Responsabiliser collectivement les médecins et débureaucratiser


Édition du 31 Janvier 2015

Responsabiliser collectivement les médecins et débureaucratiser


Édition du 31 Janvier 2015

L'arme du ministre est la réduction de la rémunération (jusqu'à 30 % et gérée trimestriellement) des médecins qui n'auront pas respecté leurs engagements, dont l'un sera de suivre au moins 1 000 patients. Il faudra plus de contrôles, recueillir des statistiques supplémentaires et faire des vérifications, ce qui bureaucratisera encore davantage un système qui l'est déjà beaucoup. Il faut aussi prévoir plus de litiges sur la facturation et la rémunération, donc des coûts additionnels pour les médecins et la RAMQ. Encore de l'argent de moins consacré aux soins.

Le résultat sera peut-être que des médecins travailleront davantage, mais il est certain que plusieurs seront démotivés par les nouvelles contraintes imposées. Cela pourrait même les inciter à se désengager du système public.

L'optimisation du fonctionnement de notre système de santé est incompatible avec le maintien de la rémunération à l'acte pour 80 % des soins dispensés et avec une bureaucratisation accrue. Au contraire, il faut plutôt amener les médecins à travailler davantage en équipe, les responsabiliser collectivement à l'égard de la santé de leurs patients et délaisser la rémunération à l'acte, comme le font le Kaiser Permanente, une organisation californienne, et la Cleveland Clinic, auxquelles se réfère le ministre Barrette, mais sans faire siens leurs principes et façons de faire.

Dans ces systèmes, dont l'efficacité est reconnue, les médecins sont salariés. Alors que le Kaiser Permanente donne aux médecins une prime sur la qualité des soins et la satisfaction des patients (non sur le volume), la Cleveland Clinic ne prévoit aucune prime, le salaire des médecins étant ajusté annuellement après une évaluation de leur «performance globale».

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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