Les partis politiques face aux défis environnementaux (et un absent remarqué)

Offert par Les Affaires


Édition du 15 Septembre 2018

Les partis politiques face aux défis environnementaux (et un absent remarqué)

Offert par Les Affaires


Édition du 15 Septembre 2018

[Photo : 123RF]

« Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité ». C’est le titre accrocheur d’un manifeste international publié le 3 septembre et signé par 200 artistes et scientifiques, réclamant une action urgente des gouvernements du monde entier pour sauver, peu s’en faut, la planète. Ou devrait-on plutôt dire : sauver l’humanité telle que nous la connaissons, car « la planète, elle, va continuer », même sans nous, a rappelé une des signataires, Diane Dufresne.

Cette publication a reçu beaucoup d’écho, vedettes obligent. Mais vous souvenez-vous que le Québec a son propre manifeste en matière de gouvernance environnementale ? Une déclaration, en fait. Elle est intitulée « Le climat, l’état et nous » et elle a été dévoilée en mai, après plusieurs mois de travail d’une trentaine d’éminences universitaires et d’experts d’organisations telles que l’IGOPP, le CIRANO et l’INM. Leur constat : les citoyens s’attendent à une action efficace au chapitre de l’environnement, mais « malgré les efforts considérables, les résultats ne sont pas au rendez-vous ». Pour que l’argent et le temps ne soient plus dépensés dans le vide, ils proposent donc un nouveau modèle de gouvernance, fondé sur cinq principes : pérennité, participation, coordination, rigueur, et imputabilité.

Je vous en reparle aujourd’hui, parce que ce modèle a été remis sous le nez des partis en lice pour l’élection provincial, la semaine dernière lors d’un débat à l’Institut de l’énergie Trottier.

Le Parti Québécois, la Coalition Avnir Québec et Québec Solidaire étaient représentés par un de leurs candidats, tandis que malgré l’insistance des organisateurs, le Parti Libéral n’avait trouvé personne à déléguer pour aller débattre d’environnement.

Titre de l’événement : « Peut-on espérer une action publique en environnement inspirante, rassembleuse et efficace ? » Je trouve la question splendide, empreinte d’impatience, d’inquiétude, et finalement d’un certain cynisme. (Le fait que le parti au pouvoir soit aux abonnés absents sur une telle question renforce d’ailleurs ce cynisme.)

Si on la posait à la négative, ça donnerait : « Doit-on se résoudre à la dégradation irréversible de notre habitat sur cette planète, parce qu’on n’aura tout simplement pas su s’organiser pour le préserver ? » La réponse du groupe d’experts à l’origine de la déclaration est : non, organisons-nous, et voici comment le faire.

C’est en effet notre responsabilité. Nous devons reconnaître que l’espèce humaine a une empreinte sur l’environnement dans le moindre recoin de la planète. Comme me l’expliquait fin août un dirigeant du Programme des Nations-Unis pour l’environnement basé à Montréal, l’heure n’est plus à la conservation des espaces naturels, nous devons maintenant les gérer. Un peu comme on gère les flux de trésorerie d’une entreprise pour assurer sa survie, nous devons gérer nos écosystèmes pour maintenir notre place dans l’univers.

Chers candidats, saurez-vous gouverner notre habitat naturel ?

Julie Cailliau
Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires
julie.cailliau@tc.tc

À propos de ce blogue

Julie Cailliau est éditrice adjointe et rédactrice en chef du Groupe Les Affaires, dont l’équipe de journalistes chevronnés publie le journal Les Affaires, le site lesaffaires.com et le magazine Les Affaires Plus. Elle est également présidente du conseil d’administration de la Fondation des prix pour les médias canadiens. Diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille, en France, Julie a pratiqué le métier de journaliste au sein de plusieurs publications françaises et québécoises. Dans une vie précédente, elle a œuvré à titre d’ingénieure en biotechnologies. Son « why », c’est d’apprendre et d’informer afin de nous permettre de faire les bons choix. La prise de conscience de l’urgence environnementale et l’émergence de l’entrepreneuriat social comptent pour elle parmi les tendances les plus réjouissantes actuellement.