Contribuer à un futur enviable

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Décembre 2017

Contribuer à un futur enviable

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Décembre 2017

Mais qu’est-ce qui nous a pris ? À l’heure où les populistes de tous crins reprochent aux médias de véhiculer de fausses nouvelles, nous vous offrons cette semaine un… reportage-fiction ! Dans son texte « Montréal selon Amazon », notre journaliste Daniel Germain nous transporte 15 ans dans l’avenir, pour découvrir à quoi ressemblera la métropole si le géant américain la choisit pour y installer son 2e siège social américain. Bien entendu, cet exercice de futurologie est fondé sur une solide méthode journalistique de collecte des faits auprès de sources fiables et diversifiées. On est loin du registre de la fausse nouvelle, on est dans l’analyse prospective.

Sans rien enlever au plaisir que vous aurez à lire son texte, je peux vous dévoiler que Daniel nous décrit un futur enviable si un tel scénario se réalisait. Et je dois dire que ça, c’est à contre-courant de bien des choses que j’ai lues ou vues récemment.

Prenez la série télé britannique Black Mirror. Ça date de 2011, vous l’avez sans doute vue, mais j’avoue que je ne connaissais pas encore. Sur la recommandation de Francis Gosselin, économiste et nouveau blogueur sur les transformations numériques sur lesaffaires.com, j’y ai jeté un œil. Chaque épisode est construit comme une nouvelle fantastique fondée sur une dystopie technologique. Le monde qu’on nous y promet est donc tout sauf enviable. Les humains se trouvent aliénés par les technologies qui étaient censées leur simplifier l’existence.

Le péril technologique est une pensée envahissante. On ne peut pas parler d’intelligence artificielle sans avoir des frissons d’angoisse. Et si nos jobs disparaissaient… Et si nos vies même disparaissaient ! Je viens de terminer la lecture de Sapiens, de Yuval Noah Harari, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem. J’ai adoré ce long essai qui raconte notre espèce sous un angle historique, éthique, scientifique et technologique. Mais il y a de quoi paniquer à la lecture des dernières pages. Si ce n’est pas le génie génétique ou la destruction des écosystèmes, c’est le génie cyborg ou la robotique qui aura raison de l’humanité. L’auteur conclut : « Nous sommes plus puissants que jamais, mais nous ne savons trop que faire de ce pouvoir. »

Vous me trouvez peut-être intense à vous inviter à ce type de questionnements philosophiques. C’est pourtant le corollaire de l’accélération technologique que nous connaissons. Yoshua Bengio, éminence de l’intelligence artificielle et scientifique québécois le plus cité dans les médias depuis le début de l’année (659 mentions selon eureka.cc), le dit régulièrement dans les nombreuses conférences qu’il donne : il ne croit pas que la science-fiction dépeigne notre avenir, les machines sont loin d’être aussi intelligentes que les hommes, et nous devons concevoir les technologies comme étant au service de l’humanité, et non l’inverse.

Alors, à quel monde voulons-nous contribuer ? Celui du texte de Daniel Germain, tout en verdure et en fluidité, ou celui de Black Mirror, tout en écrans et en artifices ?

Nous changeons d’année dans quelques jours. C’est un bon moment pour réfléchir à nos options.

Julie Cailliau
Rédactrice en chef, Groupe Les Affaires
julie.cailliau@tc.tc

À propos de ce blogue

Julie Cailliau est éditrice adjointe et rédactrice en chef du Groupe Les Affaires, dont l’équipe de journalistes chevronnés publie le journal Les Affaires, le site lesaffaires.com et le magazine Les Affaires Plus. Elle est également présidente du conseil d’administration de la Fondation des prix pour les médias canadiens. Diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille, en France, Julie a pratiqué le métier de journaliste au sein de plusieurs publications françaises et québécoises. Dans une vie précédente, elle a œuvré à titre d’ingénieure en biotechnologies. Son « why », c’est d’apprendre et d’informer afin de nous permettre de faire les bons choix. La prise de conscience de l’urgence environnementale et l’émergence de l’entrepreneuriat social comptent pour elle parmi les tendances les plus réjouissantes actuellement.