Non, Montréal n'est pas «hot» pour la génération Z!

Publié le 05/09/2019 à 06:06

Non, Montréal n'est pas «hot» pour la génération Z!

Publié le 05/09/2019 à 06:06

Montréal est loin d'être idéale pour l'épanouissement des jeunes... (Ph: Dawid Zawita/Unsplash)

CHRONIQUE. Montréal se présente comme un «hub» de la créativité. Montréal se veut la «capitale mondiale» de l’intelligence artificielle (IA). Montréal se dit également «pôle d’attraction» auprès des étudiants universitaires du monde entier. Bref, Montréal se considère comme un aimant irrésistible pour la génération Z, c’est-à-dire pour tous ceux qui sont nés entre 1997 et 2012.

Le hic? C’est que tout cela n’a rien de vrai. Rien du tout. Montréal n’est pas «hot» pour la génération Z. À tout le moins si l’on en croit ce qui ressort d’une étude menée par le moteur de recherche immobilier Nestpick intitulée «2019 Generation Z City Index – The best cities for generation Z».

De quoi s’agit-il? Regardons ça ensemble…

Nestpick est parti du principe que la génération Z était née avec un gadget électronique dans les mains en guise de hochet, et qu’inévitablement il leur faudrait un milieu de vie hautement technologique pour s’épanouir sur les plans personnels et professionnels au début de leur vie. D’où leur idée d’évaluer 110 villes du monde entier à travers le prisme de 22 indicateurs liés, pour la majorité d’entre eux, à la technologie; puis, de dresser un palmarès mondial des villes les plus accueillantes pour la génération Z.

Parmi ces indicateurs figurent ainsi le degré de numérisation des administrations gouvernementales, la facilité d’accès à Internet, ou encore le niveau de développement des paiements en ligne. Il est également question d’égalité entre les sexes (y compris, bien entendu, les LGBT+), d’accès aux soins médicaux, de divertissement numérique (ex. : eSports), d’espaces de coworking, ou encore d’entrepreneuriat social. Autrement dit, autant de facteurs clés du développement individuel et collectif aux yeux des jeunes d’aujourd’hui qui font, pour certains, leur entrée sur le marché du travail.

Comment se situe, donc, Montréal dans ce palmarès mondial? Elle figure dans le Top 20, avec une note globale de 80,00 (la note de 100 est attribuée à la ville qui arrive en tête), plus précisément à la 15e place, juste derrière Helsinki (Finlande), avec une note de 80,33, et juste devant Göteborg (Suède), avec une note de 79,46. Et par conséquent, très loin du Top 5:

1. Londres (Grande-Bretagne), 100

2. Stockholm (Suède), 89,88

3. Los Angeles (États-Unis), 89,40

4. Toronto (Canada), 86,20

5. New York (États-Unis), 86,03

Quels sont les points forts de Montréal? Ils ne sont que deux:

- 8e place en matière de développement du paiement en ligne (note de 76,87)

- 9e place en matière d’entrepreneuriat social (74,42)

Et ses points faibles? Ils sont, disons, plus nombreux:

- 64e place en matière de numérisation des administrations gouvernementales (86,06)

- 55e place en matière d’espaces de coworking (28,89)

- 53e place en matière d’esprit entrepreneurial et de créativité (51,60)

- 50e place en matière de sécurité en ligne (69,93)

- 47e place en matière d’égalité pour les LGBT+ (69,75)

- 46e place en matière de politique gouvernementale de protection de l’environnement (84,73)

- 45e place en matière d’utilisation des médias sociaux (46,51)

- 44e place en matière d’eSports (9,52)

- 42e place en matière de multiculturalisme (51,71)

- 42e place en matière de coût de la vie (75,49)

On le voit bien, Montréal n’est pas le «hub» de la créativité que l’on croit (53e place mondiale). Et pas plus la «capitale mondiale» de l’IA que l’on croit (19e place mondiale, avec une note de 55,78, laquelle signifie que le secteur de l’IA est deux fois moins développé ici qu’à San Francisco, la numéro 1 du palmarès).

À l’échelle du Canada, Montréal est ainsi surclassée par Toronto, la 4e du palmarès mondial, et par Vancouver, la 10e. Ce qui indique que les jeunes d’aujourd’hui ont a priori nettement plus de chances de s’épanouir dans les métropoles de l’Ontario et de la Colombie-Britannique qu’ici même. Ni plus ni moins.

Cela va-t-il faire réagir nos instances dirigeantes à Montréal et à Québec, et les amener à prendre des mesures séduisantes aux yeux de la génération Z? Cela va-t-il, à tout le moins, faire arrêter certains de se péter les bretelles en proclamant haut et fort que les Montréalais sont les champions de ci et de ça (sans s’appuyer sur la moindre étude)? Hum, voire…

En passant, l’essayiste français Michel Guénaire a dit lors d’une entrevue accordée en 2015 au Figaro : «Passé le temps de l’émotion et du recueillement, vient celui de la lucidité et du combat».

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Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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ESPRESSONOMIE est le blogue économique d'Olivier Schmouker. Sa mission : éclairer l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui. Ce blogue hebdomadaire présente la particularité d'être publié en alternance dans le journal Les affaires (papier/iPad) et sur Lesaffaires.com. Olivier Schmouker est chroniqueur pour Les affaires et conférencier.

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