Harper montre son cynisme en refusant de coopérer avec l'Ontario


Édition du 22 Août 2015

Harper montre son cynisme en refusant de coopérer avec l'Ontario


Édition du 22 Août 2015

L'ORPP aura ses enjeux, mais il sera, tout compte fait, un meilleur dispositif que le régime volontaire d'épargne-retraite (RVER) du Québec, qui restera marginal en plus de coûter cher à administrer. C'est le compromis que Québec a trouvé pour plaire aux employeurs et aux gestionnaires de fonds. Ainsi, certains ne feront rien de plus pour leurs salariés, et la Caisse de dépôt et placement n'aura pas plus de fonds à gérer.

L'ORPP ressemble au RPC. Il sera mis en vigueur en quatre phases, en commençant par les entreprises de 500 salariés et plus en 2017. Suivront les entreprises de 50 à 499 salariés en 2018 et de moins de 50 salariés en 2019. Les régimes qui ne seront pas encore en phase avec l'ORPP devront l'être en 2020. Les cotisations croîtront graduellement, passant de 0,8 % des revenus pour chaque partie (employeur et employé) en 2017 à 1,9 % en 2020 et au cours des années subséquentes. Cette cotisation s'appliquerait sur tous les revenus gagnés jusqu'à 70 ans et jusqu'à concurrence de 90 000 $. Elle atteindrait alors un maximum de 3 420 $ par an pour les deux parties (90 000 $ x 1,9 % x 2). Au terme de 40 ans, le bénéficiaire aurait droit à une rente annuelle de 12 815 $ (6 410 $ si son revenu maximum a été de 45 000 $) s'il a toujours cotisé le maximum. Cette rente s'ajouterait à la pension de la Sécurité de la vieillesse et à celle du RPC.

Les employeurs qui ont un régime à prestations déterminées décent seraient exemptés, tout comme ceux qui offrent à leurs salariés un régime à cotisations déterminées qui leur permet de contribuer pour au moins 8 % de leurs revenus.

Certes, ce régime coûtera cher aux entreprises qui n'offrent pas de régime de retraite (65 % des salariés ontariens n'en sont pas pourvus). De plus, il sera vu comme de l'épargne forcée pour bien des salariés qui n'épargnent pas pour leur retraite. Mais ne faut-il pas forcer la main de certains si on veut leur éviter de vivre leurs dernières années dans la pauvreté ?

L'ORPP est la réponse de l'Ontario au fait que les gouvernements n'aient jamais pu s'entendre sur une amélioration du Régime de pensions des Canadiens. Le compromis d'ouvrir le RPC (et le Régime de rentes du Québec) à des cotisations optionnelles, qui était intervenu en 2010, a été tué par nul autre que le gouvernement Harper. Or, voilà que le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, réintroduit cette idée dans le débat. Le fait-on à dessein, pour court-circuiter le gouvernement ontarien ? Quoi qu'il en soit, c'est sûrement une idée à considérer, puisque toute la machine administrative est en place pour le faire (perception des cotisations, gestion des fonds, gestion des rentes).

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À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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