Ce graphique illustre ce qui cloche avec le financement en capital de risque au Québec

Publié le 08/12/2015 à 18:11

Ce graphique illustre ce qui cloche avec le financement en capital de risque au Québec

Publié le 08/12/2015 à 18:11

Une étude dévoilée ce mardi permet d’identifier ce qui cloche avec l’écosystème québécois de capital de risque. D’une profondeur sans précédent, l’étude réalisée par PwC analyse pas moins de 1944 rondes de financement réalisées entre 2012 et 2014. Durant cette période, les investisseurs en capital de risque ont injecté chaque année (en moyenne) 97 millions dans des rondes d’amorçage, 400 millions dans des rondes de démarrage et 285 millions dans des rondes de post-démarrage (de croissance).

Ces chiffres incluent les investissements réalisés par les investisseurs de l’extérieur du Québec, qui ont d’ailleurs injecté 51 % du capital de risque investi dans des start-ups québécoises du secteur des TI. En effet, 26 % du capital de risque investi en TI au Québec provenait du Canada anglais et 25 % du reste du monde (lire des États-Unis). Les autres secteurs étaient toutefois dominés par les investisseurs québécois.

Ces chiffres permettent de constater à l’étendue du problème de la distribution du capital de risque parmi les principaux stades de développement au Québec. Comme on peut le constater sur le graphique ci-dessus, alors qu’à peine 2% du capital de risque a été attribué au stade de l’amorçage aux États-Unis (en bleu) en 2014 ce pourcentage atteint 12,4% au Québec (en rouge). A contrario, le pourcentage du capital de risque attribué au stade du post-démarrage atteignait 67 % aux États-Unis, selon la National Venture Capital Association, contre 36,4 % au Québec.

Certes, les rondes de financement de croissance annoncées cette année par Lightspeed et Breather contribueront à améliorer les statistiques québécoises en 2015. Cela dit, il faudra plus que deux ou trois rondes de financement pour régler le problème, qui semble condamner les start-ups québécoises à rester petites ou à se faire acquérir.

Ce déséquilibre pourrait aussi expliquer pourquoi les trois start-ups valorisées à plus d’un milliard créées dans l’histoire récente du Canada (Kik, Hootsuite et Shopify) ne viennent pas du Québec. Or, c’est quand même 15% des capitaux de risque investis au Canada en 2014 qui ont été injectés dans des start-ups québécoises, selon la Canadian Venture Capital & Private Equity Association.

Ce manque de capital de risque au stade de la croissance pourrait aussi encourager les entrepreneurs québécois qui voient grand à s’exiler en Californie. C’est ce qu’ont fait les co-fondateurs d’AppDirect Nicolas Desmarais et Daniel Saks, qui sont aujourd’hui co-pdg d’une start-up valorisée à plus d’un milliard.

C’est aussi ce qu’a fait le Québécois Greg Isenberg qui a déménagé à San Francisco dans la foulée de l’acquisition de 5by par Stumble Upon. Même si Greg ne travaille plus pour Stumble Upon depuis quelques mois, et qu’on vient d’annoncer la fin de 5by, il me confiait vendredi dernier, dans le cadre d’un événement organisé par MTL Newtech, qu’il travaillait sur une nouvelle start-up et qu’il n’avait pas l’intention de la bâtir à Montréal.

Durant sa petite présentation, il a d’ailleurs eu des mots durs pour l’écosystème de financement à Montréal : «Tout le monde se félicite des financements qu’il y a eu récemment à Montréal, avait-il déclaré en substance. Pour moi, c’est juste OK; des rondes de financement B, ça fait partie du quotidien dans la Valley et je pense que Montréal peut faire mieux.»

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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