Zippler : une start-up montréalaise secrète qui soulève des questions

Publié le 05/05/2014 à 09:28

Zippler : une start-up montréalaise secrète qui soulève des questions

Publié le 05/05/2014 à 09:28

[Photo : capture d'écran]

Zippler, une start-up montréalaise qui souhaite lancer un réseau social mobile basé sur la géolocalisation, a fait l’objet d’une acquisition pour le moins inhabituelle. Genius Properties, une Québécoise dans le secteur minier, a mis la main sur l’entreprise dans une transaction en actions s’élevant à environ 819 000 $, selon le cours actuel de l’action (10,5 cents). Genius Properties, qui est cotée au CSE (une petite bourse alternative), a pour sa part une valorisation d’à peine 2 165 000 $.

La transaction est d’autant plus curieuse que le réseau social de Zippler semble n’être qu’un concept qui, par ailleurs, n’a rien à voir avec l’industrie des mines. La version bêta de Zippler ne devrait pas être lancé avant 12 mois : « Il y a eu des mois et des mois de thinking, à raffiner le concept, explique Eric Aubertin, jusqu’à tout récemment pdg de Zippler. Par contre, le développement est vraiment à ses débuts.» 

Rejoint à San Francisco, où il était pour conseiller deux start-ups qu’il n’a pas voulu identifier, Eric Aubertin constitue le seul argument dont disposera Genius Properties pour convaincre des investisseurs du potentiel de Zippler. En effet, l’entrepreneur a bâti eFundraising.com avec Eric Boyko (aujourd’hui pdg de Stingray Digital), une entreprise qu’ils ont vendue 27 millions $US en 2000.

Or, Eric Aubertin ne restera pas à l’emploi de Zippler, quoiqu’il sera impliqué dans le projet à titre de conseiller. Un fait que Stéphane Leblanc, pdg de Genius Properties, a nié en entrevue, même lorsque je lui ai fait remarquer que c’était écrit noir sur blanc dans le communiqué émis par son entreprise : « Il va assumer la direction de Zippler, qui sera une filiale de Genius, la compagnie publique. Ça va être le président [de cette filiale]. »

Questionné à savoir pourquoi il acceptait de quitter son bébé s’il croyait en son potentiel, Eric Aubertin a répliqué qu’on n’aurait pas besoin de lui au quotidien durant la phase de développement : « Moi, je ne suis pas employé de l’entreprise, car je n’ai pas besoin d’être là tous les jours pour coder. Je ne suis pas un programmeur. En tant que key advisor, je vais continuer à guider le projet. » 

Stéphane Leblanc, pdg de Genius Properties, soutient être en train de chercher des bureaux pour Zippler à Montréal et qu’une dizaine de développeurs seront embauchés sous peu. Il n’est pas encore clair comment Genius Properties sera en mesure de financer Zippler. 

Stéphane Leblanc parle de courtiser des investisseurs de la Silicon Valley et compte sur Eric Aubertin pour l’aider avec ses contacts. Or, ce dernier semble compter sur le nouveau propriétaire de l’entreprise, dont il n’est pas même un employé, pour y parvenir : « Stéphane, il faut qu’il livre la marchandise et qu’il lève l’argent nécessaire pour financer le projet. »

Si Stéphane Leblanc est peut-être un expert avisé de l’industrie minière, son enthousiasme frôle la démesure lorsqu’il parle du futur de Zippler : « Le plan, c’est de développer la technologie de Zippler, puis on va faire un IPO directement avec la filiale au Nasdaq », m’a-t-il confié, tout à fait sérieux.

Dans ces circonstances, difficile de croire au sérieux des promoteurs de Zippler, malgré le spin qu’ils veulent donner au projet: «C’est une très très bonne idée, très détaillée […], soutient Eric Aubertin. Ce serait le fun d’avoir un genre de Facebook qui a été bâti à Montréal. » 

La comparaison avec Facebook fait tiquer, mais prêtons-nous au jeu. Si Mark Zuckerberg avait reçu une offre d’achat similaire, pensez-vous qu’il aurait sauté sur l’occasion de perdre le contrôle de son bébé contre une poignée d’actions à 10 cents ? Poser la question, c’est y répondre.

 

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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