Est-ce le début de la fin pour les sites d'enchères à un sou?

Publié le 28/03/2011 à 16:32, mis à jour le 28/03/2011 à 18:03

Est-ce le début de la fin pour les sites d'enchères à un sou?

Publié le 28/03/2011 à 16:32, mis à jour le 28/03/2011 à 18:03

[Photo : Bloomberg]

Le site basé en Allemagne Swopoo, qui a popularisé le concept d’enchères à un sou à l’échelle planétaire, s’est effondré. L’entreprise qui l’exploite, Shopping Entertainment AG, s’est place sous la protection de la loi sur les faillites, a révélé Technologizer le 25 mars dernier, tandis que le site Internet en tant que tel n’est plus en ligne, soi-disant pour des raisons techniques.

Les sites d'enchères à un sou, pour ceux qui n’auraient pas entendu parler de ces étranges créatures, ont un modèle d’affaires qui ressemble davantage à celui d’une loterie que d'un site d'enchères comme eBay, puisque la majeure partie des clients y engloutissent de l’argent sans rien obtenir en retour. En effet, les sites d’enchères à un sou chargent à leurs clients des frais d’un dollar non remboursable par mise, laquelle fera monter le prix de l’objet convoité d’un seul sou à la fois. Si le gagnant d’une enchère réussit par exemple à mettre la main sur une télévision à écran plat pour 25 $, les clients du site auront dépensé collectivement quelque 2500 $ en mises pour tenter de mettre la main sur l’objet. Quoique sa légalité en regard des différentes législations régissant les jeux de hasard soit douteuse, le concept est à première vue propre à générer une rentabilité intéressante.

Ironiquement, la rentabilité initiale de Swopoo a incité une multitude d’entrepreneurs issus des quatre coins de la planète à lancer des sites similaires. L’absence d’une barrière à l’entrée significative pour lancer ce type de sites pourrait ainsi avoir contribué à mener Swoopo à sa perte. Si d’innombrables clones lui survivent, ce n’est peut-être qu’une question de temps avant qu’ils ferment eux aussi leurs portes. Seulement au Québec, ce site en dénombre quelque 44 déclinaisons, dont déjà 6 ont fermé leurs portes. Le pionnier québécois, bidou.ca, s’est même payé des publicités à la télé et à la radio, dont notamment à l’antenne de V.

Le marché des sites d’enchères à un sou n’est pas sans avoir quelques similarités avec celui des sites d’achats groupés, dont le pionnier américain, Groupon, pourrait être valorisé à quelque 25 milliards de dollars lors de son introduction en bourse. La question devrait faire l’objet d’un billet à part entière, mais l’absence de barrière à l’entrée dans le marché des sites d’achat groupé a donné lieu à une vague déferlante de compétiteurs. Aux États-Unis, de nombreux géants du Web, comme Facebook, Amazon et Google investissent ce marché tout comme des centaines d’entrepreneurs misant sur la spécialisation pour tirer leur épingle du jeu. Le New York Times consacre d’ailleurs un article à ces sites, dont certains s’adressent aux juifs, aux propriétaires d’animaux ou encore à ceux qui souffrent d’intolérance au gluten.

Le Québec ne fait pas exception à cette tendance, avec une multitude de sites locaux et étrangers, dont Branchez-Vous! dresse ici une liste non exhaustive. Tuango, le pionnier québécois qui affiche notamment des publicités dans le métro, affirme réaliser des ventes de plus d’un million de dollars par mois. La question n’est donc pas de savoir si le modèle d’affaires de ces sites est intéressant ou non, car il l’est sans aucun doute, mais de savoir si l’un d’entre eux pourra conserver ses parts de marché à long terme. L’avenir nous dira ce qu’il adviendra de cette industrie en pleine effervescence, mais une chose est sûre : je n’achèterai pas une seule action de Groupon lors de son appel public à l’épargne.

 

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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