Le crédit d'impôt permanent à la rénovation est contre-indiqué


Édition du 15 Août 2015

Le crédit d'impôt permanent à la rénovation est contre-indiqué


Édition du 15 Août 2015

6. Le crédit d'impôt s'appliquerait sur des dépenses de 1 000 $ à 5 000 $, soit sur une somme maximale de 4 000 $ (les premiers 1 000 $ ne sont pas admissibles). Au taux annoncé de 15 %, cela représente une économie maximale d'impôt de 600 $ (500 $ au Québec à cause de l'abattement fiscal). Or, il n'est pas sûr que ce soit suffisant pour décourager le travail au noir.

6. Contrairement au crédit d'impôt de 2009, le crédit d'impôt envisagé ne sera pas remboursable aux personnes qui ne paient pas d'impôt, et donc inaccessible aux moins fortunés.

7. Le premier ministre a présenté cette mesure pour «soutenir les familles canadiennes», mais elle vise plutôt à mettre plus d'argent dans les poches des 69 % de ménages canadiens (61 % au Québec) qui possèdent déjà une maison ou un condo. C'est discriminatoire pour les ménages qui choisissent d'être locataires ou qui n'ont pas les moyens d'acquérir une résidence.

Le crédit d'impôt proposé vise à nouveau les contribuables productifs, soit ceux qui participent de façon sensible à la croissance de l'économie. C'était aussi le cas d'autres nouvelles mesures du gouvernement Harper, comme le fractionnement du revenu imposable des couples ayant des enfants mineurs, ainsi que l'augmentation, de 5 500 $ à 10 000 $, de la cotisation maximale annuelle au Compte d'épargne libre d'impôt (CELI), hausse qui profiterait à 20 % des contribuables seulement.

Cette approche est en lien avec la philosophie du Parti conservateur, qui démontre moins d'intérêt et d'empathie pour les personnes qui contribuent peu à la croissance économique du pays. Elle explique aussi le choix des clientèles que son parti vise, à savoir les gens d'affaires, les entrepreneurs, les investisseurs, les professionnels et les gens de métier, qui sont de bons contribuables, qui travaillent fort, qui consomment et qui n'attendent pas trop de l'État.

Souvent, ces clientèles élèvent une famille, pour qui la prestation universelle pour enfants a été accrue, et habitent les banlieues des grandes agglomérations, les villes moyennes et les régions rurales. Stephen Harper visitera souvent ces collectivités en cours de campagne.

Ce clientélisme ne faisait pas partie de la philosophie de Stephen Harper, l'économiste, avant qu'il ne se lance en politique active. Maintenant qu'il veut absolument se faire réélire, il ne répugne pas à utiliser maintes astuces pour gagner le vote d'une diversité d'électeurs.

J'aime

Alexandre Taillefer est un homme de vision. En achetant Taxi Hochelaga (500 voitures, 1 000 chauffeurs, 12 % de part de marché), il rend très crédible son engagement à faire de Montréal la championne de l'industrie du taxi électrique.

Je n'aime pas

En quelques mois, quatre sociétés d'acquisition à vocation spécifique (SAVS) établies à Toronto ont émis des actions et des unités totalisant plus de 1 milliard de dollars. Une cinquième SAVS vient d'annoncer une émission d'au moins 100 M$. Or, aucune SAVS n'a encore émergé du Québec, une indication que le dynamisme auquel on s'attend de notre industrie financière n'est pas au rendez-vous. Des titres de ces sociétés ont été vendus au Québec, ce qui signifie que des investisseurs de chez nous ont appuyé leur financement. Pour en savoir plus, lisez ma chronique du 23 juillet.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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