La révolution alimentaire frise l'indigestion

Publié le 16/06/2017 à 06:20

La révolution alimentaire frise l'indigestion

Publié le 16/06/2017 à 06:20

Photo: 123rf.com

Selon Kimbal Musk, le frère de l’autre, «l’alimentation est le nouvel Internet». Autrement dit, la vague d’innovations qui submerge nos assiettes actuellement préfigure une révolution digne de celle du www.

Un exemple parmi bien d’autres: lundi matin, je recevais une invitation de La boîte maraîchère, qui veut «sauver la planète» et «bouleverser les modèles d’approvisionnement au Québec et au Canada» grâce à l’agriculture urbaine.

Il est vrai que l’inscription à la Bourse de Toronto, la semaine dernière, de GoodFood, une startup qui livre des repas en kit au domicile de ses clients, est en soit une petite révolution.

Il faut remonter à Stingray(Tor., RAY.A), en 2015, pour trouver une autre entreprise québécoise qui a pris aussi le pari d’ouvrir son capital. GoodFood fait partie d’une myriade d’étoiles montantes qui promettent de changer du tout au tout notre façon de nous alimenter.

Dans le créneau des plats pré-portionnés à cuisiner chez soi, pensez à CookIt et au concurrent Kuisto, qu’elle a avalé en avril; pensez à MissFresh, une troisième québécoise à se disputer ce marché; pensez à Chef’s Plate, de Toronto, qui sert aussi le Québec avec un site entièrement traduit et qui m’a impressionnée par la qualité de son SEO; pensez aussi à l’armada mondiale partie de Suède et aujourd’hui commandée par l’allemande Hello Fresh ou l’américaine Blue Apron.

Il y a tant de ces startup qu’on a jugé nécessaire de créer un comparateur en ligne.

Et puis pensez aux plateformes de livraison de repas tout préparés comme Just Eat, Foodora, UberEats et un joueur nouveau et incongru, Vice Media, qui vient d’annoncer qu’elle livrera désormais des repas sous la marque Munchies.

Et ajoutez à cela la pléthore de celles qui moulinent des criquets ou qui écrasent des fruits passés date, et vous obtenez, pour de vrai, les ferments d’une révolution.

Ou une mode entrepreneuriale, selon le point de vue.

Une mode risquée pour les investisseurs. La concurrence est rude. Des services de livraison ferment boutique aux États-Unis, comme Maple (New York) et Sprig (San Francisco).

Et quand Bleu Apron a dévoilé, le 1er juin, son intention d’entrer à la Bourse de New York, ce qui ferait d’elle la premiere startup américaine de livraison de repas en kit cotée, elle a révélé l’Himalaya qui se dresse entre elle et la rentabilité, selon une analyse du magazine Quartz. Ses dépenses de marketing sont énormes et, si le nombre de clients augmente, ces derniers ont tendance à commander moins souvent, et à dépenser moins par commande.

Tous les entrepreneurs qui se lancent dans le créneau de la bouffe vous diront qu’il faut bien manger. Je suis d’accord. Mais il y a bien des limites à ce qu’on peut ingurgiter dans une journée. Gare à l’indigestion.

À propos de ce blogue

Julie Cailliau est éditrice adjointe et rédactrice en chef du Groupe Les Affaires, dont l’équipe de journalistes chevronnés publie le journal Les Affaires, le site lesaffaires.com et le magazine Les Affaires Plus. Elle est également présidente du conseil d’administration de la Fondation des prix pour les médias canadiens. Diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille, en France, Julie a pratiqué le métier de journaliste au sein de plusieurs publications françaises et québécoises. Dans une vie précédente, elle a œuvré à titre d’ingénieure en biotechnologies. Son « why », c’est d’apprendre et d’informer afin de nous permettre de faire les bons choix. La prise de conscience de l’urgence environnementale et l’émergence de l’entrepreneuriat social comptent pour elle parmi les tendances les plus réjouissantes actuellement.