Et si Legault s'inspirait de la première ministre du Danemark...

Publié le 24/03/2020 à 08:00

Et si Legault s'inspirait de la première ministre du Danemark...

Publié le 24/03/2020 à 08:00

Faire une fleur aux employeurs et aux employés. (Ph.: Erico Marcelino/Unsplash)

CHRONIQUE. Pandémie de COVID-19 oblige, le premier ministre François Legault met l’économie du Québec «sur pause» jusqu’au 13 avril. Ce qui signifie que les entreprises jugées «non essentielles» sont contraintes et forcées de mettre la clé sous la porte durant trois semaines, et donc, de renvoyer chez eux leurs employés. Ce qui va inévitablement se traduire par une vague de licenciements sans précédent.

«Les entreprises, qu’elles soient de la métropole ou de tout le Québec, sont durement touchées par les restrictions en vigueur. Presque toutes les PME sont maintenant en situation critique et, si rien n’est fait, elles n’auront pas d’autre choix que de mettre massivement à pied leur personnel», affirme Michel Leblanc, président et chef de la direction, de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Et d’ajouter : «Déjà la semaine dernière, on a vu un demi-million de nouvelles demandes d’assurance-emploi au Canada. On anticipe que près de 750 000 nouvelles demandes s’ajouteront d’ici vendredi», dit-il.

Le Québec est-il appelé à devenir un pays de chômeurs durant des semaines, voire des mois? Le système entrepreneurial québécois se doit-il d’être sacrifié afin que le système de santé, lui, tienne le choc?

La CCMM demande aux gouvernements de mettre en place d’ici quelques jours un système de subventions salariales qui seraient versées directement aux entreprises pour payer leurs employés mis temporairement à pied. Une mesure qui permettrait de ne pas mettre KO les entrepreneurs d’ici, et même de favoriser une reprise sans heurts lorsque le péril sanitaire sera derrière nous tous.

«Une telle approche offre en effet l’avantage de maintenir le lien d’emploi entre les travailleurs et leur employeur, ce qui élimine les traitements administratifs liés aux mises à pied et à l’inscription à l’assurance-emploi. Et, de façon très stratégique, elle facilitera la réintégration progressive des travailleurs lorsque la situation le permettra», estime M. Leblanc.

Autrement dit, M. Legault gagnerait sûrement à s’inspirer sans tarder de Mette Frederiksen, la première ministre du Danemark…

De fait, le Danemark a, lui aussi, prolongé hier l’état d’urgence jusqu’au 13 avril, qui confine à peu près toute la population à domicile. Mais à ceci près que cette décision drastique est accompagnée d’un programme d’aides à nul autre pareil:

- L’État paye de sa poche 75% du salaire de tous les employés du secteur privé, à condition que ceux-ci ne soient pas licenciés, mais en arrêt de travail chez eux. Le montant maximal ainsi versé est de 4.765 $ par mois. Pour ce faire, il a débloqué 55 milliards de couronnes (11,5 G$).

- L’État paye 100% du salaire des fonctionnaires renvoyés temporairement chez eux.

- L’État garantit à hauteur de 70% tous les nouveaux prêts accordés par les banques aux entreprises. Pour ce faire, il a débloqué 60 milliards de couronnes (12,5 G$).

- Au cas par cas, l’État verse des indemnités aux entreprises qui doivent payer des frais fixes devenus insupportables pour elles (ex.: le loyer de ses locaux, les obligations contractuelles, etc.).

- L’État repousse à l’automne tous les paiements d’impôts qu’auraient dû effectuer les entreprises ce printemps.

«Nous avons dû beaucoup changer nos comportements, et même notre façon de coexister. Il est primordial que cela soit soutenu et facilité par le gouvernement», a déclaré Mme Frederiksen lors d’un point de presse.

Nous voilà à un tournant de notre société. Un tournant déterminant pour notre avenir socioéconomique. À nous de ne surtout pas le rater. Ce qu’il est possible d’accomplir, pourvu que nous manoeuvrions à l’aide des leviers subtils que sont ceux de la Générosité et de la Solidarité. À bon entendeur salut!

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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