Pourquoi le Québec ne vend-t-il pas plus d'électricité à l'Ontario?


Édition du 07 Mars 2015

Pourquoi le Québec ne vend-t-il pas plus d'électricité à l'Ontario?


Édition du 07 Mars 2015

À court terme, le principal défi du gouvernement est la réfection du complexe Darlington, dont les quatre réacteurs produisent 3 512 MW et doivent être rénovés au coût de 12,9 G $, ce qui comprend le coût de financement, un projet qui s'étendra de 2016 à 2026. Certains jugent cette estimation très optimiste en se fondant sur les difficultés rencontrées lors de la réfection de la centrale de Pointe-Lepreau au Nouveau-Brunswick, qui ne compte qu'un réacteur de 700 MW. Mise en service en 1983, celle-ci fut rénovée en quatre ans au coût de 3,3 G $, selon une note de service révélée par la CBC, au lieu du 1,4 G $ et des 18 mois prévus.

Le projet de réfection de la centrale Darlington fait l'objet de deux recours devant les tribunaux, l'un pour exiger une évaluation environnementale en profondeur du projet, et l'autre, pour que soit divulgué le contrat octroyé à Aecon Construction et à SNC-Lavalin, propriétaire de la technologie Candu depuis 2011, afin de vérifier les provisions pour les dépassements de coûts qu'il est possible d'anticiper.

On se souvient aussi du fiasco de l'annulation en 2011 d'un projet de centrale au gaz de 900 MW de TCE à Oakville, une aventure qui aurait coûté à la province environ 1 G $ et qui aurait provoqué le départ de Dalton McGuinty.

L'Ontario Clean Air Alliance, une coalition réunissant plus de 100 organismes sanitaires, communautaires et environnementaux, des municipalités et des sociétés, mène une bataille pour que le gouvernement ontarien étudie la possibilité d'acheter un bloc d'énergie ferme d'Hydro-Québec.

Démontrer les bienfaits d'une entente

Quand ils se sont rencontrés en août dernier, Philippe Couillard et Kathleen Wynne se sont dits favorables à un tel examen. Compte tenu du fait qu'Hydro-Québec dispose d'importants surplus et que de nouveaux sites pourraient être aménagés, alors que l'Ontario aura besoin d'environ 2 000 MW à compter de 2020, pourquoi en effet le Québec ne profiterait-il pas de cette conjoncture pour étudier sérieusement un tel projet ?

Il est aberrant que le Québec vende plus d'électricité aux États-Unis qu'aux provinces voisines. Le Nouveau-Brunswick a refusé une très bonne offre du Québec en 2010. Celle de l'Ontario sera peut-être plus ouverte. Il faudra toutefois démontrer qu'une telle entente serait réellement avantageuse pour les deux provinces. Pourquoi ne pas essayer ?

J'aime

Quatre bonnes nouvelles récentes pour Bombardier : 1. un financement de 1,1 G $ en bons de souscription, qui seront convertis en actions subalternes à un droit de vote ; 2. l'achat par les familles Bombardier et Beaudoin de 62 M $ de ces bons ; 3. le vol inaugural réussi du CS 300, le plus gros avion de la CSeries ; 4. la nomination d'Alain Bellemare, auparavant de United Technologies, au poste de chef de la direction de la société.

Je n'aime pas

Selon RBC Marchés des Capitaux, 122 sociétés mondiales intégrées et d'exploration de l'industrie des hydrocarbures ont réduit de 84 G $ US, ou de 20 %, leur budget d'investissements en 2015. Ce recul créera une pénurie d'hydrocarbures, qui se traduira éventuellement par une forte hausse des prix des produits pétroliers et gaziers.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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