Maintenant que les élections sont à date fixe au Québec et que le prochain scrutin aura lieu le 1er octobre 2018, le gouvernement Couillard dispose de quatre ans et demi pour instituer une nouvelle façon de gouverner et s'attaquer aux enjeux les plus cruciaux en ce qui a trait au bien-être de notre société.
Premier gouvernement du Québec à bénéficier de cette marge de manoeuvre et à être majoritaire, il pourra prendre des décisions difficiles sans risquer de se faire renverser à cause d'un budget que les partis d'opposition jugeraient trop sévère.
L'un des principaux défis qu'affrontera le gouvernement sera le déficit anticipé de l'exercice en cours. Selon La Presse, celui-ci atteindrait 3,3 milliards de dollars, soit 800 millions de dollars de plus que les 2,5 G$ inscrits dans le budget mort-né du ministre Nicolas Marceau. Ce ne serait pas une grande surprise, la plupart des observateurs ayant jugé très optimistes les hypothèses de croissance contenues dans le budget présenté juste avant les élections.
Deux mois plus tard, la conjoncture politique se révèle sur un tout autre jour. Non seulement le gouvernement n'a aucun intérêt à dorer l'état des finances publiques, mais il doit s'attaquer résolument à leur redressement.
L'exercice qui vient de débuter se soldera par un déficit, le sixième en autant d'années, et c'est certain qu'il en sera ainsi l'an prochain. Et ce serait aussi le cas du suivant. Comment ne pas y voir une sorte d'impasse financière qui risque de se prolonger et qu'aucun gouvernement responsable ne peut prendre le risque de négliger ?
Ce travail requerra de la vision, du courage, de la détermination et de l'habileté politique.
Le gouvernement ne peut recourir à de nouveaux impôts et de nouvelles taxes. Les contribuables qui remplissent ces jours-ci leur déclaration de revenus constatent la lourdeur de leur fardeau fiscal. Hausser l'impôt et les taxes des citoyens accroîtrait encore l'incitation à quitter le Québec. Il n'y a pas de marge non plus du côté de nos entreprises, déjà les plus imposées au Canada. Il en va de même pour les percepteurs de taxes cachées comme la SAQ et Loto-Québec, dont les volumes d'affaires diminuent. Trop d'impôt tue l'impôt.
Par contre, il y a des possibilités du côté des tarifs pour certains usagers (principe de l'utilisateur-payeur). Des droits de scolarité plus élevés aideraient au financement des universités et au relèvement des compétences. Le projet du Parti québécois d'accroître les frais de garderie de 7 $ à 9 $ en deux ans a été bien reçu. Il faut y donner suite.