Pour la première fois, le Canada compte cette année davantage d'habitants âgés de 65 ans et plus que de citoyens de moins de 15 ans. En 2035, le pays comptera plus de 10 millions de personnes âgées, qui représenteront quelque 25 % de la population, en regard de 16 % en 2015.
Ces données lourdes de conséquences viennent d'un rapport de l'Institut de recherche en politiques publiques, qui lance ainsi un appel pour la mise en oeuvre d'une stratégie nationale pour les aînés. Ce rapport est une synthèse des réflexions de 37 personnes reconnues pour leur expertise et leur expérience relativement aux enjeux liés au mode de vie et à la santé des personnes âgées.
On y signale que les personnes de 65 ans et plus sont responsables de presque la moitié des dépenses de santé au Canada, une proportion qui continuera de croître si rien ne change.
Le vieillissement de la population est un phénomène multidimensionnel. Non seulement il pèsera de plus en plus lourd sur les finances des gouvernements, mais il nous oblige à redéfinir le concept social d'âge. Avec l'accroissement de l'espérance de vie, à quel âge deviendra-t-on une vraie personne âgée, ou encore, «un aîné» selon un terme à la mode ? Et si l'on vit plus longtemps, pendant combien d'années sera-t-on à la retraite ? Combien de revenus faudra-t-il pour vivre convenablement au cours de la période de plus en plus longue qui suivra la fin de la vie active ? Selon l'actuaire en chef du Canada, une personne de 65 ans devrait vivre en moyenne jusqu'à 85 ans. De plus, 50 % des personnes qui ont 20 ans aujourd'hui atteindront 90 ans, et 20 % se rendront à 100 ans ou plus.
Non seulement ces données exigeront une adaptation du marché du travail, mais elles nécessiteront aussi de nouvelles politiques de maintien de la santé, de prévention des maladies, d'organisation des soins de santé en institution et à domicile, de soutien pour les proches aidants, de dispensation des soins palliatifs et de fin de vie et d'aide financière pour les retraités, en particulier pour les démunis. Il s'agit d'enjeux majeurs pour tous les gouvernements : le fédéral qui, malgré sa grande capacité financière, finance une part toujours moins grande du coût des soins et des services sociaux (de 50 %, il y a 60 ans, à un peu plus de 20 % actuellement) ; les provinces qui les gèrent et les distribuent ; et les municipalités qui offrent des services de proximité (loisirs, espaces publics, soutien au logement, accès aux immeubles, etc.).
L'évolution différente des structures démographiques dans les différentes régions nécessitera des approches spécifiques pour le financement des services offerts aux aînés.
Selon Statistique Canada, les populations des provinces de l'Atlantique devraient diminuer d'ici 2035, tandis que celles du Québec, de l'Ontario et des provinces de l'Ouest devraient croître de 12 %, 18 % et 29 % respectivement. Parallèlement avec ces taux de croissance, le vieillissement de la population sera plus prononcé dans les provinces de l'Atlantique, au Québec et en Colombie-Britannique que dans les autres provinces.
Ce facteur explique pourquoi le gouvernement Harper a gravement erré en établissant sur une base par habitant la contribution fédérale au financement de la santé et des services sociaux des provinces. Selon la formule établie unilatéralement par ce gouvernement, la contribution fédérale par habitant croîtra de 6 % par année jusqu'en 2017-2018 et sera ensuite ramenée au taux nominal de croissance du PIB canadien, avec un minimum de 3 % par année. Or, cette formule néglige le vieillissement, qui varie d'une province à l'autre et qui, de ce fait, influe différemment sur l'évolution de leurs coûts de santé. Alors que la population du Québec vieillit rapidement en raison de la chute de son taux de natalité, celle des provinces de l'Atlantique est victime d'un exode de sa jeune main-d'oeuvre ; quant à celle de la Colombie-Britannique, elle profite de l'intérêt des retraités pour son climat.
Formule de financement à revoir
C'est pourquoi il est justifié que les provinces demandent à Ottawa de revoir la formule de financement introduite par le gouvernement conservateur. Malheureusement, celui-ci fait la sourde oreille sur cet enjeu comme sur bien d'autres.
À l'opposé, le chef libéral, Justin Trudeau, promet de négocier un nouvel accord avec les provinces, tandis que Thomas Mulcair, du Nouveau Parti démocratique, propose de prolonger la hausse annuelle de 6 % et de consacrer d'autres sommes à des programmes jugés prioritaires.
Le vieillissement de la population interpelle tous les gouvernements du pays. Il est donc primordial que les premiers ministres des provinces exigent du prochain premier ministre fédéral qu'il s'assoie avec eux pour établir une stratégie nationale et un programme d'actions qui répondront aux multiples dimensions de ce phénomène.
J'aime
Québec a renoncé à son projet d'éliminer, en 2016-2017, l'aide de 11 millions de dollars versée pour le transport scolaire des élèves des écoles privées. Le gouvernement l'avait déjà réduite de 10 M$ en 2014-2015. Résultats : des parents retirent leurs enfants des écoles privées, qui coûtent trop cher ; certains trouvent d'autres moyens de transport, ce qui accroît le coût du transport scolaire ; le transfert des élèves vers le secteur public augmente le coût global de l'éducation pour l'État.
Je n'aime pas
Encore une fois, ce sont les actionnaires de Volkswagen qui paieront pour le scandale créé par l'installation des logiciels trompeurs sur les petites voitures diesel vendues aux États-Unis. Des dirigeants ont été suspendus avec salaire, et le chef de la direction a quitté l'entreprise avec des millions d'euros en poche, mais aucun coupable n'a encore été dévoilé.
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