[Photo : Bloomberg]
BLOGUE. L’acquisition du service de partage de photos Instagram par Facebook au prix d’un milliard de dollars a frappé les esprits hier. Sur le plan financier, la transaction dépasse presque l’entendement, puisqu’Instagram n’a que 13 employés et ne réalise aucun revenu. Toutefois, sur le plan stratégique, la conquête des moins de 13 ans est fort probablement l’un des facteurs clefs ayant motivé la transaction.
Certes, Facebook pourra mettre à profit ses infrastructures pour héberger le service, qui tire parti des services d’informatique en nuages d’Amazon depuis ses débuts. Toutefois, Facebook n’est pas dans l’industrie de l’hébergement et cette éventuelle synergie ne peut en aucun cas expliquer une transaction d’un milliard de dollars. On peut aussi imaginer que Facebook intégrera les outils d’édition de photos (dont les populaires filtres) d’Instagram, mais il ne fait pas de doute que Facebook aurait pu développer de tels outils à l’interne à peu de frais.
En achetant Instagram, Facebook aura accès aux informations personnelles des 30 millions de membres d’Instagram et pourra ainsi servir des publicités à un nombre accru d’utilisateurs. Toutefois, comme Instragram sert surtout à partager des photos sur Facebook et Twitter, il faut garder en tête qu’une grande partie des membres d’Instragram sont déjà membres de Facebook.
[ Mise à jour : Contrairement à Facebook, Instagram, tout comme Twitter d’ailleurs, n'exclut pas les moins de 13 ans de son site. Bien que ses conditions d'utilisation précisent qu'il faut avoir 13 ans pour utiliser le service, Instagram attire un grand nombre d’utilisateurs de moins de 13 ans. En effet, il n'est pas nécessaire de préciser son âge pour s'inscrire à Instagram et rien indique que le service s'assure que ses membres ont plus de 13 ans. Pour sa part, Facebook exclurait quelque 20 000 membres par jour qui auraient mentis sur leurs âge pour créer leur profil. ]
Facebook, par ailleurs, ne peut pas abandonner l’âge minimum de 13 ans, puisque le réseau s’attirerait les foudres de l’opinion publique. Pire encore, d’éventuels cas de pédophiles utilisant le réseau pour entrer en contact avec des victimes, comme il y en eu sur MySpace, pourrait faire très mal au réseau, voire le conduire à sa perte.
Ainsi, Facebook a mis un milliard sur la table pour éviter d’être le réseau social d’une ou deux générations seulement. De plus, alors qu’environ un être humain sur 7 est membre du réseau sur la planète, ceux de moins de 13 ans constituent un marché non négligeable pour Facebook.