Aki Järvilehto, pdg d’EveryWear Games, m’a parlé de sa vision devant un repas riche en poissons, en marge de la conférence Slush. (Photo: Julien Brault)
HELSINKI - Alors que les mises à pied s’accumulent dans l’industrie du jeu vidéo à Montréal, encore associée aux jeux de consoles, l’industrie finlandaise du jeu vidéo ne s’est jamais mieux portée. Entre 2008 et 2014, le nombre d’emplois dans l’industrie finlandaise du jeu vidéo a même doublé, passant de 1147 à 2500. Le secret des Finlandais? Ils ont identifié et exploité avant tout le monde le changement de paradigme que constituait la montée en force des téléphones intelligents.
Sur toile de fond de l’effondrement du géant finlandais Nokia, de nouveaux géants du jeu mobile, dont la valorisation se chiffre en milliards de dollars, ont émergé en Finlande. Il s’agit de Rovio, surtout connu pour sa franchise Angry Birds, et de Supercell, pour sa part connu pour Clash of Clans. Son pdg Ilkka Paananen estime que les Finlandais avaient plusieurs années d’avance sur les autres développeurs en raison de la présence de Nokia, pour qui plusieurs studios (dont Sumea, qu’il a vendu en 2004), développaient des jeux mobiles avant l’ouverture de l’App Store en 2008.
J’avais donc l’impression d’entendre une histoire familière lorsque Aki Järvilehto, pdg d’Everywear Games, m’a parlé de sa vision devant un repas riche en poissons, hier, en marge de la conférence Slush, qui se déroule en ce moment à Helsinki. «Nous avons passé un an à travailler sur Runeblade (un jeu exclusivement destiné à l’Apple Watch), alors, nos compétiteurs auront du mal à nous rejoindre, surtout que les consommateurs ont tendance à se rappeler du premier», m’a alors confié Aki Järvilehto.
S’il n’a pas voulu me dire combien de joueurs avaient téléchargé Runeblade, il m’a dit que ses utilisateurs étaient littéralement obsédés par le jeu. Ceux-ci s’y connecteraient en moyenne tous les 6 minutes durant leur heures d’éveil: «La première fois que j’ai vu ces chiffres, j’ai pensé à une erreur, mais c’est la réalité», m’a confié l’entrepreneur finlandais, dont la start-up a obtenu un financement d’amorçage d'un peu plus deux millions de dollars US.
Runeblade, un jeu de rôle, n’est pas le seul jeu compatible avec l’Apple Watch, mais il s’agit du seul jeu relativement complexe conçu de A à Z pour l’Apple Watch. Dans les faits, ceux qui n’ont pas d’Apple Watch ne peuvent pas y jouer, un choix qui permettrait à la petite équipe d’Everywear Games d’offrir une expérience de jeu supérieure sur la nouvelle plateforme. À plus long terme, Aki Järvilehto voudrait créer des jeux pour d’autres «ordinateurs vêtements» (wearable computers) que l’Apple Watch, espérant pouvoir reproduire l’exploit de Rovio et de Supercell grâce à l’émergence de ces nouvelles plateformes.
