Le gouvernement Legault doit faire plus et mieux dans plusieurs domaines


Édition du 12 Octobre 2022

Le gouvernement Legault doit faire plus et mieux dans plusieurs domaines


Édition du 12 Octobre 2022

Un gouvernement n’a pas à réaliser toutes ses promesses et il peut faire plus et mieux. C’est la voie que doit emprunter le nouveau gouvernement à Québec. (Photo: 123RF)

CHRONIQUE. Selon le Polimètre, une initiative de politologues de l’Université Laval, le gouvernement Legault a réalisé complètement 56% des promesses faites par son parti à l’élection de 2018. Il en a réalisé partiellement 24 % et il a oublié les autres.

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Étant donné les 251 promesses faites, c’est une bonne performance, qui se compare aux taux respectifs de réalisation de 59 % et de 22 % du gouvernement de Philippe Couillard, dont le parti avait pris 158 engagements.

Le parti qui est appelé à diriger le gouvernement n’est pas tenu de réaliser scrupuleusement sa plateforme électorale. Alors que le programme de la CAQ à l’élection de 2018 était à peu près muet sur la question environnementale, le gouvernement a pris, en cours de mandat, des décisions dignes de mention.

Première leçon à tirer de ce constat : un gouvernement n’a pas à réaliser toutes ses promesses et il peut faire plus et mieux. C’est la voie que doit emprunter le nouveau gouvernement de François Legault. Maintenant que la pandémie est derrière nous et que le gouvernement a bénéficié d’une sorte de lune de miel, il faut s’attendre à un deuxième mandat plus difficile sur le plan des attentes quant aux promesses à réaliser et à certains enjeux critiques.

 

Main-d’oeuvre et immigration

Les premiers secteurs où le gouvernement doit faire plus et mieux sont ceux de l’emploi et de l’immigration, une responsabilité qui doit être confiée à un ministre qui n’a pas de préjugé contre l’immigration et qui est capable d’en faire la promotion. Les immigrants ne sont pas seulement une richesse, comme l’a dit François Legault, mais ils sont essentiels pour contrer la pénurie de main-d’oeuvre et pour le développement de notre société. Pensons à l’apport incommensurable de centaines de milliers d’immigrants et de leurs descendants. On trouve parmi eux quantité de chercheurs de grande réputation, des entrepreneurs qui ont innové et développé des entreprises remarquables, des soignants dévoués, des ingénieurs, des artistes et des experts de renom qui font rayonner le Québec à l’international.

Il faut cesser de faire des immigrants des boucs émissaires du déclin du français. Quand on parle de déclin, il faut comprendre qu’il s’agit de la proportion de locuteurs français qui diminue et non pas de leur quantité, une distinction que des militants de la cause linguistique et des politiciens ne font pas souvent. François Legault a promis d’être le premier ministre de tous les Québécois; il faut que ses actions suivent son discours.

François Legault doit aussi cesser de se coincer avec le chiffre de 50 000 nouveaux immigrants permanents par année, qui n’est basé sur aucune étude, et qu’il a répété et répété pour obtenir les faveurs des populations frileuses quant à l’immigration. L’élection est passée. Que son gouvernement s’occupe d’améliorer les processus d’immigration et de répondre aux besoins de main-d’oeuvre des entreprises et du réseau de la santé.

On peut prendre plus d’immigrants si on s’occupe mieux de leur intégration et il se pourrait bien que cela arrive. Déjà, leur intégration économique est un grand succès. Mais ne pourrait-on pas faire plus et mieux pour vendre la culture française à notre jeunesse, qui baigne dans un univers anglophone par la musique qu’elle écoute, les médiaux sociaux qu’elle fréquente et les films qu’elle regarde?

 

D’autres défis

Le gouvernement Legault doit aussi faire mieux sur d’autres plans.

Le logement abordable et social, où les besoins sont criants, a été négligé dans la plateforme de la CAQ et les promesses de 2018 n’ont pas été réalisées faute de financement adéquat du programme AccèsLogis, dont la fin semble prévisible.

En environnement, le gouvernement veut notamment augmenter les aires protégées, promouvoir l’électrification des transports, étendre la consigne sur les contenants, réduire l’utilisation des fertilisants azotés, protéger les lacs et contrer l’érosion des berges. Mais il rejette les mesures fiscales contraignantes pour les entreprises et les consommateurs.

On promet une politique d’aménagement du territoire, mais aucun engagement n’est pris pour contrer l’étalement urbain. Les villes ont demandé 2 milliards de dollars pour mieux gérer leurs propres défis environnementaux, notamment dans le domaine de la gestion de l’eau, dont les infrastructures sont souvent très vétustes. À quand une régie de l’eau pour mieux gérer l’approvisionnement en eau potable et financer les mises à niveau des infrastructures de traitement des eaux usées ? En santé, il faut investir davantage dans les soins à domicile et la modernisation des CHSLD (les maisons des aînés coûtent trop cher). On veut ajouter 660 médecins et 3000 professionnels de la santé, ce qui veut dire recruter davantage à l’étranger et agir sur la reconnaissance des compétences.

François Legault a promis de respecter les engagements de la CAQ en matière de fiscalité. Les mesures destinées aux moins nantis sont justifiées pour alléger l’effet de la hausse des prix, mais il n’était pas nécessaire de faire profiter les plus riches des baisses des taux des deux premiers paliers d’imposition, lesquelles J’aime Les fondations des cégeps ont commencé à bénéficier de l’aide du gouvernement pour les aider à recueillir des dons pour les étudiants. Elles recevront annuellement un montant de base variant entre 15 000 $et 50 000 $et inversement proportionnel aux dons recueillis au cours des cinq dernières années, et une somme de 0,50 $à 1 $pour chaque dollar reçu, qui est également inversement proportionnelle au total des dons recueillis. Le financement, qui est copié sur celui que recevaient déjà les fondations universitaires, coûtera à l’État 5 millions de dollars (M $) cette année et 10 M $pour chacune des quatre années suivantes. À quand une mesure semblable pour les fondations des centres de service scolaires ? Je n’aime pas De plus en plus d’organismes, de sociétés et d’intervenants en immigration estiment que le projet de loi 96 sur le renforcement du français comme langue d’usage dans les entreprises de moins de seront financées en partie par une réduction des versements au Fonds des générations, ce qui est inéquitable.

François Legault a obtenu le mandat fort qu’il demandait et il a une équipe capable de faire plus et mieux que le programme qu’il nous a présenté. Souhaitons-leur de réussir.

 

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J’aime

Les fondations des cégeps ont commencé à bénéficier de l’aide du gouvernement pour les aider à recueillir des dons pour les étudiants. Elles recevront annuellement un montant de base variant entre 15 000 $ et 50 000 $ et inversement proportionnel aux dons recueillis au cours des cinq dernières années, et une somme de 0,50 $ à 1 $ pour chaque dollar reçu, qui est également inversement proportionnelle au total des dons recueillis. Le financement, qui est copié sur celui que recevaient déjà les fondations universitaires, coûtera à l’État 5 millions de dollars (M$) cette année et 10 M$ pour chacune des quatre années suivantes. À quand une mesure semblable pour les fondations des centres de service scolaires?

Je n’aime pas

De plus en plus d’organismes, de sociétés et d’intervenants en immigration estiment que le projet de loi 96 sur le renforcement du français comme langue d’usage dans les entreprises de moins de 100 employés entraînera un exode de professionnels travaillant dans des sièges sociaux de sociétés qui font affaire à l’étranger si elle n’est pas modifiée. On parle de délai indu (24 mois pour traiter un formulaire), du refus de l’OQLF de recevoir des interventions d’avocats, de l’inefficacité des comités de francisation et d’autres lourdeurs administratives. Ne dit-on pas que le mieux est parfois l’ennemi du bien?

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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