Comment et pourquoi je suis devenu e-résident de l'Estonie

Publié le 14/12/2015 à 14:49

Comment et pourquoi je suis devenu e-résident de l'Estonie

Publié le 14/12/2015 à 14:49

La consul d'Estonie m'a remis ma carte d'e-résident ce lundi à Ottawa.

Ce lundi matin, à 10h39, je suis officiellement devenu e-résident de l’Estonie, un petit pays flanqué de la Russie à l’Est et de la Finlande au Nord. Après avoir scanné mes empreintes digitales, la consul rattachée à l’ambassade d’Estonie à Ottawa m’a remis ce matin ma carte d’e-résidence, un lecteur de cartes USB et une enveloppe scellée dans laquelle se trouvait mon mot de passe.

Je ne suis pas en processus d’immigration en Estonie. Toutefois, comme 6 890 personnes avant moi, j’ai été attiré par les bénéfices de la e-résidence ou résidence électronique, un statut prometteur que l’Estonie a introduit en 2014. Ce n’est toutefois que depuis mai 2015 qu’il est possible de remplir un formulaire en ligne et d’aller récupérer sa carte d’e-résident dans quelque 38 consulats et ambassades de l’Estonie. Avec cette carte en poche, je peux désormais ouvrir un compte de banque en Estonie ou y incorporer une entreprise en quelques clics. Je reviendrai toutefois plus tard dans ce texte sur les bénéfices de l’e-résidence estonienne.

Le 15 novembre dernier, j’ai donc appliqué en ligne et payé les frais de 51 euros (77$) par carte de crédit. Avant d’attribuer la e-résidence à ceux qui appliquent en ligne, l’Estonie fait une vérification des leurs antécédents. Les postulants qui ont un dossier judiciaire sont ainsi automatiquement rejetés. Dans mon cas, ce processus n’a pris que quelques jours, si bien que le 23 novembre, j’ai reçu un courriel m’affirmant que ma candidature avait été retenue. Ce n’est toutefois que le 10 décembre dernier que j’ai reçu un courriel de l’Ambassade de l’Estonie à Ottawa m’invitant à prendre rendez-vous au téléphone.

Compte tenu de la facilité avec laquelle j’ai obtenu ma e-résidence, j’ai été surpris de constater qu’aussi peu de Canadiens en avaient fait autant. En effet, sur ce tableau de bord sur les e-résidents de l’Estonie, on constate que seuls 88 Canadiens ont appliqué et que 40 d’entre eux ont reçu leurs cartes. Sans surprise, ce sont les citoyens des voisins finlandais et russes qui ont appliqué en plus grand nombre, avec respectivement 1565 et 697 postulants.

Pourquoi je suis devenu e-résident de l’Estonie

Contrairement au statut de résidence, la e-résidence estonienne ne permet pas de résider dans le pays, qui est membre de l’Union européenne. Il permet toutefois à l’ensemble de la planète de bénéficier du système d’authentification unique mis au point par l’Estonie. Grâce à ce système basé sur une identification à deux facteurs (la carte et le mot de passe), les citoyens de cette ancienne république soviétique n’ont pas besoin de sortir du confort de leur salon pour voter, payer leurs impôts, incorporer une entreprise ou même signer des contrats officiels.

La e-résidence estonienne pourrait un jour me servir à créer une société estonienne, à travers laquelle je pourrais éventuellement facturer en euros mes clients européens. Certes, je travaille à temps plein au journal Les Affaires, mais lorsque j’étais pigiste, mes clients n’étaient pas tous Québécois.

Pour une entreprise québécoise, ouvrir une filiale en Estonie pourrait aussi être un moyen d’avoir un pied à terre dans la zone euro. Certes, l’Estonie n’est pas un paradis fiscal comme le sont le Luxembourg ou Jersey. Cependant, l’impôt corporatif en Estonie de 20% ne s’applique qu’au moment où une entreprise verse des dividendes à ses actionnaires. C’est donc un régime fiscal qui s’apparente à un paradis fiscal pour une start-up, pourvu qu’elle réinvestisse tous ses profits dans sa croissance.

Il suffirait de quelques minutes pour préparer un rapport d’impôt en ligne en Estonie, si bien qu’un Estonien m’avait confié qu’il n’y avait pas d’avocat fiscaliste en Estonie. Ainsi, ce n’est pas tant le régime fiscal que le faible coût d’exploitation d’une société estonienne qui rend cette avenue attrayante.

Les banques et le gouvernement estonien ne sont pas les seules organisations à utiliser le système d’authentification de l’Estonie, que tous les développeurs d’applications qui le souhaitent peuvent intégrer à leur service en ligne. Notamment, Fundwise, un concurrent européen de Kickstarter, permettra sous peu aux e-résidents de l’Estonie de s’identifier grâce au système.

Je n’ai pas encore créé d’entreprise estonienne et je ne peux pas confirmer si le processus prend véritablement 18 minutes, comme le soutient le gouvernement estonien. Le journaliste Cyrus Farivar a essayé en août dernier, et il semble que les promesses de la e-résidence n’aient pas été tenues. Cela dit, on parle quand même d’un instrument d’identification qui est encore très jeune à l’échelle de l’histoire des pièces d’identité et je ne serais pas surpris d’obtenir de meilleurs résultats. Eh non, ceci n’est pas le dernier blogue que je consacrerai à la e-résidence.

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À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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