
[Photo : Martin Flamand]
De 2001 : L'Odyssée de l'espace à Ex Machina, en passant par Terminator et The Matrix, les films de science-fiction voudraient nous faire croire que les robots finiront par prendre le dessus sur l'humanité. Je crois plutôt que l'intelligence artificielle va de pair avec l'intelligence humaine.
Un exemple proche de nous ? Les données massives guident de plus en plus les décisions des dirigeants. Mais le déploiement de l'intelligence d'affaires s'accompagne d'une autre tendance de fond : le rôle croissant des conseils d'administration dans la stratégie des entreprises. La gouvernance robotisée n'est pas pour demain. Les conseils d'administration sont composés d'êtres de chair et de sang, et ce sont eux qui éclairent le mieux la route des entreprises ; peut-être tout simplement parce que les clients de ces entreprises sont comme eux, des humains, et qu'ils sont encore les mieux placés pour les comprendre.
De la même façon, les voitures autonomes et les robots-conseillers financiers ne se substitueront pas totalement à la boussole morale et éthique des êtres humains.
En fait, l'intelligence artificielle (IA) s'alimente de celle des hommes. Elle hérite donc de notre génie comme de nos travers. L'expérience calamiteuse de Microsoft avec son robot Tay, en mars dernier, l'a montré avec éclat. Tay, un robot de conversation lancé sur Twitter, devait discuter avec de vrais humains et apprendre à leur contact. «The more you talk the smarter Tay gets.» Mais après quelques heures seulement, Tay s'est mis à publier des propos racistes et diffamatoires, reflétant toute la bêtise dont l'humanité est capable. Microsoft a fermé le compte de Tay et s'est excusée.
Ce sont les idiots derrière les robots qui ont de quoi faire peur. Pourvu qu'ils ne se retrouvent jamais aux commandes des grandes boîtes de technologies qui concentrent progressivement l'expertise en IA ! Depuis cinq ans, Google a acheté au moins 12 entreprises de ce secteur, et Apple, au moins 7, selon Bloomberg. Au total, pendant cette même période, les fusions et acquisitions en IA ont atteint 2,9 milliards de dollars américains, tandis que les investissements dans des start-up utilisant l'apprentissage machine totalisaient 6,6 G$ US.
Fait encourageant, nous avons la chance d'avoir au Québec un des trois cerveaux les plus brillants du monde en matière d'IA, Yoshua Bengio, sur notre page couverture cette semaine. Non seulement il est un éminent scientifique, mais de plus, il est animé des meilleures intentions. Il vise «des applications qui seront bénéfiques à la société», notamment dans le secteur de la santé. Les machines représentent-elles l'avenir de l'humanité ?
Julie Cailliau
Rédactrice en chef
julie.cailliau@tc.tc
Suivez Julie Cailliau sur Twitter @julie140c