Ces étudiants montréalais ont obtenu 30 000 $ pour fabriquer du pot biosynthétique

Publié le 19/09/2014 à 12:03

Ces étudiants montréalais ont obtenu 30 000 $ pour fabriquer du pot biosynthétique

Publié le 19/09/2014 à 12:03

Les Montréalais Kevin Chen et Sarah Choukah se sont vu confier 30 000 $ pour développer du pot biosynthétique. [Photo : Julien Brault]

Nombreux sont les étudiants de 2e et 3e cycle qui expérimentent avec le pot. Ce qui est moins commun, c’est ceux comme les Montréalais Sarah Choukah et Kevin Chen, qui se sont vu confier 30 000 $ pour faire de leurs expérimentations une start-up.

Étudiant respectivement à l’Université de Montréal et à McGill, ces derniers ont été invités à se joindre à la première cohorte de l’incubateur irlandais SynBio Axlr8r. Ils ont ainsi passé trois mois à Cork, où ils ont peaufiné leur plan d’affaires tout en s’efforçant de développer une méthode de production biosynthétique de THC – la composante psychoactive de la marijuana .

«Beaucoup de gens ont eu l’idée, mais le génome de la plante a été séquencé et rendu public seulement en 2011, explique Sarah Choukah, pdg de Hyasynth Bio. C’était encore farfelu comme idée il n’y a pas longtemps, alors que maintenant, c’est faisable, et il y a la législation sur le cannabis médical qui est en train de changer un peu partout. »

Brasser du pot

Pour parvenir à leur objectif, les cinq cofondateurs de Hyasynth Bio comptent introduire les gènes du cannabis dans le génome d’une levure. Ce processus permettrait ainsi de faire baisser les coûts de production du THC, qui pourrait être produit dans des cuves de fermentation, comme la bière, par exemple.

Le THC biosynthétique produit par Hyasynth Bio ne devrait pas servir à rouler des joints. Sarah Choukah estime que la composante pourrait être administrée par l’entremise de timbres médicamenteux, de vaporisateurs ou encore de poches de thé.

Au-delà des questions de coûts, l’industrie du cannabis médical aurait de la difficulté à établir les dosages optimaux, puisque la plante réunirait une soixantaine d’ingrédients actifs dont la composition peut varier. Ce problème ne se poserait plus avec le THC biosynthétique de Hyasynth Bio.

Sarah Choukah et Kevin Chen ne sont pas parvenus à créer leur première molécule de THC cet été : « Ce sont des délais dans la livraison de séquences qu’on a commandées qui nous ont empêchés d’aboutir durant le programme », explique Kevin Chen, directeur de l’exploitation de Hyasynth Bio et étudiant en biochimie.

Biohacking

Malgré le caractère encore expérimental de leur projet, Sarah Choukah croit que Hyasynth Bio aura un produit commercial entre les mains d’ici deux ans. L’objectif semble ambitieux, mais la vitesse à laquelle évolue la génétique pourrait multiplier le nombre d’innovations issues de la discipline au courant des prochaines années.

Sarah Choukah, une doctorante en communication à l’Université de Montréal, est la preuve vivante que la biologie n’est plus la chasse gardée de chercheurs en robe blanche. Cette dernière a eu la piqûre en 2012, alors qu’elle était une fidèle de Genspace, un espace de biohacking établi à New York, où des non-initiés peuvent s’initier à la génétique.

Sarah Choukah a par la suite participé à plusieurs concours dans le domaine, où elle a rencontré les cofondateurs de Hyasynth Bio qui, contrairement à elle, ont tous étudié dans un domaine lié à la biologie. Aussi, ce n’est qu’après avoir entendu parler du programme de SynBio Axlr8r qu’elle a cofondé Hyasynth Bio et que l’idée de produire de la THC biosynthétique s’est imposée.

Malgré la chute dramatique des coûts associés au séquençage génétique, Hyasynth Bio aura besoin de plus que 30 000 $ pour poursuivre ses recherches sur le pot. Aussi, Sarah Choukah et Kevin Chen se rendront à San Francisco pour prendre part à un Demo Day organisé par SynBio Axlr8r la semaine prochaine.

Il semble donc peu probable que les cofondateurs de Hyasynth Bio empruntent une page au plan d’affaires de Walter White.

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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