Pourquoi la nouvelle politique de Kickstarter a fait patate

Publié le 16/07/2014 à 15:33

Pourquoi la nouvelle politique de Kickstarter a fait patate

Publié le 16/07/2014 à 15:33

[Photo : Bloomberg]

La campagne virale du gars qui a utilisé Kickstarter pour financer sa salade de patates n’est pas anecdotique. Ce qui l’est, c’est la viralité de ladite campagne, qui a amené des contributeurs à verser (ironiquement) plus de 50 000 $ pour cette campagne. Par contre, le fait que son initiateur ait pu mettre en ligne cette campagne est lourd de sens.

Jusqu’à tout récemment, des employés de Kickstarter évaluaient chacun des projets avant leur mise en ligne et même des projets sérieux se voyaient exclus. Or, le 3 juin dernier, la plateforme a simplifié ses règlements, permettant désormais à quiconque de mettre en ligne une campagne sans avoir obtenu l’approbation d’un de ses gestionnaires de communauté.

Depuis lors, n’importe qui peut désormais lancer une campagne Kickstarter avec n’importe quelle idée, ce que la salade de patates de la semaine dernière est venue établir hors de tout doute. L’autre effet de la salade de patates a été de susciter la convoitise de nombreux émules.

Depuis la semaine dernière, les campagnes ridicules se sont multipliées, si bien que découvrir des projets locaux sur Kickstarter, comme celui de Cryptocat, est devenu ardu. À Montréal, où Kickstarter répertorie 392 projets au moment d’écrire ces lignes, une proportion substantielle d’entre eux semblent inspirés de la fameuse salade de patates.

Parmi les projets culinaires, le sandwich au bacon et au beurre d’arachides et les gaufres au poulet frit n’ont pas manqué d’attirer mon attention. La palme du projet le plus ambitieux, toutefois, revient au gars qui veut tout simplement devenir millionnaire grâce à sa campagne et faire un documentaire sur comment il y est parvenu.

Même si ces campagnes ne deviendront fort probablement pas virales, mais elles constituent un brouillard qui ne manquera pas de nuire aux projets légitimes. C’est d’autant plus dommage que ces projets semblent venir d’individus qui, avant d’entendre parler de la fameuse salade de patates, ne connaissaient pas même Kickstarter et tous les projets merveilleux qui y ont vu le jour, de la Pebble à l’Oculus Rift en passant par la Neptune Pine.

Certes, la nature même du sociofinancement est d’éliminer le filtre subjectif des intermédiaires qui se plaçaient auparavant entre les créateurs et le grand public. Aussi, on ne peut qu’applaudir l’effort de démocratisation de Kickstarter. Je ne propose donc pas que Kickstarter revienne à son ancienne politique.

Afin de mettre fin à son problème de salade de patates, Kickstarter pourrait apposer une pastille sur la page des projets évalués par ses employés ou encore permettre à la communauté de signaler les projets qui n’ont pas leur place sur la plateforme. Plusieurs mécanismes sont envisageables, mais à défaut d’agir, Kickstarter ne sera plus jamais cette oasis où la confiance régnait malgré tous les risques inhérents au fait de confier du financement à de purs inconnus.

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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