Il faut accroître l'efficacité de l'administration publique


Édition du 20 Septembre 2014

Il faut accroître l'efficacité de l'administration publique


Édition du 20 Septembre 2014

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, vient de rencontrer les chefs des grandes centrales syndicales pour préparer le renouvellement des conventions collectives de 430 000 employés de l'État.

«On a eu un cours d'économie 101», a dit, moqueur, Daniel Boyer, président de la FTQ. Mais ce cours leur a été donné par un économiste réputé et rigoureux. De plus, ils ont sûrement eu l'heure juste sur les finances du gouvernement, qui sont préoccupantes, ce que les chefs syndicaux devraient savoir. Les conditions sont donc réunies pour une négociation sérieuse et responsable, ce qui est possible si tout le monde y met de la bonne volonté.

En plus de son importance pour les finances publiques, cet exercice réglera aussi la rémunération des employés des secteurs public et parapublic du Québec pour au moins trois ans.

M. Coiteux a déjà indiqué que, malgré les 3,2 milliards de dollars à trouver pour équilibrer le budget de 2015-2016, il ne voulait pas geler les salaires. C'est une bonne nouvelle, puisque le gouvernement se doit d'attirer et de retenir des personnes compétentes s'il veut s'assurer de pouvoir compter sur une main-d'oeuvre de qualité et engagée.

De plus, contrairement à la rémunération globale des employés municipaux, celle des fonctionnaires est loin d'être excessive. Selon l'Institut de la statistique du Québec, la rémunération globale - salaires et avantages sociaux - des fonctionnaires est de 8,3 % inférieure à celle de l'ensemble des autres salariés québécois occupant des postes comparables. Par contre, elle est de 1,7 % supérieure à celle des salariés du secteur privé. Quant à leurs salaires, ils sont de 11,7 % inférieurs à ceux des autres salariés occupant des emplois comparables. En contrepartie, la contribution du gouvernement au financement de leurs régimes de retraite est de 6,6 % supérieure à celle des autres employeurs.

Le gouvernement se doit d'obtenir une meilleure productivité de ses employés. Il est certain qu'un grand nombre d'entre eux travaillent fort et bien (Jean Charest avait loué leurs compétences et leur dévouement lors de son discours de retrait de la vie politique), mais les conventions collectives, la sécurité d'emploi et la règle de l'ancienneté dans la gestion des promotions rendent très difficile l'optimisation du rendement dans bien des unités de travail. Les inefficacités doivent être éliminées surtout dans la santé et l'éducation, qui comptent pour 49 % et 26 % respectivement des dépenses de programmes du gouvernement.

Ces privilèges, qui n'existent à peu près pas dans le secteur privé, n'ont pas davantage de raison d'être dans l'appareil public. S'ils veulent améliorer les salaires des personnes qu'ils représentent et conserver leurs excellents régimes de retraite à prestations déterminées (qui sont très sous-capitalisés), les leaders syndicaux et leurs négociateurs doivent chercher à cibler ce qui pourrait être fait pour obtenir une meilleure productivité du travail. C'est dans l'intérêt de tous, puisque les fonctionnaires sont aussi des contribuables.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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