L'avenir prometteur du fabricant de masques Bien Aller

Publié le 09/06/2020 à 15:15

L'avenir prometteur du fabricant de masques Bien Aller

Publié le 09/06/2020 à 15:15

(Photo: courtoisie)

BLOGUE INVITÉ. Pour certaines organisations, la Covid-19 a eu un impact considérable sur leurs affaires. Pour d'autres, la pandémie est plutôt la raison de leur existence. Jordan et Mark Owen, deux frères originaires de Montréal ont fondé Bien Aller, avec leur ami Sean Tasse pour lutter contre la pénurie d'équipements médicaux disponibles en vendant des masques réutilisables en ligne. Après seulement deux mois d'activité, Bien Aller a fabriqué et vendu plus de 120 000 masques et a fait don de plus de 12 500 $ de leurs recettes à des œuvres caritatives locales comme CanadaHelps et le Centre de pédiatrie sociale Laval.

Leur succès fulgurant n'est pas le fruit du hasard. Les trois fondateurs voulaient aider, et ils ont vu une ouverture pour soutenir leur communauté face à une pandémie mondiale. 

« Notre génération veut aider les gens et redonner à la communauté, tout en ayant un modèle d'entreprise durable, dit Jordan Owen. Et nous pensons que Bien Aller fait exactement cela. Nous essayons d'incorporer dans toutes les activités de notre entreprise l’idée de faire du bien. »

Jordan, étudiant à la maîtrise en développement immobilier et urbanisme au Massachusetts Institute of Technology, est rentré à Montréal après l’annulation en mars des cours universitaires en présentiel à travers le pays. Les affaires immobilières de son frère Mark avaient été ralenties et Sean, leur associé, avait été licencié. Tous trois avaient besoin de quelque chose à faire.

Lors d’une sortie avec Jordan, Sean a mentionné son idée de fabriquer des masques réutilisables. Il avait remarqué que les gens autour de lui étaient inquiets et il voulait les aider à faire face à la pandémie. Lorsque Sean lui a proposé de faire équipe, Jordan a immédiatement accepté. Tous deux cherchaient une occasion de collaborer depuis des années, mais jusqu’à maintenant ils n’avaient jamais trouvé le bon projet.

Neuf jours plus tard, Jordan, Mark et Sean avaient déposé la marque Bien Aller, inspirée par la phrase « ça va bien aller, » que tant de Québécois affichent dans leurs fenêtres. C’est ainsi que, moins de deux semaines après avoir décidé de créer leur entreprise, ils se sont lancés.

Leur projet a tout de suite été une réussite. À tel point que Bien Aller a dû réviser son mode de production plus d’une fois durant sa brève existence. Au début, l’entreprise produisait entre 100 et 150 masques par jour en faisant appel à un réseau local de couturières. Pour répondre à la demande pour leurs produits, ils ont élargi leur équipe pour inclure d’autres couturières basées à Ottawa et à Montréal, produisant jusqu’à 3 000 masques cousus à la main par jour. Malgré cela, la demande a continué à augmenter et ils ont dû sous-traiter la production de masques à un fabricant en Corée du Sud. Ils sont maintenant en mesure de produire 40 000 masques par semaine.

« C’est le plus gros problème de cette entreprise, dit Jordan Owen. Tout dépend fortement des médias et de comment les gens se sentent. Nous avons l’impression de tout le temps devoir rattraper le temps perdu et d’essayer de tirer des leçons des besoins de notre clientèle au fur et à mesure. »

Alors que les co-fondateurs cherchaient un appui financier pour leur projet, ils ont découvert qu’il leur fallait plus d’expérience pour qu’un investisseur soit prêt à contribuer au développement de l’entreprise. Les trois jeunes professionnels ont donc décidé de verser une somme modeste qu’ils étaient prêts à risquer et à perdre en cas d’échec de l’entreprise. Toutefois, depuis leur lancement, le projet est entièrement autofinancé.

Lancer et gérer une entreprise pendant une pandémie mondiale a permis à Jordan Owen et à ses cofondateurs de vivre une expérience d’apprentissage unique en matière de leadership dynamique. En plus de l’activité de fabrication en Corée du Sud, ils supervisent une équipe pouvant compter jusqu’à 14 employés, en fonction du nombre de commandes et de leur stock.

« C’est très important de garder son sang-froid et faire preuve de leadership dans des situations stressantes, dit Jordan Owen. Il faut être capable de parler avec ses partenaires et ses employés. La tension entre les membres de l’équipe est normale et être capable de la gérer est la marque d’un bon leader. »

Les co-fondateurs de Bien Aller sont convaincus que leur entreprise a un avenir prometteur devant elle. Ils pensent que la pandémie de Covid-19 laissera une empreinte permanente en Amérique du Nord et que davantage de personnes porteront des masques dans leur vie quotidienne. En Asie de l’Est, il est courant de porter un masque chaque fois que l’on ne se sent pas bien pour protéger les autres. Bien Aller espère que l’Amérique du Nord adoptera également cette attitude au cours des prochaines années.

« Nos masques ont belle allure. Ils sont agréables à porter. Vous pouvez les laver et les réutiliser. Nous pensons vraiment qu’il y a là un avenir à long terme, dit Jordan Owen. »

Pour l’instant, Bien Aller ne livre qu’au Canada, où l’équipe est capable d’exécuter ses commandes le plus rapidement, mais elle étudie la possibilité d’ouvrir un centre d’exécution aux États-Unis pour avoir accès au marché américain. 

Karl Moore et Marie Labrosse. Karl est professeur agrégé à la Faculté de gestion Desautels et Marie est étudiante à la maîtrise en littérature anglaise, tous deux à l’Université McGill.

À propos de ce blogue

Chaque semaine, Karl Moore, professeur agrégé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, s’entretient avec des dirigeants d’entreprise de calibre mondiale au sujet de leur parcours, les dernières tendances dans le monde des affaires et l’équilibre travail-famille, notamment.

Karl Moore
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