Une perle unique au monde!

Publié le 08/06/2017 à 06:06, mis à jour le 27/06/2017 à 15:53

Une perle unique au monde!

Publié le 08/06/2017 à 06:06, mis à jour le 27/06/2017 à 15:53

La Galatea est une perle noire dont le coeur est fait d'une pierre semi-précieuse. Photo: DR

À votre avis, quel est l'incontournable souvenir que rapporte chez lui le touriste qui a vécu un séjour idyllique à Tahiti? La réponse est simple pour qui est déjà venu en Polynésie française : un bijou en perles noires. C'est la grande spécialité d'ici.

La perliculture est un élément clé de l'économie tahitienne. Elle lui rapporte chaque année quelque 7 milliards de francs pacifiques, soit 90 millions de dollars. Et elle représente 62% de l'ensemble de ses exportations en valeur, selon les données de l'Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF).

Le hic? C'est que la perliculture tahitienne est aujourd'hui en crise. Car les exportations diminuent à vue d'oeil : Hong Kong et le Japon se partagent l'essentiel des exportations – à hauteur de respectivement 49 et 46% en volume –, mais les achats hongkongais ont reculé de 22% en un an et ceux du Japon, de 15%. L'explication est simple : d'une part, le fléchissement de la croissance économique chinoise, d'autre part, l'entrée en récession du Japon; ce qui a porté un rude coup à la demande.

Ce n'est pas tout. Les prix sont également en net repli : le prix moyen de la perle de culture brute a perdu en un an 20 francs pacifiques, à 1.010 francs pacifiques (près de 13 dollars). Et l'on compte d'ores et déjà moins de surface lagonaire utilisée pour la production d'huîtres perlières, celle-ci ayant diminué de 8%, à 7.600 hectares, soit le même niveau qu'en 2013.

La bonne nouvelle dans tout ça, c'est que lorsqu'une crise survient, il y a toujours quelqu'un qui en profite pour faire preuve de créativité. Et j'ai pu le vérifier, une fois de plus, en flânant dans une bijouterie. C'est que je suis tombé sur une perle Galatea, une perle unique au monde, qui, de surcroît, est exclusivement en vente à Tahiti...

Mes yeux jonglaient d'un bijou à l'autre, d'une paire de boucles d'oreilles à une bague aux couleurs nacrées, lorsque mon regard s'est figé sur quelque chose qui scintillait par intermittences. Il s'agissait, plus précisément, d'une petite bille noire – la fameuse perle noire, mais mon cerveau ne l'avait pas encore compris – qui brillait de l'intérieur par des sortes de minuscules fenêtres en forme de feuille. Je me suis penché et j'ai ainsi découvert qu'il y avait à l'intérieur une pierre semi-précieuse, en l'occurrence une opale!

Par quelle magie cette pierre-là se retrouvait-elle à l'intérieur d'une perle? L'explication est merveilleuse...

Le beauté de la Galatea vient de sa taille... Photo: DR

Il y a une dizaine d'années, il s'est produit un accident dans l'atelier du créateur de bijoux américain Chi Huynh alors que celui-ci travaillait l'une des perles noires de son partenaire d'affaires John Rere, un perlicuteur tahitien. L'artiste a raté son coup et a trop taillé la perle, si bien que le nucléus – la bille de nacre issue d'une autre huître et introduite dans la poche perlière – est devenu apparent. Il a alors eu l'idée de remplacer le nucléus classique par une pierre semi-précieuse...

Le principe est simple... Au lieu de glisser une bille de nacre dans la poche perlière de l'huître, on glisse une pierre semi-précieuse. Une fois la perle formée autour de la pierre et récoltée par le perliculteur, il suffit à l'artiste de "trop" la tailler : les petites fenêtres en forme de feuille font ainsi apparaître la pierre semi-précieuse qui est nichée en son coeur!

Chi Huynh et John Rere ont déposé le brevet, et sont, du coup, les seuls à produire la perle dénommée Galatea. Cette dernière est en vente dans la Polynésie française depuis 2013 et n'a pas encore obtenu l'autorisation légale d'être exportée. Elle est, en conséquence, aussi méconnue qu'exceptionnelle...

Pour vous donner une idée, une Galatea de 10 millimètres vaut actuellement, seule, 13.000 francs pacifiques (165 dollars), et une de 13 millimètres, 44.000 francs pacifiques (560 dollars). Quant aux bijoux composés de perles Galatea, ils peuvent coûter plusieurs millions de francs pacifiques.

Voilà. La crise a, donc, ceci de formidable qu'elle offre une occasion en or aux idées neuves de germer, puis d'étinceler au grand jour. À l'image de la magique Galatea...

(Ce carnet de route a été rendu possible grâce à l'invitation du Tahiti Congrès Management & Ressources humaines 2017.)

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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