Les start-ups de jeux mobiles remplaceront-elles les grands studios à Montréal?

Publié le 04/03/2014 à 13:45

Les start-ups de jeux mobiles remplaceront-elles les grands studios à Montréal?

Publié le 04/03/2014 à 13:45

Le studio spécialisé dans les jeux mobiles Double Stallion Games, le premier à avoir complété le programme d'Execution Labs, a désormais ses propres bureaux. [Photo: courtoisie]

Pour les grands studios de jeux vidéo comme Ubisoft, Electronic Arts et Warner Brothers, les perspectives d’affaires ont déjà été plus reluisantes. Plus que jamais, ces studios ont besoin de frapper des coûts de circuits pour rencontrer leurs obligations, leur structure étant désormais trop lourde pour se permettre de développer des jeux de taille moyenne.

Certes, Grand Theft Auto V a généré pas moins d’un milliard de dollars US au courant des trois premiers jours de sa mise en vente. Malgré tout, ce type de mastodontes seraient en voie d’instinction dans un marché plus segmenté que jamais… où les consoles sont à peine plus puissantes que nos téléphones. C’est du moins ce que croit Daniel Ménard, pdg du studio Double Stallion Games, le premier studio de jeux mobiles à sortir de l’incubateur montréalais Execution Labs.

«Il va y avoir une évolution à Montréal, prévoit Daniel Ménard. À mesure que les gros studios vont fermer, de petits studios vont les remplacer. » Si le diagnostic posé par Daniel Ménard en regard des grands studios est plutôt juste, l’occasion d’affaires constituée par les jeux mobiles est peut-être plus difficile à exploiter qu’il n’y paraît. Après tout, Zynga, une société cotée en bourse, mise son avenir sur les jeux mobiles depuis plusieurs trimestres et n’a pas pour autant réussi à renouer avec la rentabilité.

Execution Labs fait malgré tout le pari d’offrir un programme d’incubation similaire à FounderFuel, mais adapté aux particularités de l’industrie du jeu. « Les autres accélérateurs, c’est juste trois mois, alors que ça prend neuf mois pour développer un jeu », explique Daniel Ménard. Si le programme est plus long, son modèle est aussi différent. Chaque co-fondateur y reçoit un salaire de 2000 $ par mois. En contrepartie, les co-fondateurs doivent céder 20 % des actions de leur studio à Execution Labs, ainsi que 30 % des recettes générées par leur jeu durant les 12 premiers mois suivant son lancement. Il est à noter que les règles d’Execution Labs ayant changé, Double Stallion a bénéficié de conditions sensiblement différentes.

Après avoir terminé le programme d’incubation de neuf mois, Double Stallion vole de ses propres ailes, notamment grâce à un billet convertible de 150 000 $ de la BDC. Le studio n’est toutefois pas encore rentable.

Son jeu, Big Action Mega Fight, a déjà obtenu quelque 400 000 téléchargements dans l’App Store d’Apple. Il s’agit d’un nombre de téléchargements respectable, mais pas suffisant pour permettre au studio de cinq employés d’être dans le vert. En effet, le jeu peut être téléchargé gratuitement et ne génère des revenus que lorsque les joueurs font des achats à l’intérieur de l’application. Pour augmenter ses revenus, Double Stallion devrait lancer une version Android de son jeu sous peu.

Si Double Stallion se révèle un succès, ce sera une victoire pour Execution Labs, qui aura ainsi une preuve concrète de la viabilité de son programme, que cinq autres studios sont en train de compléter. Malgré que sa boîte ne soit pas rentable, Daniel Ménard est optimiste : « La raison pour laquelle Execution Labs existe, c’est parce qu’il n’y a que des dinosaures dans l’industrie du jeu vidéo à Montréal. Dans un contexte où les studios étrangers font des mises à pied à Montréal comme l’ont fait Funcom et Electronic Arts en 2013, je pense que ce sont les petites compagnies comme nous qui vont survivre. »

Jason Della Rocca, co-fondateur d’Execution Labs, voit émerger la tendance, mais se montre moins pessimiste à l’égard des grands studios : « Il y a un virage dans l’industrie vers le mobile et Montréal est surtout connu pour ses jeux AAA ; ce que je pense, c’est que l’industrie du jeu à Montréal sera beaucoup plus diversifiée dans les prochaines années et que les studios mobiles comme Double Stallion vont cohabiter avec les Ubisoft de ce monde. »

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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