L'art de communiquer avec ses supérieurs

Publié le 12/05/2020 à 14:43

L'art de communiquer avec ses supérieurs

Publié le 12/05/2020 à 14:43

Une personne discute en vidéoconférence devant son ordi

« L’objectif est d’avoir une relation mutuellement bénéfique », indique Liz Simpson dans « Why Managing Up Matters ». (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Le plus important pour être un bon gestionnaire est de se concentrer sur les gens qui vous entourent. Le deuxième facteur le plus pertinent, et c’est particulièrement vrai pour les personnes appartenant aux générations Y et Z, est d’apprendre à gérer ses supérieurs de manière efficace.

Nous, les Boomers et les membres de la génération X, avons appris cette leçon à la dure, en nous cognant la tête contre cette idée un peu trop souvent jusqu’à ce que nous ayons enfin compris. Je souhaite épargner aux générations futures quelques maux de tête.

Contrairement à ce que certains pensent, la gestion de ses supérieurs n’est pas un acte égoïste ; ce type de relation peut créer un cadre de travail plus dynamique et plus créatif pour tous.

Au cours des dernières années, le leadership a évolué, passant d’un rôle d’autorité à un rôle d’influence. Apprendre à apprécier et à s’adapter aux personnes qui ont des perspectives, des priorités et des personnalités différentes est donc une compétence essentielle à développer dans le monde du travail.

La gestion de ses supérieurs permet de mettre en pratique son influence sur les personnes qui ont une approche du travail différente de la vôtre.

Apprenez à regarder au-delà de vos propres besoins et perspectives et à prendre en compte les besoins et perspectives des autres. Cela vous aidera à gérer vos supérieurs, mais aussi à diriger votre propre équipe, une compétence utile à acquérir au début de votre carrière.

Tout le monde à un patron. Le PDG travaille pour le président du conseil d’administration, le président à son tour pour les actionnaires. Il y a généralement toujours quelqu’un au-dessus de soi dans la chaîne de commandement. Même lorsque vous parlez avec des entrepreneurs, qui lancent souvent leur propre entreprise pour ne plus avoir de patron, ils font toujours référence à l’incroyable pouvoir des clients, de leurs investisseurs et de leurs fournisseurs.

« L’objectif est d’avoir une relation mutuellement bénéfique »

La gestion de ses supérieurs, c’est regarder en dehors de soi. Liz Simpson explique ce point dans « Why Managing Up Matters » : « L’objectif de ce type de gestion ce n’est pas d’attirer la faveur de son gestionnaire, écrit-elle. C’est plus efficace que cela. » Il faut être un leader puissant pour gérer ses supérieurs et non chercher à flatter ceux qui se trouvent plus haut dans la hiérarchie de la compagnie. Au contraire, « l’objectif est d’avoir une relation mutuellement bénéfique, » comme l’indique une série de 20 minutes sur la gestion de ses supérieurs publiée par la Harvard Business Review en 2014.

Le premier principe de telles relations, et sans doute le plus important, est de comprendre comment votre patron aime communiquer.

Est-ce qu’il aime lire ou plutôt écouter? Aime-t-il les courriels ou les appels Zoom ? Préfère-t-il les réunions au téléphone ou en personne ? Vous demande-t-il d’organiser des réunions à l’aide d’un calendrier en ligne ou de faire un bref rapport lorsque vous vous croisez dans le couloir ? Les réunions en début de journée, les déjeuners ou les réunions autour d’un café sont-ils préférables pour eux ?

Au cours des trois dernières années, j’ai étudié les leaders silencieux ou introvertis en collaboration avec le Quiet Leadership Institute fondé par Susan Cain.

D’après mes recherches, si votre patron est plus introverti, il est plus susceptible d’être un lecteur, de préférer recevoir la documentation à l’avance et de favoriser les réunions organisées. 

Communiquez pour votre interlocuteur

Il voudra prendre son temps pour faire ses recherches, analyser les informations et y réfléchir plutôt que de faire des commentaires improvisés.

Nous avons tous tendance à préférer communiquer d’une certaine manière. Bien que cela puisse sembler évident, beaucoup d’entre nous ne reconnaissent pas ce fait.

Nous aimons penser qu’en tant que cadres ou employés compétents, nous pouvons faire passer notre message à tous les membres de notre équipe, quelles que soient nos préférences respectives en matière de communication.

Il est important d’être conscient de ces préférences, qui à leur tour affectent nos réponses.

Les extravertis, comme moi, ont tendance à aimer parler spontanément, en personne et souvent lorsque nous nous rencontrons dans le couloir.

Bien que cela fonctionne pour nous, la clé à retenir pour gérer ses supérieurs est que ce n’est pas la façon dont vous aimez communiquer qui compte.

Il s’agit plutôt de prendre conscience de la façon dont votre patron aime communiquer et d’intégrer cette prise de conscience dans votre propre style de communication.

Utilisez vos points forts, mais apprenez à être flexible et à vous appuyer sur le style préféré de votre interlocuteur.

Pour les membres de la génération X et les Boomers qui lisent ces mots, nous devons faire savoir à nos employés comment nous aimons communiquer et expliquer aux plus jeunes pourquoi nous aimons cette approche.

Le principe de ne jamais s’excuser ni jamais s’expliquer ne fonctionne pas avec les membres des générations Y et Z.

Lorsque nous expliquons nos décisions et nos points de vue, cela donne aux jeunes membres de l’équipe la possibilité d’améliorer nos idées et de nous tenir davantage au fait du monde d’aujourd’hui.

De plus, nous devons comprendre comment les membres de notre équipe aiment communiquer tout autant qu’ils ont besoin de comprendre comment nous aimons communiquer.

Alors qu’il y a 25 ans, par exemple, l’ensemble du bureau aurait dû s’adapter au style de communication du patron, aujourd’hui, nous devons nous efforcer de trouver la manière de communiquer préférée de chacun et nous adapter à ces préférences.

La série de la Harvard Business Review sur la gestion de ses supérieurs suggère qu’il est également important de clarifier son propre style de travail avec son cadre dans l’intérêt de la commodité et de la transparence.

Aujourd’hui, plus que jamais, la communication est une voie à double sens.

N’oublions pas le téléphone

Et pendant la crise actuelle ? Je pense que ce principe tient toujours, malgré les nombreux changements que nous avons constatés dans notre façon de travailler ces dernières semaines.

L’une des choses qui me frappent en tant que baby-boomer, est que l’appel téléphonique à l’ancienne est potentiellement plus efficace que Zoom, Microsoft Teams et tous les autres outils de vidéoconférence.

Il arrive que les vidéos soient retardées, que les images se figent ou que d’autres problèmes surviennent.

Les appels téléphoniques ont tendance à mieux relayer les nuances de la voix humaine.

Je passe un certain nombre d’appels lors de mes promenades quotidiennes et je trouve que c’est une façon plus authentique de communiquer avec les gens.

Apprenez donc comment votre propre cadre préfère communiquer pendant ce confinement et utilisez cette information à votre avantage.

 

Karl Moore et Marie Labrosse. Karl est professeur associé à la Faculté de gestion Desautels et Marie est étudiante en maîtrise de littérature anglaise, tous deux à l'Université McGill.

 

À propos de ce blogue

Chaque semaine, Karl Moore, professeur agrégé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, s’entretient avec des dirigeants d’entreprise de calibre mondiale au sujet de leur parcours, les dernières tendances dans le monde des affaires et l’équilibre travail-famille, notamment.

Karl Moore
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