Les dessous de la Saint-Valentin...


Édition du 11 Février 2017

Les dessous de la Saint-Valentin...


Édition du 11 Février 2017

Le romantisme à la lumière de... la science économique! Photo: 123rf

Un souper aux chandelles, un bisou dans le cou ou un petit mot doux... Les Québécois aiment souligner la Saint-Valentin, chacun à leur façon. Un sondage mené l'an dernier par L'Observateur pour le compte du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) indiquait que quatre Québécois sur cinq avaient pris l'habitude de souligner cet événement.

L'idée, bien entendu, c'est de faire plaisir à la personne que nous aimons, en lui offrant quelque chose d'inattendu. Mais voilà, comment réussir son coup ? Comment faire de cette journée un souvenir impérissable ? C'est là que la science économique peut judicieusement entrer en jeu...

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D'abord, un peu de statistique. Le sondage du CQCD a mis au jour les cadeaux qui plaisent le plus :

Ce qui plaît aux Québécoises :

1. Une sortie au restaurant (58 %)

2. Un bouquet de fleurs (38 %)

3. Un spectacle (26 %)

4. Un bijou (25 %)

5. Du chocolat (23 %)

Ce qui plaît aux Québécois :

1. Une sortie au restaurant (58 %)

2. Un spectacle (35 %)

3. Une bonne bouteille de vin (29 %)

4. Un voyage (22 %)

5. Du chocolat (22 %)

Bref, nous mettons toutes les chances de notre côté si nous organisons une sortie au restaurant ou à un spectacle et si nous en profitons pour faire une sacrée surprise à l'autre (ex. : pour elle, de précieuses boucles d'oreilles assorties à ses yeux de biche ; pour lui, un week-end en amoureux à New York). L'important, c'est que ce qui est offert soit non seulement «un symbole d'amour» (83 %), mais aussi «original» (62 %).

«L'amour de ma vie ?»

Bien. Maintenant, allons plus loin, et osons nous poser la question qui tue : «La personne avec qui je vais passer la Saint-Valentin est-elle vraiment l'amour de ma vie ?» Là encore, la science économique peut voler à notre secours.

Il se trouve que Bruce Brown, professeur de mathématiques à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud à Sydney (Australie), s'est penché sur le sujet. Il a appliqué au mariage ce qu'on appelle en économie la théorie de l'arrêt optimal. Pas de panique, je vous explique !

La théorie de l'arrêt optimal considère que toute décision importante comporte des risques, si bien qu'il est crucial de choisir le meilleur moment pour agir ou pour se retirer. Par exemple, quand une entreprise d'informatique concocte un nouveau logiciel, il lui faut décider - sans se tromper - quand s'arrêter de le peaufiner et le lancer sur le marché. Si elle le fait trop tôt, les imperfections du logiciel sauteront aux yeux des premiers acheteurs, et ce sera un fiasco commercial. Si elle le fait trop tard, un concurrent en aura profité pour lui souffler le marché avec un produit similaire. Cette théorie permet donc de savoir quand arrêter son choix, une bonne fois pour toutes, sans retour en arrière possible.

Concernant le mariage, les travaux de M. Brown montrent que l'idéal est de laisser passer 37 % des premières élues de notre coeur, et que pour fixer le moment exact où l'amour de notre vie se présente à nous, il convient d'effectuer un petit calcul :

- Déterminer l'âge le plus vieux auquel nous sommes prêt à nous marier. Nommons-le N.

- Déterminer l'âge le plus jeune auquel nous aurions été prêt à nous marier. Nommons-le P.

- Soustraire P à N. Puis, multiplier le résultat par 0,37.

- Enfin, ajouter le résultat à P. Cela donne l'âge auquel il nous faut nous marier, puisque c'est à celui-ci que correspond, pour nous, l'arrêt optimal : la personne qui saura nous faire fondre à cet âge-là devrait être l'amour de notre vie.

Prenons un exemple. Disons que vous voulez vous marier avant vos 40 ans (N=39) et que vous auriez pu vous marier dès 24 ans (P=24). Dès lors, (N-P) x 0,37 = (39-24) x 0,37 = 5,55. Et 24 + 5,55 = 29 ans et demi. Autrement dit, si vous avez pile le bon âge (29 ans et demi, en l'occurrence) et si la personne que vous chérissez souhaite de tout coeur passer la Saint-Valentin avec vous, sachez que ce sera là le meilleur moment qui soit pour présenter une demande en mariage. CQFD.

Pas très romantique, tout ça, me direz-vous. Certes, mais saisir que la Saint-Valentin n'est pas nécessairement une corvée - en Amérique du Nord, 1 époux sur 4 se sent obligé de faire un cadeau et 1 épouse sur 5 se fait un cadeau à elle-même, leur mari n'y ayant même pas songé, d'après un sondage d'Offers.com - pourrait permettre d'embellir la vie de nombre d'entre nous. Qu'en pensez-vous ?

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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