d’autres déchets du genre. 

Sur ces enjeux stratégiques, un consensus s’est installé: on ne peut s’en tenir à un seul type de solution; il faut penser plus large, s’attaquer à la réduction des déchets, mais aussi aux solutions techniques de traitement ou de valorisation de ces substances. 

Dans un monde idéal, nous réduirions notre consommation de produits jetables et tout ce dont nous n’avons plus besoin serait récupéré, recyclé et remis en usage. Collectivement, nous y travaillons certes diligemment, mais il faudra encore du temps pour atteindre cet objectif. D’ores et déjà, toutefois, le Québec jouit d’atouts considérables pour faire son entrée dans l’univers de l’économie circulaire.  

Nous avons développé ici même une technologie très performante qui permet de recycler le carbone contenu dans les matières résiduelles destinées à l’enfouissement afin de les transformer en biocarburants et en produits chimiques renouvelables. 

Celle-ci s’ajoute à d’autres solutions, telle la biométhanisation. Nous disposons en outre d’une source abondante d’électricité verte et d’une compétence en génie qui fait l’envie du monde. 

Le Québec a tout ce qu’il faut pour être un leader mondial dans ce domaine hautement prometteur. 

C’est sur ces fondements qu’Enerkem s’est établie et qu’elle a amorcé la construction de son importante usine à Varennes. Dans ce projet d’envergure, quelques-unes des plus importantes multinationales du monde ont investi, Shell, Suncor et Proman, entre autres. 

Les gouvernements du Québec et du Canada nous accompagnent également. Nous ne sommes pas seuls à croire qu’il est non seulement possible de transformer nos matières résiduelles en produits neufs, mais qu’on peut aussi le faire de manière écologique en misant sur la chimie verte plutôt que sur celle du pétrole. 

Cette avancée vers l’économie circulaire aura des conséquences économiques importantes. À terme, notre projet de Varennes générera au Québec des retombées annuelles de 85 M$ en plus de créer quelque 500 emplois pendant la construction de l’usine et 100 pendant son fonctionnement. 

L’usine permettra de traiter annuellement 200 000 tonnes métriques de matières résiduelles non recyclables et non compostables. Les bénéfices environnementaux qui en découleront touchent directement les enjeux les plus importants d’aujourd’hui, la réduction des produits envoyés à l’enfouissement, le recyclage du carbone en produits renouvelables et la diminution des gaz à effet de serre.  

Je suis convaincu que nous avons la capacité de faire partie de l’élite mondiale de ce secteur très porteur. Nous avons déjà un pied dans un domaine où l’on peut se permettre de rêver grand. Imaginons par exemple que nous utilisions 100 % des matières résiduelles non recyclables du Grand Montréal. 

Les retombées économiques régionales de cette activité avoisineraient près de 780 M$ et permettraient de réduire de plus de 2 millions de tonnes métriques la quantité de CO2 émise dans l’atmosphère, soit l’équivalent de 600 000 voitures de moins sur la route. 

Notre société fait face au défi de réduire la consommation sans causer de bouleversements fondamentaux. Notre rêve à nous, c’est d’y contribuer en fournissant une alternative à l’enfouissement et à l’incinération. 

Au moment où commence le travail du BAPE, je souhaite que l’on aborde ce difficile enjeu avec la détermination, l’enthousiasme et l’ouverture d’esprit qui caractérisent les Québécois. 

Nous avons l’obligation de réussir et pour y arriver, il faudra retourner chaque pierre, explorer toutes les possibilités, y compris celles qu’offrent des technologies innovantes. 

 

Un texte de Dominique Boies, chef de la direction et chef de la direction financière, Enerkem

 

 

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