Bientôt une nouvelle révolution du transport à Montréal?

Publié le 08/12/2016 à 06:06, mis à jour le 08/12/2016 à 06:27

Bientôt une nouvelle révolution du transport à Montréal?

Publié le 08/12/2016 à 06:06, mis à jour le 08/12/2016 à 06:27

L'application Whim doit être disponible à Montréal d'ici peu... Photo: DR

Un nouveau concept de transport est peut-être bien sur le point d'être lancé à Montréal. Quel concept, au juste? Eh bien, ce que je me permets d'appeler «le transport à la demande». Explication.

Il y a de cela quelques jours, Sampo Hietanen, le PDG de la start-up finlandaise MaaS Global, a lâché une bombe dans le magazine américain MIT Technology Review : «Notre application Whim, qui est en train d'être expérimentée grandeur-nature à Helsinki en ce moment-même, va être bientôt disponible dans d'autres métropoles. Cela va commencer par Birmingham, en Grande-Bretagne. Devraient suivre Toronto et Montréal, au Canada», a-t-il dévoilé.

Mon nouveau livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement

Whim? Il s'agit d'une application qui a vu le jour en octobre dernier, en partenariat avec l'Autorité du transport régional de Helsinki (HSL). Pour un forfait mensuel de 249 euros (355 dollars), elle donne :

> un accès illimité aux "Bixi" (ils portent un autre nom là-bas), aux bus, aux trams, au métro et aux trains de banlieue de la métropole finlandaise;

> 5 000 points-Whim, lesquels peuvent être utilisés pour des courses en taxi (ces 5 000 points équivalent à 8 trajets de 10 kilomètres) ou pour une location de voiture (ces 5 000 points correspondent à une location de quatre jours d'affilée, incluant une fin de semaine).

Autrement dit, l'utilisateur qui entend aller d'un point A à un point B à Helsinki n'a qu'à prendre son cellulaire, ouvrir l'application Whim et indiquer où il veut se rendre pour que lui soient indiqués les différents trajets possibles, en fonction de ses préférences personnelles (par exemple, on peut prioriser les trajets qui prennent le moins de temps, ou alors un type de transport en particulier, comme le tramway). Lorsqu'il a identifié celui qui lui semble le plus intéressant, il lui suffit de le sélectionner, et d'y aller en suivant les instructions : si jamais il choisit, par exemple, de prendre un taxi, celui-ci sera réglé d'avance, il lui suffira de grimper dedans avec un «bonjour» et d'en ressortir, une fois à destination, avec un simple «merci».

«Grâce à Whim, nous nous positionnons comme des pionniers en matière de service de transport durable. Il y a, certes, des offres plus ou moins similaires, ici et là, mais pas d'offre aussi complète, à notre connaissance», a dit au magazine américain Asta Tuominen, directrice, développement, de l'Agence finlandaise des Transports, en ajoutant que si l'application suscitait un véritable engouement, elle favoriserait «une stabilisation des coûts du transport en commun pour les usagers».

Du coup, on peut raisonnablement avancer que le transport urbain est appelé à devenir à la demande. Avec tous les avantages potentiels que cela représente, d'après une étude interne de MaaS Global :

> Un moyen subtil d'équilibrer l'offre et la demande. Limiter la circulation des voitures tout en intensifiant le flux des transports en commun coûte cher, à tous points de vue : coûts supplémentaires pour la Ville, à l'image de ce qui se produit lorsqu'il faut dépêcher davantage de policiers dans les rues lorsqu'une ville décide d'opter pour la circulation en alternance (les numéros pairs un jour, les numéros impairs un autre, etc.); grogne des automobilistes; etc. Or, le transport à la demande permet, lui, de faire travailler ensemble le public et le privé (ex.: les compagnies de taxi), dans l'optique de combiner leurs forces pour offrir un meilleur service aux usagers. À la clé, un meilleur équilibre entre l'offre et la demande.

«À ce sujet, nous avons le secret espoir de ne plus voir aucune voiture, ou presque, dans le centre-ville de Helsinki d'ici 2025. Et ce, non pas en voyant la Ville adopter des mesures coercitives, mais en amenant chaque automobiliste à comprendre que le transport à la demande est plus efficace et moins coûteux pour lui», indique l'étude.

> Un moyen simple d'améliorer la santé des citoyens. L'application peut amener chaque utilisateur à constater qu'il peut gagner à laisser sa voiture un jour pour prendre les transports en commun. Ce qui l'amènerait à moins polluer l'atmosphère. Ou encore, elle peut lui faire réaliser qu'il pourrait très bien marcher davantage – ou recourir au "Bixi" – pour se rendre au travail, au lieu d'avoir le réflexe de toujours prendre la voiture.

> Un moyen intelligent de redessiner la métropole. L'application est à même de changer les habitudes de ceux qui voyagent chaque jour entre la banlieue et la métropole pour travailler. Si cela se produit bel et bien, le design de la ville pourrait en être modifié grandement : l'espace traditionnellement alloué aux voitures pourrait ainsi être dédié aux piétons, voire à des espaces verts. Ce qui procurerait une toute nouvelle expérience de vie en centre-ville.

Voilà. Une simple application semble susceptible d'entraîner une véritable révolution urbaine, un peu à l'image d'Airbnb qui est en train de bousculer l'industrie touristique ou de Spotify qui est en train de réinventer l'industrie musicale. Et ce, vraisemblablement pour le meilleur.

Reste maintenant à voir si Whim va bel et bien arriver sous peu à Montréal. MaaS Global laisse entendre, quant à elle, que des négociations sont en cours...

*****

Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire sur Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

Et mon nouveau livre : 11 choses que Mark Zuckerberg fait autrement