Gouvernement Couillard : l'économie doit rester la priorité


Édition du 06 Février 2016

Gouvernement Couillard : l'économie doit rester la priorité


Édition du 06 Février 2016

Le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, avait impressionné l'électorat en recrutant les candidats Carlos Leitao, Martin Coiteux et Jacques Daoust lors des élections générales d'avril 2014.

Ce trio, une fois élu, s'est avéré un atout pour son gouvernement, mais M. Couillard se devait de donner un nouvel élan à sa grande priorité, le développement économique.

L'arrivée de Dominique Anglade au ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation répond à ce besoin, mais ce n'est pas elle qui fera monter le prix des matières premières et qui créera des emplois. Toutefois, en réunissant sous sa gouverne le développement économique, la science et l'innovation, avec le mandat d'élaborer une stratégie numérique, Dominique Anglade devrait aider à renforcer notre écosystème d'innovation. Celui-ci est essentiel au développement et à la croissance de l'entrepreneuriat technologique ainsi qu'à l'amélioration de la compétitivité de nos entreprises.

Pour ce faire, elle devra rapprocher davantage les universités et les entreprises de façon à ce que les chercheurs et les entrepreneurs voient l'intérêt de développer ensemble de nouvelles applications dans les technologies de l'information et des communications, les sciences de la vie et l'environnement. Non seulement ces technologies permettent-elles de créer des emplois de qualité, mais elles sont des vecteurs essentiels pour accroître notre attractivité en matière d'investissement étranger et d'immigration. Ingénieure et MBA, Dominique Anglade a travaillé pour de grandes sociétés et a fait la promotion de l'investissement étranger au Québec.

De l'expérience à l'Éducation

La nomination de Pierre Moreau à l'Éducation est aussi une bonne décision. Troisième titulaire de ce ministère clé en 22 mois, ce politicien expérimenté devra donner une vision à la mission éducative de son gouvernement. Son prédécesseur, François Blais, a consacré ses énergies dans une réforme très discutable des commissions scolaires. Ce dont nous avons surtout besoin, c'est améliorer la réussite des enfants, leur donner le meilleur enseignement possible et s'assurer de bien encadrer leur apprentissage. Pour cela, il faut des enseignants qualifiés et motivés. C'est à un tel plan d'action que le ministre devrait consacrer ses énergies.

François Blais est retourné à son ancien ministère, où il aura à défendre le projet de loi sur la réforme de l'aide sociale et où il étudiera la possibilité d'instaurer un revenu minimum garanti, un concept idéaliste des années 1970, qui est resté au stade de l'expérimentation. Étonnant !

Un beau défi pour Martin Coiteux

Martin Coiteux a été l'un des meilleurs ministres du gouvernement Couillard. Excellent communicateur, il a aussi montré ses talents d'administrateur et de négociateur. À titre de ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, il aura l'occasion de négocier avec des maires ambitieux, assoiffés d'obtenir de nouveaux pouvoirs. Il devra se pencher sur la possibilité de fusionner les ministères des Affaires municipales et de la Sécurité publique, dont il est également titulaire, afin d'en faire un ministère de l'Intérieur, un enjeu dont la finalité n'est pas évidente. S'il réussit, il pourra envisager des défis encore plus importants.

Exploration des hydrocarbures : une position claire

Jacques Daoust avait, semble-t-il, un intérêt limité pour les nouvelles technologies et l'innovation. Il devra toutefois relever d'importants défis au ministère des Transports, un secteur qui ne lui est pas familier : gérer des contrats de construction, dont l'exécution est toujours difficile ; faire adopter un projet de loi sur la réorganisation et la gouvernance du transport collectif dans la région de Montréal ; revoir le Code de la sécurité routière ; régler le dossier d'Uber X ; travailler à l'électrification des transports ; suivre le projet de train léger sur rail de la Caisse de dépôt qui doit relier Brossard et l'aéroport Trudeau via le pont Champlain ; finaliser l'investissement de 1,3 milliard de dollars dans le CSeries.

Pierre Arcand, une valeur sûre, présentera une nouvelle politique de l'énergie. Mais il doit surtout clarifier la position de son gouvernement sur l'exploration d'hydrocarbures à l'île d'Anticosti, lieu que M. Couillard a présenté comme un milieu naturel à préserver. Cette vision est incompatible avec les demandes de permis pour trois forages, une affaire de 45 millions de dollars, dont les résultats seront insuffisants pour prouver quoi que ce soit de solide, le prix du gaz naturel ne permettant pas d'entrevoir de rentabilité.

Ce remaniement n'est pas qu'un simple brassage de cartes. Il répond à des besoins d'optimisation de la gouvernance de l'État. De plus, il envoie le signal que le gouvernement veut faire plus et mieux pour l'économie et l'emploi, ainsi que faire oublier les effets des réductions des dépenses dans la santé, les services sociaux et l'éducation, où il y a lieu de desserrer l'étau budgétaire.

Il est étonnant toutefois de voir passer le nombre de ministres de 25 à 28, alors que la rigueur budgétaire reste à l'ordre du jour. Ainsi, la rétrogradation de Robert Poëti s'explique mal, et il est déplorable que certaines nominations aient été faites à des fins purement politiques.

J'aime

À l'instar de l'Union européenne, le Canada éliminera ses sanctions économiques contre l'Iran. Cela permettra à des sociétés comme Bombardier d'y exporter ses produits. Airbus, une rivale de l'avionneur montréalais, vient d'y vendre 118 avions, une commande qui pourrait atteindre 25 milliards de dollars américains.

Je n'aime pas

Le projet de loi 87 du gouvernement du Québec sur les lanceurs d'alerte dans le secteur public risque d'être un échec, parce qu'il ne vise pas le secteur privé et les municipalités. Cette hypothèse est partagée par François Beaudry, ingénieur retraité du ministère des Transports, à qui s'était confié un lanceur d'alertes sur des contrats arrangés de la Ville de Laval, et par Ken Pereira, dénonciateur de plusieurs malversations à la FTQ-Construction. M. Pereira est boycotté depuis cinq ans dans l'industrie québécoise de la construction.

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À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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