Pour en finir avec le sacro-saint elevator pitch

Publié le 11/08/2014 à 19:00

Pour en finir avec le sacro-saint elevator pitch

Publié le 11/08/2014 à 19:00

Elevator pitch : les solutions de rechange

Quelles sont les pistes d’améliorations, les solutions de rechange? Comment mieux utiliser le pitch, et y trouver des substituts? Personnellement, voici mes suggestions :

• J’implore ici tous les coachs et dépisteurs de talents entrepreneuriaux; s’il vous plaît, évitez, trop tôt, de mettre vos entrepreneurs dans la moulinette des pitchs standards et des argumentaires monochromes. Soyez créatifs dans vos modes de présentation.

• Avant tout, croyez dans vos protégés, aidez-les à clarifier leurs pensées et leurs rêves, renforcez leur confiance en eux, encouragez-les à être le plus naturel et honnête possible, de façon à ce qu’ils puissent, lorsque l’ascenseur de la réussite les embarquera, faire un véritable elevator pitch: être capables d’exprimer clairement qui ils sont et à quoi ils aspirent, avec enthousiasme et distinction, de façon spontanée, non récitée.

• Préparez vos protégés à répondre aux questions plutôt qu’à faire des discours. Il faut davantage qu’ils soient aptes à répondre à toute question, sous différentes formes, que de faire une présentation dont ils savent d’avance le contenu. Il faut les préparer à improviser et, pour cela, il faut qu’ils soient naturels, allumés, et pas qu’ils jouent un personnage.

• Quant aux présentations des modèles d’affaires qui sont déclamées telles des prières en série lors de soirées-rencontres, veillez à y envoyer un représentant de l’entreprise capable de performer dans ce contexte, qui a déjà des talents de communicateur. Les meilleurs pitchs auxquels j’ai assisté étaient livrés par des personnes formées en communications, ventes ou marketing. C’est une meilleure approche que d’envoyer le fondateur-entrepreneur-inventeur au pilori.

• Enfin, aujourd’hui, il y a de nombreuses voies alternatives pour se faire connaître. Les soirées de pitchs ne sont pas l’unique canal de diffusion des bonnes idées entrepreneuriales. Il est plus facile de se faire voir par toutes sortes de médias, incluant les médias sociaux.

En conclusion, je crois que l’avenir est plutôt rose pour les entrepreneurs technos. Suite à une disette de quelques années en capital et anges financiers, il y a maintenant une abondance de capital, et un grand nombre d’entrepreneurs à succès et d’anges financiers qui se cherchent des poulains. Il y aura donc, sans aucun doute, de nombreuses soirées ou réunions durant lesquelles les entrepreneurs pourront présenter leurs idées et leurs espoirs, sous forme de pitchs, mais aussi de conversations plus personnalisées avec ces investisseurs potentiels.

Cependant, il est intéressant de remarquer un certain retour du balancier pour les entrepreneurs. Les groupes de financiers à la recherche de projets porteurs pullulent, et ces groupes ne cessent d’affirmer qu’ils manquent de bons projets. Verra-t-on bientôt des soirées inversées d’elevator pitchs, durant lesquelles des investisseurs devront vanter leurs mérites, en 90 secondes, auprès d’entrepreneurs aguerris dans la salle? La revanche est douce, au cœur de l’Indien…

 

À propos d’Isabelle Deschamps

À la fois professeure, consultante, experte-conseillère et conférencière, Isabelle Deschamps gravite dans le milieu de l’entrepreneuriat technologique depuis 20 ans. Titulaire d’un doctorat en gestion de l’innovation de Harvard et d’un baccalauréat en ingénierie de la Polytechnique, elle enseigne aujourd’hui à l’École Polytechnique de Montréal. De 2001 à 2007, elle a aussi été investisseuse en tant qu’associée de Capimont Technologies, un fonds en capital de risque de 40 millions spécialisé en énergie propre.