Qu'est-ce qu'une chaire industrielle et pourquoi Ubisoft en finance une?

Publié le 18/03/2011 à 19:46, mis à jour le 09/08/2011 à 10:46

Qu'est-ce qu'une chaire industrielle et pourquoi Ubisoft en finance une?

Publié le 18/03/2011 à 19:46, mis à jour le 09/08/2011 à 10:46

[Photo : Ludovic Maillard]

Suite à mon billet d’hier, où j’évoquais la mise en place d’une chaire industrielle en intelligence artificielle financée par Ubisoft, plusieurs commentaires ont soulevé plusieurs points pertinents sur ce type de partenariat. Yves Jacquier, directeur des studios de services de production chez Ubisoft, m’a éclairé sur la nature de ce partenariat et les objectifs poursuivis par son entreprise en y participant.

D’abord, les chaires industrielles comme celle mise en place par l’Université de Montréal et Ubisoft sont encadrées par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). Outre la Chaire industrielle CRSNG-Ubisoft en apprentissage de représentations pour les jeux vidéo immersifs, de nombreuses autres chaires industrielles ont été mises en place au Québec. Parmi celles-ci, figurent notamment la Chaire de recherche industrielle CRSNG-Bell Canada en imagerie numérique personnelle à l’Université de Sherbrooke et la Chaire de recherche industrielle CRSNG-J. Armand Bombardier-Pratt & Whitney Canada en intégration du design pour l'efficacité des avions à l’École Polytechnique de Montréal.

Les chaires industrielles sont loin d’être assujetties aux besoins en recherche et développement des entreprises, puisque seul un universitaire peut déposer un projet de recherche au CRSNG : « Pour mettre en place une chaire, un chercheur doit proposer au CRSNG un projet détaillé d’une durée de cinq ans, explique Yves Jacquier. Parmi les critères essentiels pour que le projet soit recevable, il faut qu’il soit appuyé par un ou des industriels. » De plus, le entreprises partenaires de ces chaires n’ont pas le monopole des avancées qui y seront réalisées : « Il faut que les ententes de propriété intellectuelle soient conformes aux directives du CRSNG. Pour résumer, tout ce que les partenaires amènent sur la table qui leur appartenait déjà auparavant continuera à leur appartenir à la fin. Et tout ce qui constitue une découverte conjointe fera l’objet d’une négociation pour en établir la propriété intellectuelle. » Toutefois, peu importe comment s’établit la propriété des fruits de la recherche, leur résultat devra être publié… et ne pourra donc pas constituer un secret industriel.

Ubisoft, qui intégrera vraisemblablement des algorithmes obtenus grâce à cette nouvelle chaire dans ses jeux, considère le million de dollars sur cinq ans qu’il versera à l’université comme un investissement dans la créativité : « On est une compagnie technocréative et, à ce titre, on doit s’intéresser à ce qui se fait à l’extérieur pour nourrir cette créativité-là », affirme Yves Jacquier. Malgré la visibilité qu’obtient ainsi Ubisoft, ce dernier insiste sur le fait que ce partenariat n’est pas un effort de relations publiques : « Une chaire, trop souvent, c’est avant tout une affaire de communication, reconnaît-il. Nous, nous ne sommes pas là seulement pour faire un chèque, mais pour supporter la recherche qui va être faite. »

Outre le financement, Ubisoft mettra à la disposition des chercheurs du temps de leurs employés, leurs logiciels et même un laboratoire : « Si nous, nous pouvons avoir accès au savoir, aux idées, à créativité des étudiants, il nous a semblé important qu’eux aussi aient accès à nos technologies, à nos manières de faires et à nos meilleurs technologues à l’interne », conclut Yves Jacquier.

Mise à jour : À l'occasion de mon entrevue avec Yves Jacquier, j'ai posé une question, à savoir si Ubisoft obtiendrait un avantage fiscal en finançant une telle chaire, sur laquelle on m'a promis de me revenir. Voici la réponse officielle d'Ubisoft, dont le million accordé à l'Université de Montréal sur cinq ans n'est pas déductible d'impôt au même titre qu'un don à une oeuvre de bienfaisance : « Il n’y pas de retour spécifique à la chaire. Si Ubisoft réclame des crédits d’impôt, ce sera à travers les programmes réguliers de la RS&DE. »

 

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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